Sur le tournage de la première vidéo de la Panasonic VariCam 35

par Panasonic France La Lettre AFC n°251

La première projection de la vidéo de démonstration réalisée par Light Iron pour la VariCam 35 de Panasonic a été bien accueillie par la centaine de journalistes présents au dernier salon IBC. Entretien avec Suny Behar, directeur de la photographie.

Autour de quel concept la vidéo de démonstration de la VariCam s’articulait-elle ?

L’idée directrice était de produire une vidéo qui puisse montrer un maximum de lieux et de scénarios d’utilisation de la VariCam 35. Pour Michael Cioni, le réalisateur, il était primordial d’aller plus loin qu’une simple vidéo narrative de courte durée, qui aurait forcément limité le choix des lieux et le type d’éléments apparaissant à l’écran. Nous avons donc choisi de nous concentrer sur une approche favorisant la pluralité des plans afin d’exposer fidèlement le caractère polyvalent de la caméra.

Quand avez-vous filmé et combien de temps le tournage a-t-il duré ? Quels types de lieux avez-vous sélectionnés et pourquoi ?

L’ensemble de la vidéo a été réalisé dans des délais serrés car la date du salon IBC approchait à grands pas. Nous avons tourné juste avant son ouverture. En tout, le tournage s’est déroulé sur 10 jours. Nous disposions de deux caméras et avions prévu une vingtaine de plans différents lors de la pré-production pour montrer ce dont la caméra était réellement capable.

Pour le domaine sportif, nous avons choisi de filmer un match de football du club Galaxy de Los Angeles. L’héritage de la VariCam contient en effet un important volet sportif. Nous souhaitions également représenter des clips vidéo, spots publicitaires et films narratifs.
Nous avons ainsi monté quelques décors dans un petit studio, où nous avons tourné les scènes plus artistiques d’interprétation (une femme dans la neige, une petite fille sur une balançoire, des gouttes sur une vitre, un homme à son bureau). Comme la photographie de nature est également essentielle, nous avons fait appel à un dresseur animalier pour qu’il amène des araignées, grenouilles, serpents et autres reptiles afin de reproduire des contenus typiques sur le thème de la vie sauvage, dans le style de National Geographic.

Pour les plans d’ensemble, nous avons réalisé un incroyable trek à travers la Californie. Nous sommes partis depuis Los Angeles vers le Nord jusqu’aux parcs naturels Yosemite et Tahoe, puis nous sommes redescendus le long de la côte du Pacifique vers le Sud, en passant par Big Sur et San Simeon. Nous avons parcouru près de 2 500 km en six jours.

Enfin, certains plans de Los Angeles ont été réalisés depuis un hélicoptère. L’engin était équipé d’une installation PictureVision. Nous avons pu y monter un objectif Fujifilm 18-80 mm, ce qui nous a ouvert de nombreuses possibilités. Les éléments photographiés de nuit ont été capturés avec une sensibilité de 5 000 ISO, saisissant ainsi d’incroyables détails parmi les structures des bâtiments et leurs reflets spectaculaires.

Comment la caméra a-t-elle fonctionné ? Qu’est-ce qui la distingue des autres caméras haut de gamme ? Quelles en sont les principales qualités ?

Bien que les modèles utilisés soient issus de la pré-production, ils se sont avérés extraordinairement performants. Il existe de nombreuses caméras numériques d’excellente qualité destinées à un usage cinématographique, mais la VariCam 35 présente des caractéristiques qui la font sortir du lot.
1) Double sensibilité native ISO (800 et 5 000) permettant de bénéficier de deux supports complètement différents.
2) Double enregistrement permettant de stocker à la fois une piste master (au format VLog) et une piste de rushes pour le montage avec les techniques LUT et TC en une seule opération.
3) Métadonnées Wifi et contrôle des techniques LUT. Le fait de pouvoir corriger les couleurs de l’image grâce à une connexion sans fil et appliquer une technique LUT non destructive à la sortie du moniteur donne aux réalisateurs et producteurs l’assurance d’acquérir un résultat conforme à leurs souhaits en termes de structure et de couleur de l’image.

Quels défis se sont présentés ? Avez-vous rencontré des difficultés à utiliser de nouvelles fonctionnalités ne vous étant pas familières ? Comment les avez-vous surmontées ?

Nous avons dû faire face à quelques défis liés au statut bêta des caméras, auxquels les consommateurs finaux ne seront donc pas confrontés, comme le contrôle des signaux entre autres. Mais ce qui nous a le plus surpris et nous a demandé le plus d’efforts d’adaptation, c’est la sensibilité ISO.
Toutes les sensibilités ISO autres que 800 ou 5 000 (1 250, 2 500, etc.) impliquent un certain niveau de gain. Il s’avère que la sensibilité 5 000 ISO génère moins de bruit que celle de 2 000 ISO, ce qui n’est pas du tout intuitif pour un cinéaste. En effet, ces valeurs ISO intermédiaires ne correspondent pas à la sensibilité native du capteur et requièrent donc un ajustement du gain.
Celui-ci affecte les sensibilités natives ISO (800 et 5 000) sur le signal analogue de la caméra, en aval du capteur et en amont de la compression puis transmission du signal, ce qui permet un rendu extrêmement propre. Il a fallu nous y habituer.

Pensez-vous utiliser cette caméra à l’avenir ? Pour quels types d’applications l’estimez-vous mieux adaptée ?

Sans aucun doute. À mon avis, les applications immédiates relèveront du domaine des séries télévisées. La qualité 4K étant exigée par de nombreuses chaînes, la VariCam 35 s’impose comme un choix évident pour le tournage d’épisodes télévisés grâce à son excellente colorimétrie, sa grande fluidité et sa résolution native 4K.