Panavision-Alga : l’image, une aventure

par Alain Coiffier

par Panavision Alga La Lettre AFC n°146

Deux ans presque déjà que j’occupe mes nouvelles fonctions, chez Panavision France c’est-à-dire chez Alga, Technovision, Lumière, Cinecam, ainsi que le contrôle de notre nouvel agent à Madrid et à Lisbonne : EPC.
Certains des adhérents de l’AFC m’ont connu stagiaire, puis directeur de production, d’autres producteur de films publicitaires et directeur de laboratoire durant ma période " espagnole ", et puis me voilà aujourd’hui de retour à Paris et dans Alga, créé par l’ami Albert Viguier il y a... 54 ans.

Le fil de cette aventure, c’est l’image.
L’image qui nous passionne tous et que nous devons tous défendre, aujourd’hui encore plus qu’hier...
J’étais très ému, croyez-moi quand Bob Beitcher, président de Panavision, me proposa cette mission.
Bob Beitcher et moi avions sympathisé déjà du temps de la WMPLA, l’association qui regroupait les principaux laboratoires indépendants Eclair en France, CFI à Los Angeles, Covitec à Montréal, Atlab à Sidney, Barandov à Prague, et... Madrid Film en Espagne).
Il dirigeait alors CFI, acquis depuis par Technicolor... qui à son tour a acquis Covitec, puis... Madrid Film.

Alga, c’est toute une légende !
Pour la petite histoire, c’est recalé à l’oral de l’IDHEC section prise de vues (5e pour 4 admis !!) qu’a débuté mon parcours dans le cinéma.
Albert Viguier, lui, m’avait connu régisseur adjoint, quand je travaillais sur Nous n’irons plus au bois mis en scène par Georges Dumoulin et photographié par Alain Derobe, en 1968.
Puis, devenu directeur de production, nous nous voyions régulièrement.
Avec Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat, nous avions fait le premier film français en Panavision sphérique (avec Luciano Tovoli).
Le contrat était en anglais, Albert m’avait dit : « On le ne traduit pas, c’est trop compliqué, ils veulent ça, sinon ils n’envoient pas le matériel ; tu signes et après on s’arrange... ».
Après il y eut tous les films produits par Claude Berri et Jean-Pierre Rassam, les films de Jean Yanne (Jean Boffety), de Jean-Luc Godard (Armand Marco), de Robert Bresson (Pasqualino De Santis)... Et bien d’autres, dont j’assurais la production exécutive.
Tous chez Alga, évidemment !
Sauf un : La Grande bouffe ! Marco Ferreri et Mario Vulpiani voulaient que nous travaillions avec Technovision et c’était Claude Chevereau à l’époque qui représentait Techno !

Et puis ce fut l’Espagne en 1980 après un bref passage chez Hamster. 2 ans.
Pierre Grimblat m’avait envoyé à Madrid créer une filiale qu’il devait abandonner un an après que nous l’ayons fondée.
11 ans de films publicitaires et quelques longs métrages, espagnols et français, photographiés par Robert Fraisse, Philippe Welt, Richard Suzuki, Jean-Pierre Sauvaire, Jimmy Glasberg, Robby Muller, Pierre Villemin, Bruno de Keyser, Bernard Lutic, Ricardo Aranovich, Peter Suchistky... et bien d’autres.
J’ai toujours eu le goût, la passion, de la photographie.
Je crois avoir toujours su le prouver dans mes rapports avec les opérateurs et c’est ce qui m’a le plus motivé dans ces années de publicité.
Ensuite, toujours à Madrid, 12 ans à la tête de Madrid Film, le labo qui devint rapidement le lieu de passage pour tous les films importants en langue espagnole et où je rencontrais aussi, Teo Escamilla, Gérard de Battista, Michel Abramowicz, Xavi Giménez, David Carretero, Denis Lenoir, les films d’Almodovar (Alfredo Mayo, Affonso Beato, Jose Luis Alcaine), ceux de Julio Medem (Kiko de la Rica), d’Alejandro Amenábar (Javier Aguirresarobe), de Carlos Saura (Vittorio Storaro, Jose Luis Lopez Linares)...
Là encore mes penchants pour l’image ne furent pas superflus...
Je suis moi-même photographe.
Avant de retrouver Paris.

