Pierre David, directeur de la photographie

par Jean-Jacques Bouhon

par Jean-Jacques Bouhon La Lettre AFC n°104

Pierre David vient de nous quitter ce 24 octobre 2001.
Pierre, je l’ai connu en 1973, lorsque, avec quelques amis, dont il faisait partie, nous avons fondé les Productions de la Lanterne.
Il avait connu plusieurs d’entre nous dans le cadre de la Coopération en Algérie. A l’époque, il était réalisateur et c’est d’ailleurs lui qui réalisa les premiers films produit par notre structure. Des films de commande, mais aussi des sujets plus difficiles, plus politiques.

Pierre, c’était un touche-à-tout assez génial. Passionné de mécanique, il a participé à plusieurs Paris-Dakar à l’époque où les amateurs semblaient encore y avoir une petite chance. D’abord sur une moto 125 cm3 MZ, puis avec une 2 CV Citroën, qu’il avait transformée en 4x4 en lui ajoutant un second moteur. Il écrivit un scénario de long métrage, Pierre qui roule, sur cette course et les retombées qu’elle avait sur les populations rencontrées sur son parcours. Il ne fut, malheureusement, jamais réalisé.
Il travailla ensuite comme électricien, puis chef électricien sur de nombreux tournages. Son goût pour le bricolage l’amena à réaliser un " engin ", dénommé le Dahu, qui permettait de faire des travellings sur un terrain accidenté. Un genre de dolly 4x4 en quelque sorte. A partir de 1993, après avoir été chef électricien sur L’Enfant lion de Patrick Grandperret, éclairé par Jean-Michel Humeau, il commença à travailler comme directeur de la photographie.

Pierre c’était un type plein de charme, mais, attention, pas un charmeur. Quand il vous parlait ou vous écoutait, ses yeux, presque noirs, regardaient droit dans les vôtres, parfois brillant d’un humour bienveillant, qui pouvait être féroce à l’occasion. Sa voix était chaude, bien posée, dans le médium grave, de celles dont on imagine que les femmes raffolent et que les hommes sont jaloux. Ses mains trahissaient ses dons de bricolage : solides, avec de longs doigts épais, dont certains avaient été abîmés par un accident et qui tenaient sa cigarette d’une façon inimitable quand il la portait à ses lèvres.

Et voilà qu’il vient de nous quitter à la suite de ce qui ne fut pas, comme on le dit souvent pudiquement, une longue maladie, mais au contraire quelque chose d’assez foudroyant. Nous étions nombreux, samedi 15 septembre, à nous réunir chez Patrick Grandperret pour parler de lui, de la vie qui continue et boire à son souvenir. Ce fut triste, bien sûr, mais aussi joyeux, car Pierre était quelqu’un de bonne compagnie et tout sauf un bonnet de nuit.

Pierre, c’était un homme selon mon cœur, passionné par les grandes comme par les petites choses et surtout par les êtres humains.
Salut, Pierre, c’était bien d’avoir pu partager quelques instants de ta vie.
(Propos recueillis par Éric Guichard)