Tous dans le même bateau

Editorial de la Lettre de mai 2013 par Matthieu Poirot-Delpech, AFC
Aaton va mal. La terrible nouvelle vient de tomber : Aaton est en redressement judiciaire (lire le communiqué de Jean-Pierre Beauviala).
Pendant ce temps, on se chamaille. Pendant ce temps, on fait plus de films que jamais, pour moins cher que jamais, en moins de temps que jamais…

On fait chauffer les calculettes, au risque de la surchauffe. Les chiffres deviennent fous. Un collectif de cinéastes (dont certains sont aussi producteurs) publie un " Appel pour sortir de l’impasse " (Libération du 24 avril) dans lequel des erreurs de calcul viennent étayer leurs propositions. On y apprend que 25 % ou 30 % de 900 000 font 400 000. Le compte n’y est pas.
La stratégie est claire : il faut avant tout occuper le terrain au risque de signer n’importe quoi et de se tromper de combat. Finir par se rencontrer enfin serait sans doute plus constructif…

Michel Sapin, ministre du travail, avait prédit la « fin de la récré »… La cloche va bientôt sonner. Malheureusement pour nous tous, producteurs, réalisateurs, artistes et techniciens, une autre « fin de récré » va sonner qui n’est pas celle de l’extension de la convention collective (lire le communiqué de l’AFC) mais celle de la fin de l’exception culturelle (lire un article paru dans Le Monde).
Rassurez-vous, à partir de ce moment-là, on n’aura plus besoin de calculettes : dix doigts suffiront.
J’ai toujours pensé que les contraintes sont sources de créativité. On va être servi !

D’ici là, nous tenons à assurer Jean-Pierre Beauviala et le personnel d’Aaton de notre soutien et de toute notre affection. Nous sollicitons toute l’attention et la vigilance des pouvoirs publics et du CNC afin que cette marque d’excellence dont notre pays peut s’enorgueillir ne disparaisse jamais. Je sais, ce ne sont que des mots…

Matthieu Poirot-Delpech, coprésident de l’AFC