Aujourd’hui , chez Panavision, nous avons des défis importants :

Accompagner le changement technologique
De l’argentique... au numérique... en passant par " l’hybride " comme on dit. Comme j’avais dû le conduire déjà dans le laboratoire à Madrid.
Au début de la vidéo , les prestataires caméra avaient agi comme les laboratoires :
Ouverture d’un département vidéo avec des techniciens spécifiques et cloisonnés du reste de l’activité.
Aujourd’hui, on doit fusionner les deux. C’est indispensable.
On ne peut pas avoir d’un côté des techniciens film jaloux de leur prestige et de leur histoire qui pourraient se retrouver sur un segment en déclin et de l’autre des " vidéo-électroniciens ", des " ingénieurs en image numérique " débordés par la croissance d’un secteur nouveau qui cannibaliserait l’ancien, et dont le manque de clarté actuelle pourrait frustrer le talent de nos opérateurs.
On a besoin de leurs talents, de leurs expériences et de leurs connaissances de l’image, à tous .
Il faut ajouter à cela que les mêmes projets de films , lorsqu’ils démarrent, se présentent aujourd’hui , un jour en négatif traditionnel (en Super 16 ou en 35 mm), un autre en vidéo ou en numérique pour des raisons techniques ou financières, pour se terminer très souvent sur le mode hybride, partie 16 mm , partie 35 mm , partie numérique, le laboratoire et les postproducteurs se chargeant d’assembler, de monter et d’étalonner le " patchwork " final.
Nos techniciens doivent conceptualiser l’ensemble et pouvoir conduire de leurs conseils l’adoption de la formule finale la mieux adaptée dans chaque cas, pour ce qui nous incombe : le choix de la caméra et des optiques. Grâce à leur expérience et à leur savoir-faire sur l’ensemble des équipements disponibles sur le marché.
Sans reléguer, bien sûr, les caméras argentiques - analogiques - qui tourneront longtemps encore grâce à la qualité des procédés de report.
Sans oublier que le meilleur master de sécurité, le plus durable et le moins cher, est toujours le film.
Nos filiales se sont adaptées progressivement à toutes ces nouvelles techniques de captation des images et nous participons activement à la formation des équipes de tournage sur toutes ces nouvelles possibilités qui s’ajoutent aux matériels classiques.
Là aussi comme dans les laboratoires.
Et j’insiste encore : avec les caméras numériques, une étroite collaboration est absolument indispensable entre les techniciens du prestataire et ceux du laboratoire de postproduction, pour respecter scrupuleusement les options choisies par l’opérateur jusqu’à la copie finale.
Chaque opérateur et chaque film introduisent leurs problématiques spécifiques, une nouvelle équation à résoudre en créant une chaîne complète entre la caméra, les optiques, le support, le labo et le postproducteur.
La qualité de l’image, celle qui a été voulu par le directeur de la photo et celle qui sera offerte au spectateur, doit être la même, toujours, la meilleure.
C’est notre enjeu à tous et il est à ce prix.

Constituer entre Alga, Technovision et Cinecam la meilleure offre de caméras en France tout en respectant la personnalité, l’histoire et les atouts propres de chacune des trois entreprises
Les différents actionnaires qui se sont succédé au fil des années dans les sociétés du groupe présentes aujourd’hui à Paris ont toujours su conserver et consolider leur image et leur tradition.
Il n’est pas question de l’oublier ou de l’effacer.
C’est dans cet esprit que Natasza Chroscicki et Technovision ont été accueillis dans la famille Panavision.
Malgré une année préoccupante au niveau de la production en France, toutes nos filiales ont assumé au cours des derniers mois des investissements lourds, tant en caméras et optiques " classiques " qu’en matériel HD et numérique.
C’est dans cet esprit qu’a été conçue et réalisée la reprise de Technovision.
Devant la diversité des techniques et des équipements demandés, il devient chaque jour plus difficile pour une structure d’échelle limitée d’offrir l’ensemble des matériels existants.
C’est ce qu’on reproche à certains fabricants - de ne pouvoir recommander que ce qu’ils proposent eux-mêmes - et c’est ce qu’Alga n’a jamais fait.

