Portrait d’un homme libre, Luciano Tovoli, AIC, ASC

Par Dominique Maillet

La Lettre AFC n°250

Eclectique et déterminé, enthousiaste et volontiers frondeur, Luciano Tovoli bouscule les habitudes et les traditions du métier en s’imposant très tôt sur les plateaux de cinéma avec un mélange de fougue, de confiance en soi et parfois d’ingénuité. Il possède ce que l’on appelle du " caractère ".

A peine diplômé du Centro Sperimentale de Rome, son premier mentor est comme par hasard un autodidacte convaincu, Vittorio de Seta. Ce grand documentariste s’apprête à filmer les bergers de Sardaigne (Bandits à Orgosolo) et recherche un collaborateur. Leur rencontre est déterminante, elle marque le début du parcours atypique de Luciano Tovoli qui affiche d’emblée sa singularité du haut de ses 23 ans.
Il est certes jeune, mais déjà riche de belles admirations et non des moindres. D’abord de celui qu’il ne rencontrera jamais car, dit-il, « il ne faut pas détruire les mythes », en l’occurrence le photographe Henri Cartier-Bresson capable de « transformer la réalité par l’organisation des lignes » ! Et puis de deux Maîtres à l’image : Gianni Di Venanzo, le chef opérateur du Cri, de Michelangelo Antonioni, et G.R. Aldo, un ancien photographe de plateau engagé par Luchino Visconti sur La terra trema.

Avec de Seta, Tovoli travaille le noir et blanc, avec Antonioni qui l’emmène filmer la Chine, il découvre la couleur. « Le documentaire m’a nourri et la couleur m’a détaché de la réalité », dira-t-il plus tard. « Mon passage à la fiction a été pour moi une manière de me révolter contre la couleur », cette couleur qu’il a toujours vécue comme une difficulté. Avec Antonioni, ne partage-t-il pas l’idée que « les films sont colorés, mais ne sont pas des films en couleurs » !
Obsédé par la lumière et auteur lui-même de plus de 50 000 photos consacrées aux aubes du monde entier (une fantastique source d’inspiration), Luciano Tovoli réfute la notion de genre dans le cinéma, revendique une lumière spontanée qui dépasse la réalité et continue inlassablement de rechercher un nouveau langage pour chaque film. Il sait que pour raconter une histoire et créer une émotion, tous les moyens sont permis et que pour atteindre un plaisir véritable dans la création, il faut une certaine liberté.
Plus que jamais, Luciano Tovoli est un homme libre.

3e Caméflex – AFC, du 7 au 11 février 2015,
Cinéma Grand Action – 5, rue des Ecoles - Paris 5e

Caméflex AFC 2015 au Grand Action, en partenariat avec
le Grand Action, K5600, Panavision Alga et Ymagis
et le soutien du CNC, de la CST et du Festival de San Sebastián