Notre travail à La fémis

par Jean-Jacques Bouhon et Pierre-William Glenn

par Pierre-William Glenn La Lettre AFC n°147

Au début de l’année 2005, nous avons repris la direction du département Image de l’école de cinéma la plus prestigieuse à la suite d’Alain Monclin et de Pierre Novion.
L’histoire est longue des liens de notre association avec les écoles publiques de cinéma puisqu’une majorité des membres de l’AFC est sortie soit de l’ENS Louis-Lumière (surnommée autrefois " Vaugirard ") ou de l’IDHEC (ancêtre de l’actuelle Fémis).

L’histoire fait aussi coïncider notre déménagement rue Francœur à côté des anciens Studios Pathé où est domiciliée l’école avec un développement qualitatif et quantitatif de l’AFC.
Il y a pour nombre d’entre nous beaucoup d’heureux souvenirs associés aux réunions dans le pavillon du Studio que nous rejoignions par une passerelle, à côté du studio où nous avons tenu notre premier " Salon Bidouilles ". Nous y échangions nos méthodes, nos " trucs " de directeur photo, dans un cadre qui est devenu... un évènement incontournable de notre industrie et des partenaires de l’AFC : le Micro Salon.
S’il y a un véritable plaisir à mesurer le chemin parcouru depuis notre installation dans notre sympathique local actuel, fourmillant d’activités sous la houlette de Nathalie, ce n’est pas seulement en raison du plaisir d’avoir travaillé ensemble à des travaux de peinture, d’aménagement des sols, des rayonnages et à l’installation d’un système informatique performant : la proximité de l’école, les projections mensuelles que nous y avons faites, les rapports qui se sont noués avec Alain Auclaire ont créé un lieu de rencontres et d’échanges qui s’est renforcé avec les années et l’arrivée de Marc Nicolas. Un rapide examen des intervenants de notre département (dont nous avons le choix), fait apparaître une majorité de membres de l’AFC.

Dans les curriculums vitae des élèves Image de la 16e promotion, on peut constater que le cursus de 4 ans d’études, sanctionné par un exigeant TFE (Travaux de fin d’études, qui est un mémoire écrit, illustré par un court métrage en 35 mm) a vu les élèves opérateurs côtoyer, au gré de leurs divers travaux et études :
Ricardo Aronovitch, Yorgos Arvanitis, Diane Baratier, Jean-Jacques Bouhon, Caroline Champetier, Jean-Noël Ferragut, Jean-Michel Humeau, Dominique Gentil, Willy Kurant, Dominique Le Rigoleur, William Lubtchansky, Armand Marco, Pierre Novion, Bruno Nuytten, Mathieu Poirot-Delpech, Jean-Pierre Sauvaire, Carlo Varini, liste non-exhaustive pour les directeurs photo, à laquelle il faut ajouter des exercices pratiques, pour le cadre avec Berto, Arthur Cloquet et Patrick Deranter (Steadicam). Nous précisons à partir de cette année le programme d’études autour de l’assistant de prise de vues : aussi doués soient-ils, nos étudiants sortiront de l’école diplômés, sans réelle probabilité d’exercer immédiatement le métier de directeur de la photographie sur des films, mais seront plutôt des stagiaires puis des assistants, avant de grimper dans la hiérarchie de l’équipe de prise de vues. Nous pensons qu’il faut impérativement leur donner la possibilité et les moyens de rentrer dans cette réalité de notre métier et nous nous sommes attelés à cette tâche prioritairement.

Nous avons renforcé l’aspect théorique et technique en obtenant la collaboration de Pascal Martin, déjà professeur à Louis Lumière, pour les cours d’optique appliquée, nous avons sollicité Michel Galtier, lui aussi intervenant à Louis-Lumière, pour les cours de formation à l’assistanat ; nous avons la collaboration suivie d’Alain Gauthier, consultant AFC, pour la technologie des caméras, celle Jean-Louis Fournier pour la sensitométrie, de Mathieu Sintas de la CST, auquel nous essaierons d’adjoindre Franck Montagné, pour la vidéo numérique, de François Chenivesse pour la technologie des sources lumineuses ; Marc Salomon, membre consultant de l’AFC, est chargé l’enseignement de notre histoire (celle des directeurs de la photo), Claude Bailblé (dont nous essaierons de publier les cours) de l’analyse de la perception ; enfin Françoise Monnin a inauguré un cours d’histoire de l’Art (mais aussi de la lumière dans l’histoire de l’Art), qui " lie " très systématiquement théorie et visite de musées sur les sujets traités.)

