Un dimanche matin à la Sixtine

Par Jean-Noël Ferragut, AFC
Cher Carlo,
Comme tout membre de l’AFC, dont tu faisais partie, je me dois de témoigner, comme d’autres dans ces pages et en de telles circonstances, ne remontent à mon souvenir que d’excellents moments.

Nous sommes, toi et moi, envoyés en 1995 à Rome en éclaireurs par l’AFC afin d’assister à une réunion Imago devant décider de ce que ferait la jeune fédération pour marquer le centenaire de la première projection du Cinématographe (1896). Deux idées émergent des discussions, tourner un film court ou publier un ouvrage. La deuxième paraissant la plus sage, c’est ainsi que naquit Making Pictures : A Century of European Cinematography, paru quelque sept années plus tard.
Ces réunions étant en général à cheval sur un week-end, à Rome, nous avions quartier libre le dimanche matin. Entre deux tasses de café noir avalé à l’hôtel au petit déjeuner, voilà que tu me proposes, avec cet accent qui fait le charme des gens dont l’italien est la langue maternelle : « Et si nous allions jeter un œil la chapelle Sixtine ! »
Pour moi, à Rome, où je n’avais mis les pieds qu’une fois en tournant une vague réclame pour je ne sais plus quel blue-jean, hormis le forum, le Colisée, Cinecittà, Fellini, Nino Rota, Anita Ekberg et la fontaine de Trevi, aller lever les yeux un dimanche matin pour admirer le plafond de Michel-Ange paraissait à mille lieues de nos préoccupations d’Imago… Grazie mille !
A propos, te souviens-tu de ce mémorable déjeuner le midi dans le petit restaurant qui ne payait pas de mine où nos amis italiens nous avaient emmenés mais où les serveurs, en veste de toile blanche, nous ont servi les meilleures pâtes aux coquillages et aux fruits de mer qu’il est donné de savourer ?

Un autre souvenir, plus récent celui-là, lorsque tu m’as fait confiance en me demandant de te remplacer pour une intervention au lycée Guist’hau, à Nantes, – qui prépare à nos deux grandes écoles de cinéma – sur ce qu’est le métier de directeur de la photo et qui consistait de plus à proposer des pistes de lumière pour des projets d’exercices de tournage. J’y suis allé à deux ou trois reprises et j’ai retrouvé, aux rentrées suivantes, certains des étudiants à La fémis ou à Louis-Lumière, avec ce plein d’enthousiasme qui caractérise ceux qui ont suivi cette classe préparatoire !

Mille fois merci, cher Carlo, pour ces moments trop brefs passés ensemble – sans compter ceux, plus nombreux, passés sous les plafonds de l’AFC. Et, disons-le tout de go toi et moi, n’a pas au-dessus de sa tête l’un des plus beaux plafonds qui veut !