Un jour

One Day
Le film est tiré d’un roman de David Nichols qui est très plaisant à lire (je le recommande comme lecture d’été). L’histoire d’une relation amoureuse de la fin des années 1980 à nos jours, racontée de manière elliptique par les retrouvailles des deux personnages principaux uniquement le 15 juillet de chaque année.

Le livre est devenu un très gros " best-seller " aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis pendant que nous tournions, à tel point que les producteurs, fait très rare, ont augmenté le budget en cours de tournage. J’avais beaucoup aimé le film précédent de Lone Scherfig, Une éducation, qui avait révélé l’actrice Carey Mulligan.
Lone est Danoise, c’est une amie de Lars Von Trier (ils étaient à l’école de cinéma ensemble). Elle a réalisé plusieurs films certifiés " Dogma " avant de commencer une carrière plus " hollywoodienne ". Comme vous le verrez, il n’y a pas beaucoup de trace du Dogme dans Un jour : Lone attache au contraire beaucoup d’importance à la photogénie des acteurs, elle est très contente de pouvoir se servir de la lumière artificielle et de toutes les possibilités techniques du cinéma.

Anne Hathaway, Lone Scherfig, Jim Surgess et, à droite, Benoît Delhomme, sur le tournage d'"Un jour"
Anne Hathaway, Lone Scherfig, Jim Surgess et, à droite, Benoît Delhomme, sur le tournage d’"Un jour"


Après avoir enchainé pas mal de films assez " noirs ", j’étais très étonné et heureux que cette " comédie romantique " me soit proposée.
Je crois que Lone aimait bien la photo que j’avais faite sur Par effraction d’Anthony Minghella, mais elle me parlait surtout du Talentueux Mr Ripley. J’ai eu beau lui dire que je n’avais éclairé que la première courte partie du film à New York, elle m’en parlait comme si j’avais éclairé tout le film. J’ai donc peut-être été choisi sur un quiproquo...

Je n’ai pas éclairé beaucoup de comédies (mais j’en vois beaucoup quand je prends l’avion) et j’ai toujours essayé de ne pas éclairer celles auxquelles j’ai participé comme des comédies. J’ai décidé de devenir chef opérateur, l’année où j’ai passé le bac, quand j’ai vu Manhattan de Woody Allen. On a justement parlé de Annie Hall avec Lone Scherfig.
C’est amusant comme les metteurs en scène font souvent référence aux films de Woody Allen des années 1970 dans lesquels il y a très peu de plans, avec la lumière de Gordon Willis très à effets..., et vous demandent souvent l’inverse quand le tournage commence. Ce n’était pas le cas de Lone, mais elle m’a cependant poussé à éclairer les yeux des acteurs plus que je ne le fais d’habitude.

J’ai souvent tendance à éclairer plus contraste que je ne le voudrais et j’utilise très peu, voire pas du tout, de " fill light ", donc j’ai dû faire attention cette fois...

Je retiens surtout le plaisir d’éclairer trois actrices formidables et très différentes : Anne Hathaway, Romola Garai et Patricia Clarkson.

Je me suis surpris à utiliser beaucoup le Briese Light que je n’avais utilisé jusqu’à présent qu’en publicité.

Deux scènes marquantes techniquement pour moi : la longue séquence tournée – effectivement – à l’aube à Edimbourg au début du film et la scène de la piscine d’eau de mer à Dinard tournée au crépuscule pour les plans larges et... en studio à Londres sur un fond de Translight pour les gros plans. Toutes deux bleu cyan.

A propos de mes équipes :
J’ai constaté qu’il devient de plus en plus difficile d’avoir une bonne équipe à Londres sur un film de moyen budget. Tous les meilleurs techniciens sont pris par les très longs tournages à multi caméras des films dits de " franchise " : Harry Potter et autre Clash des titans, etc. Cette fois, j’ai eu la chance d’attraper au vol l’équipe idéale pour le film que je faisais (voir ci-dessous).

En France, Cyril Kunholtz (machiniste), Jean-Francois Drigeard (gaffer) et Fabienne Octobre (1re assistante caméra) se sont joints très habilement à mon équipe anglaise.

Équipe

Equipe anglaise
Gaffer : Andy Long
Key grip : Colin Strachan
1er assistant opérateur : Dermot Hickey
Cadreurs Caméra B : Simon Finney et Julian Morson
Opérateur Steadicam : Julian Morson

Equipe française
1re assistante caméra : Fabienne Octobre
Chef électricien : Jean-Francois Drigeard
Machiniste : Cyril Kunholtz

Technique

Pellicules : Kodak Vision3 250D 5207 et Vision3 5219
Caméras : 2 Arricam Lite
Optiques : série Cooke S4 et zooms Angénieux Optimo 15-40 mm, 28-76 mm et 24-290 mm
Laboratoire-postproduction :
Digital Intermediate chez Ascent Media à Londres (le directeur technique du DI, le Français Laurent Treherne, est formidable)
Colorist : Adam Glasman (J’avais déjà fait 6 DIs avec lui. Heureusement, car j’étais en tournage aux Etats-Unis quand l’étalonnage à commencé. Les producteurs de Focus Features ont été d’accord pour payer deux séances d’étalonnage " en Duplex " : j’ai passé deux week-ends à New York seul dans une grande salle chez Company3 à travailler avec Adam qui était à Londres)
Digital Neg : Fuji
Laboratoire : Deluxe Londres