Nous avons pu initier cette année un stage d’étalonnage numérique aux Laboratoires Eclair, une formation HD est à l’étude avec Philippe Ros et Frank Montagné... Si l’on ajoute une formation Photoshop, une future approche documentaire encadrée par Jimmy Glasberg, un exercice d’effets spéciaux sophistiqué encadré par l’EST et Christian Guillon, on peut estimer que nos élèves recevront une formation valable, d’autant plus que ce qui précède n’est pas un énoncé exhaustif du programme que nous essaierons de rationaliser avec les trois responsables de cycle de l’école, qui sont Caroline Fanier, Anne Le Gonidec et Colette Batifoulier pendant les trois prochaines années de notre présence à l’école. Cette présence sera limitée à cette durée pour éviter tous les dangers de sclérose, de " fonctionnarisation " et de mandarinat...

Tout ce qui précède pour expliquer que nous essayons de donner aux élèves de la FEMIS tout ce qui nous aurions souhaité trouver dans le cadre de l’enseignement de nos écoles respectives... il y a longtemps... Avec une liaison avec les « professionnels de la profession » que nous avons pu assurer tout au long de l’année 2005. Nous remercions pour leur aide et leur disponibilité les laboratoires Eclair et Cinédia, Transpalux et Didier Diaz, Panavision, Alain Coiffier et Alain Gauthier (à travers Technovision, puis Bogard aujourd’hui), Kodak et Christian Lurin et Nathalie Cikalovski, Car-Grip et Charles Lakenal. Nous pensons avoir convaincu ces partenaires de l’AFC du bien-fondé de la liaison AFC-Fémis, ainsi que de sa qualité et de ses potentialités.

Cette mixité a permis cette année l’intégration, relativement facilement, des élèves de notre département à des stages de formation qui vont en faire, à court terme, des assistants recherchés. Nous avons en effet une satisfaction unanime des directeurs de la photographie qui ont fait travailler les étudiants de la fémis sur leurs films (satisfaction réciproque au vu des rapports de stage des élèves).

La formation sur le KLMS des étudiants de 2B (3e année d’études) va être renforcée par la mise à disposition de l’école d’une unité par Kodak et gageons qu’à moyen terme, le renforcement du lien, vital, de La fémis avec la profession cinématographique remplira notre attente : il serait logique et juste qu’après la sélection impitoyable du concours d’entrée, après plusieurs années d’une initiation réaliste liant théorie et pratique, les élèves Image de la fémis gagnent le privilège d’être prioritaires dans nos équipes techniques, en ayant acquis la meilleure formation possible pour l’exercice d’un métier d’art.

Nous traiterons une autre fois des confusions entretenues sur les artistes et sur l’art du cinéma sans technique auxquelles nous sommes parfois confrontés mais ce long préambule visait à vous présenter les élèves diplômés de la 16e promotion pour le département Image. Nous devons ajouter que Samuel Collardey, Stéphane Raymond et Myriam Oudin ont obtenu les félicitations unanimes du Jury. Nous vous avons communiqué leurs coordonnées dans la dernière Lettre ; leurs curriculums vitae sont disponibles à l’AFC et dans notre bureau à La fémis.
Il ne s’agit pas pour nous, dans ce texte de nous accorder un satisfecit, mais de susciter chez nos membres le plus vif intérêt pour une participation active aux travaux de l’école et pour des rencontres avec les élèves.
A bientôt pour des informations suivies sur notre relation avec la fémis et les évènements que nous essaierons d’y initier.