Phil Radin, un esprit généreux, un désir de bien faire

Par Bob Beitcher
Aucun de nous ne s’attendait à la disparition de Phil Radin. Il avait affronté un problème de santé grave il y a quelques années, mais c’était déjà du passé et nous pensions tous profiter de lui encore de nombreuses années. Cela nous semble incroyable aujourd’hui et une nouvelle fois, cela nous rappelle que la vie est imprévisible en même temps qu’elle reste notre bien le plus précieux.

Durant la cérémonie à sa mémoire – Los Angeles le 3 avril dernier – je me suis fait la remarque que Phil avait vécu quelque chose dont peu d’entre nous auront l’expérience : Une deuxième vie. Il y a quatre ans, en effet, une violente crise cardiaque l’avait conduit tout près de la mort ; et beaucoup d’entre nous, à l’exception de ses enfants et surtout de sa mère, s’étaient déjà à ce moment préparé au pire. Cependant, Phil se rétablit et jouit du privilège d’entamer une deuxième vie. Pour cela j’avais eu cette intuition que c’était aujourd’hui le moment de célébrer les années bonus de Phil. Mais cette chance-là, c’est en fait en 2012 qu’on aurait dû la fêter.

Ceux qui ont connu Phil ont apprécié son esprit généreux, son désir de bien faire pour les autres, spécialement pour sa famille, et son amour profond pour notre métier, pour Panavision, pour ses clients, et pour ceux qui travaillaient avec lui. Un seul lieu toute sa vie : Panavision et ce fut une carrière merveilleuse de plus de 30 ans. Phil a eu le privilège d’être engagé par le fondateur de Panavision : Robert Gottschalk. Il avait été recommandé à Robert par le propriétaire d’une boutique de caméras de San Francisco où Phil travaillait en même temps qu’il suivait les cours de l’école des beaux-arts. Au début, tout le monde pensait que c’était sa seule qualité. Plus tard, tous découvrirent que ce n’était pas un caprice de Gottschalk mais qu’il était vraiment formidable.
Personne à Panavision n’a célébré autant les succès des "cinematographers" que Phil. Il était tellement heureux quand un film dont il s’était occupé ou quand un de ses clients DOP gagnait un prix, un Oscar par exemple. Çà lui donnait beaucoup de fierté. Il encourageait tous les jeunes qui travaillaient dans la salle des locations à Panavision pour qu’ils écoutent, apprennent et travaillent dur, le mieux possible, et quand il étaient prêts à voler de leurs propres ailes, il était triste de les voir quitter Panavision mais heureux d’avoir contribué à leur apprentissage et il pouvait en rajouter encore en pensant à eux comme des futurs clients. Il était comme cela.

Il était connu dans le monde entier. Après son décès, sa page de Facebook était remplie de souvenirs et d’hommages et tout le monde voulait avoir partagé un bout de l’histoire de Phil. J’ai eu l’énorme privilège de travailler avec Phil durant six ans à Panavision et de partager avec lui une foultitude de moments merveilleux que je n’oublierai pas.
Plus récemment, j’ai pu l’aider en rendant possible sa rééducation après son accident et Phil, toujours Phil, ne pouvait jamais me remercier assez. C’était tellement exagéré qu’à la fin j’ai dû lui dire : « Ça suffit Phil, j’ai été très heureux de pouvoir t’aider et je veux seulement que tu fasses des progrès et qu’on soit toujours amis. »

Enfin, si vous aviez connu Phil, vous auriez surement su une chose : il vivait pour ses enfants, Jeremy et Kaila. Principalement, c’est lui qui les a élevés et il était un père incroyable. Jeremy et Kaila ont été joliment éloquents sur ce point durant la cérémonie. Un amour et un soutien inconditionnel, encouragements, baisers, tout ce qu’un père pouvait leur donner. Phil était aussi formidable avec ses nièces et ses neveux qui l’adoraient de même que tous ses proches.
La mère de Phil joua un rôle particulier et je crois vraiment que c’est elle qui, lors de son accident cardiaque, sur son lit d’hôpital, l’avait rappelé à la vie en lui disant que le moment n’était pas encore venu quand nombre d’entre nous pensions qu’il était déjà parti. Elle s’est éteinte elle-même quelques mois avant Phil et peut-être, juste peut-être, Phil attendait ce moment, comme les générations qui se suivent, la mère avant le fils, pour sa propre mort.

Bob Beitcher est Président et CEO de la Motion Picture and Television Fund (MPTF).