Réponse à Jean-Noël Ferragut

par Méhdi Aït-Kacimi (Responsable Communication, ENS Louis-Lumière)

La Lettre AFC n°149

Cher Jean-Noël, tu as longtemps été le représentant de l’AFC à notre Conseil d’administration, au titre des « personnalités extérieures (...) représentant les organisations professionnelles ». Tu es également intervenu à plusieurs reprises à l’Ecole, en tant que formateur.

Dans ces conditions, je m’étonne de ta dernière publication dans la Lettre de l’AFC dans laquelle tu te fais le relais d’informations concernant l’Ecole, sans mise en perspective.

Je rappellerai juste qu’à cette époque, nous avons eu de ta part peu d’éclairage sur l’évolution des métiers et la pertinence de nos options pédagogiques, que l’AFC a toujours la carte blanche que la direction de l’Ecole lui a proposée, pour toutes interventions qu’elle jugera utiles. Enfin, en répondant à ton billet de décembre 2004, le directeur avait interpellé en vain les professionnels que vous êtes sur des questions essentielles, « Combien faut-il former de jeunes opérateurs pour le cinéma français, avec des chances de faire réellement carrière, compte tenu de la pyramide des âges dans ce métier et de l’évolution prévisible de la production française ? Quels savoir faire enseigner aux jeunes qui atteindront une première maturité professionnelle vers 35 ans, autrement dit, ce que sera le métier d’opérateur en 2015 ? »

Notre souhait n’est pas de polémiquer mais de placer le débat au niveau où il le mérite : celui de l’évolution des métiers auxquels nous formons, de notre environnement institutionnel et de la plate-forme technique que nous utilisons pour remplir nos missions. Je rappellerai au moins trois axes de travail (présentés par ailleurs lors des derniers CA) :

1) L’Ecole travaille sur l’évolution de sa pédagogie

Notre objectif est la mise en place d’un cursus partiellement renouvellé, prévu pour septembre 2006. Notre réforme intervient normalement après un cycle d’une douzaine années, le dernier programme ayant été mis en place au début des années 90, alors que l’Ecole changeait de statut pour former à Bac + 5. Notre réforme vise au développement de pôles d’excellence bien identifiés et à accorder une place plus importante au projet professionnel de l’élève (en renforçant, en particulier, la politique des stages).

2) L’Ecole investit et fait évoluer sa plate forme technique : plus d’1 million d’euros sur les trois dernières années

Un de nos projets structurants est la mise en place d’une plate forme Cinéma numérique Haute Définition avec pour objectif de mettre en place des modules pédagogiques appliqués à la HD, tant en formation initiale qu’en formation professionnelle. Cette plate-forme est hybride (argentique / numérique HD) et ouverte. Sa vocation est de rassembler institutionnels, professionnels issus des différents métiers de l’image et du son, prestataires techniques et enseignants / chercheurs, voire de s’inscrire dans les projets professionnels existants.

Grâce au soutien du Conseil général de la Seine-Saint-Denis qui nous a accordé une subvention exceptionnelle de 450 000 euros sur 2 ans, l’Ecole a investi en 2005 (Postproduction : Avid HD, - Salle de projection : Projecteur DP 90 - 2K, nodal numérique.). Nous avons prévu pour 2006 : Station de traitement des images VFX - Postproduction : serveur et nodal (dont magnétoscope HD Cam).

3) L’Ecole est très attachée à la dimension professionnelle de sa formation, dont c’est la vocation principale

D’abord, c’est dans les statuts ! C’est aussi notre politique avec notamment la venue de professionnels reconnus qui ont été intégrés à l’Ecole et sont associés à notre pédagogie, Arthur Cloquet (image), Yves Angélo (image et réalisation), Laurent Chevalier (réalisation et image en documentaire), Jean-Louis Fournier (sensitométrie), Didier Nové (chef électricien).

Nous avons également réalisé une enquête sur les parcours professionnels des anciens depuis 10 ans et favorisé le développement des pratiques de compagnonnage à travers l’opération parrainage qui est réalisée par nos amis de l’Aevll, initiative que nous avons encouragée dès le début. Aujourd’hui notre objectif est de disposer d’un outil de suivi précis sur les parcours professionnels des anciens élèves, sur le contenu des missions qui leurs sont confiées à la sortie de l’Ecole et sur notre capacité à favoriser leur insertion professionnelle. C’est pourquoi, à partir de 2006, nous réaliserons une enquête tous les trois ans.

Enfin, une remarque concernant la communication et les moyens (et c’est le responsable de la comm qui écrit !!). Nous fonctionnons à moyens constants depuis 3 ans avec une exception, le développement d’un nouveau site Internet pour 2006 grâce à des fonds fléchés du Ministère.

Par ailleurs, l’Ecole a une mission de formation initiale, bien connue mais également des missions de formation professionnelle et de recherche. Tu fais référence au cahier Louis-Lumière, revue de l’Ecole dédiée à la recherche et à la création, qui est en train de trouver son public et dont la qualité, sur la forme et le fond, a été reconnue par le monde de la recherche et la presse nationale.

J’espère que ces précisions permettront de prendre la mesure de la volonté d’évolution de l’Ecole, évolution qui ne se fera qu’avec les soutiens des professionnels. A ce titre, j’informe le lecteur qu’une réunion de travail bipartite AFC / ENS Louis-Lumière a été proposée par le directeur de l’Ecole. Nous présenterons les principaux axes de la réforme pédagogique en cours afin que nous puissions échanger et que nous interprétions d’éventuelles recommandations de l’AFC. Nous pourrons également profiter de cette réunion pour définir les différents axes de notre collaboration. Nous la formaliserons par la suite à travers une convention de partenariat, que j’espère, nous aurons plaisir à présenter conjointement dans cette Lettre, l’Ecole et l’AFC.