Monsieur Batignole

L’occupation allemande est une période largement défrichée et codée par le cinéma mondial. Aussi, quand, au tout début de la préparation nous parlions avec Gérard Jugnot de l’aspect visuel du film, étions-nous encore dans des références plus cinématographiques que réelles.

Gérard Jugnot que l’époque passionne depuis longtemps avait le souci de faire un film très exact, sans clichés approximatifs. De son côté Hervé Ruet, l’assistant de Jugnot avait créé ce qu’il appelait "la boîte à chaussures" : une petite caisse dans laquelle il empilait jour après jour des coupures de journaux, des photos et des documents d’époque. Enfin, au même moment, France 2 diffusait trois heures de montage de documents d’époque filmés, en couleur, côté allemand (avec les premières Agfa 16 mm) et côté français (avec la Kodacolor) et distribuait la cassette que nous nous sommes empressés d’acheter et de visionner régulièrement.

Tout cela nous a fait réviser considérablement nos premières intentions (désaturation, tonalités froides... etc...) : sur les documents que nous avions, juillet 42 à Paris, c’était d’abord et bien sûr l’été. Un été "presque" comme tous les autres, ensoleillé et coloré : les femmes portaient des tenues légères et gaies (la mode était visiblement au rouge) même si elles arboraient l’étoile jaune, les terrasses de café étaient bondées et les fanfares de l’armée allemande jouaient aux coins de rues vierges de véhicules.

Nous avons donc décidé d’opter pour une image très naturaliste, de respecter les couleurs franches des costumes de Martine Rapin, la tonalité chaude des ampoules électriques plutôt chiches de l’époque, le brillant soleil des avenues parisiennes et les nuits très noires du black-out. Le récit déroulant les pérégrinations du personnage principal et de trois petits enfants juifs vers la frontière Suisse, j’ai essayé de laisser éclater la lumière en jouant des surexpositions solaires à mesure que le film se rapprochait de son terme, de la campagne franc-comtoise et de la liberté.

Reconnaissance éternelle à mes proches collaborateurs : Patrick Rebatel, chef électricien et son équipe, Robert Patzelt, 1er assistant, Nicolas Herdt, cadreur.
Reconnaissance du cœur (et du ventre !) à Gérard Jugnot, l’homme si vivant. »

Équipe

1er assistant opérateur : Robert Patzelt
cadreur : Nicolas Herdt,
Etalonnage Matthieu Marsan-Bacheré

Technique

Caméras Arriflex 535 et BL IV Evolution
Objectifs anamorphiques Hawks compacts et série V (Iris caméra)
Pellicules Kodak 5248 et 5284
Laboratoires Eclair