La texture de l’image numérique (suite)

Munich, Oslo et la frontière entre artistique et technique

Par Philippe Ros, AFC

par Philippe Ros La Lettre AFC n°256

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Deux importantes nouvelles pour tous ceux qui s’intéressent à la texture de l’image numérique. A commencer par le compte rendu d’un atelier qui s’est déroulé à Munich chez Arri le 13 juillet 2015 et l’annonce d’une conférence à Oslo. Cet atelier et cette conférence ont en commun le cinéma numérique et, plus particulièrement, la structure de l’image issue des caméras numériques.

Atelier à Munich
Le 13 juillet, j’ai été invité à cet atelier grâce à Rolf Coulanges, BVK, délégué du Comité Technique d’Imago. Cette rencontre était organisée par Harald Brendel, Ingénieur Principal des Sciences de l’Image, et Henning Radlein, Responsable des Solutions de Chaîne Numérique.
Le but de cette rencontre était de nous montrer les développements et les essais de ces nouveaux éléments :
- Les Algorithmes de déBayerisation pour l’enregistrement interne de l’Alexa et de l’Amira et pour la gestion du RAW en postproduction
- Les paramètres de réduction de bruit pour l’Amira
- Les paramétrages de piqué et de résolution.

Ce rapport est destiné à tous ceux qui s’intéressent à la dramaturgie de l’image, en passant par les cinéastes, les directeurs de la photo, les équipes caméra, les coloristes et les responsables de la postproduction. Ce rapport concerne la déBayerision et le niveau de bruit de l’Alexa et de l’Amira.
Mais il enrobe en fait un sujet beaucoup plus vaste : la connaissance et le contrôle de nos outils.
Via ce lien ci-dessous, vous trouverez le moyen de télécharger le rapport complet sur cet atelier.

Atelier Arri à Munich du 13 juillet 2015 - Compte rendu
Philippe Ros, AFC, et Rolf Coulanges, BVK, délégué d’Imago

Rolf travaille actuellement en Haïti et il m’a envoyé ce courriel après avoir reçu la troisième version du compte rendu :
« J’approuve complétement ton rapport, je vais préparer mes réponses pour une discussion plus détaillée à Oslo.
Ma liste de questions pour le débat ouvert est quelque peu différente du sujet du rapport : Transparence (pour la peau), Présence des détails (même avec moins de piqué, Douceur ou meilleure Délicatesse / Satiné (supportant la Présence) et Le caractère vivant du matériel visuel. Je les garderai pour la discussion ».
Ces sujets très pointus, mais qui nous concernent tous, seront débattus à Oslo et me donnent l’opportunité de parler de l’ODCC (voir ci-dessous).

ODCC - Oslo Digital Cinema Conference

Paul-René Roestad FNF, est en charge d’organiser cette conférence qui rassemble tous les deux ans des professionnels du monde entier autour du cinéma numérique, avec le concours d’Imago, de la FNF (Association norvégienne des directeurs de la photo) de l’Institut du Film Norvégien et du Fond Norvégien pour le Cinéma et la TV.
Cet événement rassemblera entre le 30 octobre et le 1er novembre de nombreuses conférences, débats et projections (dont les essais d’Arri décrits précédemment) sur toutes les nouveautés et les problématiques du cinéma numérique.
Paul-René m’a demandé d’organiser une conférence ("panel") autour du sujet du contrôle des caméras. Voici son titre en anglais : ’’Creative Cinematography and Camera Control’’.
Vous trouverez la description de la conférence et la liste de tous les participants sur le Flyer en pièce ci-jointe.

Programme de la Conférence d’Oslo

La frontière entre artistique et technique
On sait bien qu’il y a un style d’image par constructeur mais ce que l’on sait moins, c’est que ces constructeurs commencent à offrir de plus en plus de possibilités pour que nous, directeurs de la photo, puissions gérer le rendu que nous voulons.
Nous avons, pour la plupart, connu le contrôle de l’acidité des bains ou du temps de développement. Les possibilités de cette gestion de la chimie étaient souvent réservées à une élite ou à des laboratoires passionnés. Dans le monde numérique, ces possibilités se sont démocratisées et multipliées, presque à l’infini, grâce aux mathématiques.
Nous pouvons du coup interpréter de plus en plus la structure de cette image par rapport au script et aux volontés du réalisateur.
C’est pourquoi cet article me semble difficilement classable dans une rubrique uniquement technique (chez les ‘’techies’’)
Il est vrai qu’il y a encore une distinction entre artiste et technicien dans notre métier. Comment peut-on être l’un sans l’autre lorsque l’on est directeur de la photo ? Curieuse dichotomie, comme si mettre la main dans le cambouis ou être impliqué dans des problématiques techniques étaient des actions triviales ou incompatibles avec les interrogations artistiques.

Il me semble quand même que cette opposition artistique / technique s’estompe peu à peu et qu’il serait dommage de laisser nos choix et décisions uniquement aux ingénieurs des fabricants d’outils pour notre métier. Ces ingénieurs sont aujourd’hui demandeurs d’avis et de suggestions sur leurs travaux, profitons en pour travailler ensemble sur la gestion de ces outils qui nous permettent de nous réapproprier l’image.

C’est pourquoi la réunion chez Arri m’a semblé si prometteuse et que la décision de l’AFC d’y envoyer un directeur de la photo était importante. De même, il me paraît important qu’une délégation de l’AFC soit présente à la conférence d’Oslo.