Salut Claude

par Jimmy Glasberg

par Jimmy Glasberg La Lettre AFC n°133

Évoquer la mémoire de Claude Ruellan est lié pour moi au début de la caméra auto silencieuse Eclair Coutant.

Je me souviens de lui à mes tous débuts à l’époque où Alga était situé au fond d’une cour rue Saint-Maur et puis plus tard à Vincennes. Le Caméflex avait ses lettres de noblesse ; la caméra Eclair Coutant souffrait de quelques problèmes d’insonorisation, de filage et autres défauts de jeunesse.

Nous allions donc consulter Claude, vêtu de sa blouse grise traditionnelle, entouré de corps de caméras éventrées sur son établi, qui, tel un chirurgien, procédait à des diagnostics et effectuait des interventions et réglages de haute précision. Il écoutait ensuite, de son oreille experte, le bruit subtil de la mécanique pour confirmer le bon fonctionnement de la machine. J’appréciais ensuite cette petite musique huilée qui rythme les prises de vues lorsque l’on a l’oreille collée contre l’appareil.

En 1966, je suis parti tourner en URSS en plein hiver. Je me souviens être allé voir Claude avant mon départ pour qu’il traite ma Coutant avec une huile spéciale grand froid et qu’il dégraisse le ressort de mon Bell & Howell. Il affectionnait ajuster le mécanisme des caméras avant un tournage comme un mécanicien de formule 1 le fait avant une course. Je suis donc parti rassuré et tout a bien fonctionné à trente degrés au-dessous de zéro...

Merci mon cher Claude pour cet amour de la mécanique, ta générosité et le savoir-faire artisanal si précieux que nous n’oublierons jamais.