Theo Angelopoulos, mon compagnon de route

Par Yorgos Arvanitis, AFC

par Yorgos Arvanitis La Lettre AFC n°217

Il y a quelques jours un grand créateur, un grand cinéaste, digne représentant de son pays et de la Nouvelle Vague du cinéma européen, a perdu sa vie accidentellement sur le lieu du tournage de son dernier film, Theo Angelopoulos.
« Quelle bêtise, de traverser le périphérique de Pirée avec le viseur à l’œil ! », telle a été ma première réaction. Mais ensuite, je me suis dit qu’il est mort sur son lieu de combat ! Et ça m’a consolé.

J’ai eu la chance d’être près de lui la plus grande partie de sa vie cinématographique.
Nous étions très jeunes, dans les années 1970. Il venait de rentrer de Paris après ses études à l’IDHEC. Un vent nouveau soufflait.
Il m’a confié l’image de ses films dès son premier court métrage.
Il m’a embarqué pour un voyage à travers une Grèce presque sans couleurs et nous avons fait briller ensemble ce soleil grec noir de mélancolie et, comme toile de fond, nous avions toujours un ciel gris.

J’ai été témoin de sa manière magistrale d’inscrire le temps dans l’espace et j’ai eu la chance d’être le premier spectateur, à travers l’œilleton de la caméra, de ses fameux plans séquences, uniques et sur onze films.
Je salue mon compagnon de route.

Les films de Theo Angelopoulos photographiés par Yorgos Arvanitis, AFC

1970 Reconstruction (Anaparastassi)
1972 Les Jours de 36 (Meres tou 36)
1974 Les Chasseurs (Oi Kynighoi)
1974 Le Voyage des comédiens (O Thiassos)
1979 Alexandre le Grand (O Megalexandros)
1984 Le Voyage à Cythère (Taxidi sta Kithira)
1986 L’Apiculteur (O Melissokomos)
1988 Paysage dans le brouillard (Topio stin omichli)
1991 Le Pas suspendu de la cigogne (To Meteoro vima tou pelargou)
1995 Le Regard d’Ulysse (To Vlemma tou Odyssea)
1998 L’Eternité et un jour (Mia aioniotita kai mia mera)