Ni pour, ni contre (bien au contraire)

« J’aurais préféré répondre de vive voix à vos questions ; veuillez excuser mon absence.
Que dire ?
Je ne crois pas à ces petits paragraphes qui ne peuvent qu’être, au mieux réducteurs, au pire simplistes vis-à-vis de notre travail d’opérateur. Nous utilisons tous les mêmes émulsions, les mêmes objectifs... L’image d’un film résulte donc de notre personnalité, de notre culture de l’image et comme le résume Antonioni de « ce que nous sommes et l’état de notre pensée au moment où nous faisons le film. »

"Ni pour ni contre" s’inscrit dans la continuité d’"Amélie Poulain" et de "The Cat’s Meow" de Peter Bogdanovich, en cela qu’il s’agit d’une même recherche sur la couleur, les densités et les contrastes de l’image, sur l’esthétique d’un film.
Sur ces trois films, j’ai filtré à la caméra et gélatiné les projecteurs d’où l’utilisation d’émulsions sensibles (5279 et 5246). "Amélie" ne se déroulait que dans une ambiance "doré-jaune-vert", j’ai cherché sur "Ni pour ni contre" à alterner les ambiances pour aller jusqu’à une forme de "monochromatisme". Il s’agissait pour moi de densifier le film au cours de la progression de l’histoire et de faire en sorte que ces personnages deviennent des ombres, des silhouettes, que leur visage soit la seule partie claire de l’image.

Je n’ai pu, comme je le souhaitais, étalonner numériquement le film. Vous verrez donc ce soir une copie étalonnée de manière classique et tirée sur Kodak Vision.

Je tiens à remercier l’équipe qui a bien voulu travailler avec moi : Michel Sabourdy (chef électro) et ses cousins, Bruno Dubet (chef machiniste) et ses collègues, Berto (cadreur), Eric Vallée, Julien Bullat et Caroline Massicart (assistants caméra), je vous les recommande tous... Et Béatrice Mizrahi qui m’a remplacé sur la séquence à Miami.

Et enfin merci à Olivier Chiavassa pour son soutien et bien sûr Yvan Lucas et Fabien pour ce très bel étalonnage. »