Le Titanic sans orchestre

Pierre-William Glenn, directeur de la photographie, AFC, réalisateur, ARP
Si je suis membre de l’ARP, c’est parce que je ne suis pas membre de la SRF : j’ai produit mes films, donné des garanties bancaires, payé les dettes quand il y en avait et… A écouter les plaidoyers déchirants sur les films qui n’auraient pas pu se faire si…

J’ai enfin compris ma profonde bêtise : si je ne m’étais pas tenu à payer des salaires légaux à mes salariés, j’aurais fait des économies… Et mes films, petits, moyens et gros auraient coûté moins cher… La belle affaire que de découvrir qu’un film coûte moins cher si on ne rétribue pas les gens qui y travaillent !

Finalement, je suis très content, fier d’être à l’ARP parce que comme Pierre Schoeller, comme Bernard Campan, j’aurais démissionné après la triste manipulation qui vient de se produire à la dernière AG de la SRF : 215 votants dont 160 " nouveaux " dans les deux jours qui précèdent cette AG...
J’espère simplement que ces mœurs d’un autre âge, que ce manque de décence et de dignité ne se produira pas chez nous. Je soutiens, sans réserve, l’équipe actuelle, le bilan de Michel Hazanavicius et espère ne pas avoir à entendre ici les déclarations de haine ordinaire et de mépris proférées à l’encontre des techniciens, des habilleurs, des maquilleuses, des électriciens et des machinistes qui, c’est de notoriété publique, sont tous riches et nantis. Et qui demandent en plus une convention collective unique et le respect du code du travail ? Comme s’il était nécessaire d’assurer leurs qualifications et leur savoir-faire qui ont toujours fait la réputation du cinéma français dans le monde ?

Comme Didier Diaz le disait récemment aux dernières rencontres de la CST, « Je dissuade les producteurs qui viennent me voir en me disant : " Je n’ai pas d’argent " de faire du cinéma ».
A moins de faire des films tout seul, sans rétribution aucune, pour " l’art "… Et c’est évidemment possible avec le " numérique ". Pour moi et tant d’autres qui ont toujours trouvé leur bonheur dans la création cinématographique, grâce à un travail de collaboration et dans l’exaltation du partage des expériences, cette possibilité revient à mourir dans les " eaux froides du calcul égoïste " et… sans public… Le Titanic sans orchestre…