Réinstaller sur un site et dans un cadre adapté à ces changements chacune de nos filiales
Alga et Technovision vont fusionner et déménager ensemble dès le mois d’octobre pour se regrouper sur le site des Magasins Généraux de Paris à la porte de la Chapelle (EMGP).
L’espace que nous sommes en train d’aménager sera plus convivial, les différents matériels, Panavision, Aaton, Arri, Sony, Canon, Moviecam, etc. seront regroupés dans un planning commun.
Comme je le disais plus haut, notre secteur est en pleine évolution.
Notre panorama a beaucoup changé et cela brutalement.
Compte tenu de la diversité des matériels et des incertitudes persistant jusqu’au dernier moment sur les choix finaux dans bien des préparations de films, ce regroupement est aujourd’hui indispensable.
Les talents respectifs des équipes d’Alga et de Technovision seront conjugués.
La qualité du matériel, de la maintenance et du service, le suivi et l’attention à la clientèle feront l’objet de missions spécifiques afin de préserver les goûts, les tendances et les habitudes de tous nos clients.
Cinecam restera pour le moment sur le site de Gennevilliers et ses rapports avec Transpalux et Car-Grip seront resserrés pour améliorer l’offre commune que ces trois structures offrent aux équipes de fiction télévision depuis maintenant plus de 10 ans.
Avec ces partenaires, un service unique sera proposé au sein d’une nouvelle structure : TV Movie Service, réunissant le matériel caméra, la lumière, le " grip " et le transport.
L’image de Cinecam et ses prestations sont aussi profondément remodelées avec l’incorporation des caméras Haute Définition.
En même temps que Transpalux, Panavision-Cinecam rejoindra le site de la Cité du Cinéma de Luc Besson lorsque ce grand projet sera achevé.
Parallèlement, Panavision-Lumière, structure spécialisée dans les matériels d’éclairages dynamiques à usage des musées, galeries d’art et salles de spectacles qui occupait les anciens locaux de Chevereau, 20 rue de la Chine, s’installera aussi dès le mois d’octobre prochain sur le site des Magasins Généraux.

Lancer sur le marché français la Genesis
C’est la première caméra numérique en service qui accepte les optiques 35 mm classiques et dont la définition, le chromatisme et l’ensemble des fonctions se rapprochent le plus de ce qui est le plus familier à tous les opérateurs.
La France a été particulièrement privilégiée dans ce lancement, comme vous avez pu le constater au cours de cette année et au fil des présentations que nous avons organisées avec la présence de Bob Beitcher, notre président, et de nos ingénieurs, marquant l’intérêt particulier de Panavision pour notre " savoir-faire " et notre " exception ".
Alga est le centre, le " hub " européen de notre groupe, pour la HD.
Nos techniciens, avec le concours de Sony France, préparent et assurent la maintenance de tout le parc européen HD de Panavision.

Nos ambitions à tous sont de contribuer comme toujours depuis 54 ans - et mieux encore si possible ! - à apporter la meilleure qualité d’image et les meilleurs services à tous les professionnels, selon les besoins de chacun.
Les grands films et les petits films, les courts métrages comme les fictions et les documentaires. Nous sommes au service de tous.
Etre aux côtés des techniciens de l’image et leur apporter les équipements les plus prestigieux.
Au meilleur prix bien sûr. N’oublions pas nos producteurs ! »
Alain Coiffier