Problemos

Il y a des films desquels émane la joie que l’on a ressentie pendant le tournage : c’est le cas de Problemos.
D’abord, un décor unique de nature, somptueux, avec de grandes nuances de verts dans les arbres et de jaunes dans les champs, de bleu dans l’eau et le ciel, et un ensoleillement parfait du début juillet qui nous permettait de trouver toujours des axes à toutes les heures de la journée.

A ce cadre idyllique se sont ajoutés les décors d’Arnaud Roth, qui ont été à la hauteur de notre préparation complice : une vraie ZAD, avec de vraies yourtes, et de vraies barricades…
Des décors pleins de poésie, d’astuces et d’invention.

Pour choisir la caméra, j’ai aimé faire des tests "à l’aveugle" de plusieurs configurations, sans dévoiler, dans les identifications à l’image, quel matériel est employé ; ainsi, avec le réalisateur Eric Judor, nous choisissions la configuration A, B, ou C… Nous nous sommes laissés guider par notre intuition, notre sensation. Nous étions sûrs de trouver alors l’image avec laquelle nous avons le plus d’affinités.

Dans le cas de Problemos, nous avons choisi la F65 de Sony, avec les objectifs Panavision série V. Nous avons vraiment vu la profondeur et la richesse des couleurs. C’était la combinaison parfaite pour rendre compte de toutes les nuances de nos décors.
Nous avons tourné en Super 35, plutôt qu’en anamorphique, car nous avions beaucoup de recul dans ce très grand décor de nature, et que nous pouvions adapter la profondeur de champ comme nous le souhaitions.
Nous tournions toujours à deux caméras. La première caméra était équipée des objectifs fixes Panavision, dont la série V était complétée par un 150 mm Primo, et la seconde d’un 24-275 Primo, qui est un zoom que j’aime beaucoup et que je connais bien.
Pour la lumière, nous avons employé beaucoup de cadres différents, selon l’intensité et la direction du soleil : soie, demi-soie, spi… C’est un film de jour, ensoleillé, et nous avons voulu exploiter ce soleil de toutes les façons possibles : la dynamique de la caméra nous permettait de grands écarts d’exposition, et nous avons conçu les décors pour que le soleil agisse plus ou moins selon les cas.

Installation de toiles - Photo Vincent Muller
Installation de toiles
Photo Vincent Muller

J’ai délégué à René-Pierre Rouaux (ci-dessous à droite) la constitution de l’équipe caméra. C’était un bonheur de voir le calme et la maîtrise de son équipe : Romain Marcel au point de la seconde caméra, Laurène Le Barh à la vidéo, Tess Barthes, seconde assistante.

Vincent Muller et son équipe caméra - De g. à d. : Tess Barthes, Lauren Le Barh, Vincent Muller, Romain Marcel et René-Pierre Rouaux - Photo Romain Gouillard
Vincent Muller et son équipe caméra
De g. à d. : Tess Barthes, Lauren Le Barh, Vincent Muller, Romain Marcel et René-Pierre Rouaux - Photo Romain Gouillard

En plus de cela, Sylvain Bouladoux, mon ami de 20 ans, a pu nous réserver sa dolly F3, que Romain Gouillart et moi avons adorée. Une grande rigidité avec la souplesse de la tête à manivelle, c’était un délice.

Vincent Muller aux manivelles
Vincent Muller aux manivelles

Eric Judor désirait un film posé, calme, où chaque comédien trouvait sa place dans le cadre. Il y a parfois de grands travellings, des mouvements de grue très contemplatifs ; nous étions dans l’ambiance !
Grâce à Sylvain, nous avons pu obtenir une petite grue qui nous permettait de tourner tout autour de la cabane, placée au-dessus de l’eau, cela nous a permis de filmer de beaux plans de cinéma, dans une transparence logistique étonnante.
Nous avons pu tirer parti de tous les avantages de cette F65 : les blancs ensoleillés ne sont jamais brûlés, les nuances de couleurs sont magnifiquement reproduites, et la sensibilité en nuit est étonnante. Cette caméra rend tout facile !

Nous avons pu accueillir sereinement cette joyeuse bande de comédiens, cette communauté d’humoristes issus des scènes parisiennes. Et nous avons vécu huit semaines ensemble, dans cette ZAD inventée, alimentés de soleil et de blagues, avec toujours de nouvelles solutions aux questions qui se posaient.
Dans ce film collégial, il y avait souvent sept ou huit comédiens qui intervenaient dans le même plan : la mise au point devenait alors essentielle, et la précision des Primo V nécessaire. Chacun avait sa place et tout le monde était heureux de voir l’enthousiasme qui nous liait tous.

Le groupe de comédiens
Le groupe de comédiens

Au final, dans la salle d’étalonnage du "Labo", avec Gilles Granier, j’ai retrouvé toutes ces intentions, et nous avons pu étalonner un film qui retrouve ce côté naturel.

Ce projet a été fluide, de bout en bout, et je suis absolument ravi de le partager en salles le 10 mai.

Portfolio

Équipe

Cadreur 2e caméra : Baptiste Nicolaï
1ers assistants opérateur : René-Pierre Rouaux, Romain Marcel
2e assistante opérateur : Tess Barthes
Data manager : Brice Barbier
Assistante vidéo : Laurène Le Barh
Chef électricien : Jérôme Thellier, assisté de Jérôme Fabre et Yvon Lemetayer
Chef machiniste : Romain Gouillard et toute son équipe
Coloriste : Gilles Granier

Technique

Caméra : Panavision Alga (deux Sony F65, objectifs Primo V et zoom 24-275 mm Primo)
Machinerie : Cinesyl
Lumière : Transpalux
Postproduction : Le Labo, où Nicolas Bonnet s’est si bien occupé de nous