Trois jours aux Rencontres d’Alençon les 8, 9 et 10 juin 2006

par Jacques Loiseleux

par Jacques Loiseleux La Lettre AFC n°156

Sont venus :
- Pierre Milon pour parler de Cavale de Lucas Belvaux, Ambiance polar moderne, tournage groupé avec les plans de facture différente de la trilogie Un couple épatant, Cavale, Après la vie. Beau travail.
- Jean-François Robin pour Le Passager de l’été de Florence Moncorgé-Gabin venue en voisine présenter son film en avant-première. De très belles images de corps au travail dans les champs d’un été 1950, nous racontent une histoire paysanne avec beaucoup d’amour et de sensualité. 35 mm oblige.
- Ricardo Aronovich avec lequel j’ai eu le bonheur de parler de sa magnifique image pour Klimt de Raul Ruiz. Des plans superbement éclairés et cadrés nous font saisir l’ambiance, les couleurs, les formes et les matières qui ont inspiré le Maître viennois dans son époque. Les dorures, les visages voilés de tulle, les robes et les chapeaux en velours aux tons rompus, les corps à peine vêtus des belles dans les salons littéraires de 1900, nous sont donnés à voir dans des Lumières que Klimt lui-même n’aurait eues qu’à recopier. Un beau moment de cinéma qui donne envie de voir ou revoir la peinture. Rare.
- Gérard Corbiau a présenté seul son film Le Roi danse en l’absence involontaire de son chef op’ Gérard Simon. Je n’ai malheureusement pas eu le plaisir de l’assister car, dans une salle voisine et également comble, je présentais Les Baisers de secours de Philippe Garrel. Film tourné en 35 mm avec un certain choix de contraintes obligatoires décidées par l’auteur lui-même telles que : une seule focale d’objectif, le 100 mm pour tout le film. Absence totale de lumière d’appoint (une plaque de polystyrène et un tube fluo de 40 cm...) et en noir et blanc.
Une réelle volonté esthétique d’utiliser la lumière naturelle des décors longuement repérés pour donner du sens par l’image. Il y eut beaucoup de questions dans la salle.
J’avais aussi en charge une conférence-débat de trois heures intitulée " Eclats de lumière " (Impressionnant, j’avais le trac, je me suis fait aider).

Associé à Michelle Humbert, modératrice pertinente, auteur d’essais et d’analyse de films célèbres, enseignante à l’université d’Orléans, dont j’avais sollicité l’appui, nous avons choisi de suivre le " plan " de mon bouquin La Lumière en cinéma (il aura au moins servi à ça...). Nous avons jalonné un parcours dans les " lumières " des différentes époques remarquables du cinématographe, par des extraits de films.
Cet après-midi très suivi a été bien apprécié si j’en juge par les retours que j’en ai eus.
Enfin, trois jours de cinématographe, avec de vrais professionnels de la profession, sans télé* et sans stars, baignés dans un public curieux, cinéphile, attentif et sympathique, et surtout nombreux malgré une météo estivale, plus propice à la baignade qu’à la salle obscure (Il y avait une caméra France 3 très discrète).
L’accueil de Thierry Delamotte, de Françoise Arsicaud et de toute l’équipe des " Rencontres " est si amical, et l’organisation si efficace en restant cordiale, que j’invite mes collègues de l’AFC à répondre présent l’année prochaine si l’occasion d’y participer leur est offerte.

Nota : Des projections film de très bonne qualité aux 4 Normandy. Ce n’est pas toujours le cas, et pour parler Lumière et Cadre c’est préférable.