Un point sur la situation des Studios de Bry

La Lettre AFC n°248

Depuis l’annonce, lundi 10 juin 2013 dans les pages du quotidien Le Parisien, de la vente, par le groupe Euro Media France, des terrains sur lesquels s’élève le site des Studios de Bry (situé en partie sur les communes de Bry-sur-Marne et de Villiers-sur-Marne), le monde du cinéma se préoccupe du devenir des différents centres d’activité que regroupe cet outil de travail bien connu de tous.

Réalisateurs, chefs décorateurs, directeurs de production, directeurs de la photographie, assistants-réalisateurs, entres autres techniciens liés à la production audiovisuelle – dont un grand nombre est regroupé au sein de vingt-et-une associations professionnelles –, se mobilisent pour le maintien et le développement des Studios de Bry. Une pétition, lancée auprès des professionnels, a déjà recueilli 3 600 signatures, dont celles de cinéastes comme Chantal Akerman, Jérôme Enrico, Pascale Ferran, Christophe Gans, Michel Hazanavicius, Jean-Pierre Jeunet, Patrice Leconte, Dominik Moll, François Ozon, Roman Polanski, Pierre Salvadori, Bernard Stora, Jean-Pierre Thorn, etc.

Depuis plusieurs mois, les membres de l’ADC (Association des chefs décorateurs de cinéma) et de MAD (Association des métiers associés de la décoration) rencontrent différents acteurs de l’industrie cinématographique (ministère de la Culture, CNC, Commission du Film d’Ile de France, etc.) et de la région du Val-de-Marne (maires, députés, sénateurs, Conseil régional, préfecture, DRAC) pour les alerter sur une situation qu’ils estiment anormale. Les plateaux tournent à plein régime mais leur fermeture est programmée fin avril 2015, suite à la vente de ces terrains par Euro Media France. Les pouvoirs publics sont désormais conscients de l’importance de ces studios pour la profession, de ses atouts uniques et de la pénurie de plateaux de tournage qui va inexorablement s’ensuivre.
Créés par la SFP (Société française de production) en 1987 et baptisés " La Cité du Cinéma de l’an 2000 " lors de leur cession en 2001, ces studios sont toujours opérationnels. Ils accueillent aujourd’hui des séries telles " Versailles " ou " Trepalium ", des films comme Foujita, de Kohei Oguri, ou L’Hermine, de Christian Vincent, des scènes du " blockbuster " Hunger Games, la révolte, par exemple.

Suite au rachat de la SFP en 2001, Euro Media France détient un quasi monopole des plateaux de tournage (Arpajon, La Victorine, etc.). Aujourd’hui, ce leader européen se désengage des studios de fiction et s’en sépare en réalisant d’importantes plus-values, faisant fi des répercussions sur l’industrie cinématographique et audiovisuelle française. Par exemple, le stock de meubles et d’accessoires, héritage de la SFP, véritable patrimoine cinématographique, qui faisait partie de la cession de 2001, devrait être dispersé lors d’une vente aux enchères opérée par une maison spécialisée, alors qu’un projet de reprise en interne existe depuis des mois. Les studios ont été entretenus au minimum vital, des promesses de développement du site sont restées sans suite.

Depuis l’annonce de 2013, les rumeurs les plus folles ont couru à propos de l’acheteur du site : fonds chinois, qataris, brésiliens, russes… Après enquête, les studios auraient été vendus à un marchand de biens et seule une première partie de la transaction aurait été versée. Aujourd’hui, sans changement du plan local d’urbanisme (PLU), aucune construction de logements n’est possible sur cette zone d’activité.
Les maires de Bry et Villiers-sur-Marne, ainsi que la région, sont favorables à la poursuite d’activité de cette usine à rêves que sont les Studios de Bry. Une alternative est donc possible : il s’agit pour notre profession de construire un pôle image performant autour de ces studios historiques.

Parmi les actions :
- Lundi 24 novembre 2014, une table ronde et des débats sur le sujet ont eu lieu lors de la Journée " Carte blanche aux associations membres de la CST ".
- Sous l’égide du conseil général du Val-de-Marne, une autre table ronde doit se tenir prochainement ; elle réunira tous les acteurs et personnes concernées par cette situation.
_ - Prochainement également, une délégation composée d’élus, de personnalités du cinéma et de membres des associations, va se constituer pour demander audience auprès de notre ministre de tutelle, Mme Fleur Pellerin.
- La maison de vente aux enchères devrait être contactée pour lui demander de ne pas s’associer à la dispersion du stock de meubles et d’accessoires.
- Enfin, les producteurs devraient être contactés pour demander leur soutien et leur implication pour une sortie de crise.

  • Une page Facebook a été créée pour montrer les atouts de ces studios, et diffuser les témoignages de soutien de la profession.

(Sources ADC et MAD)

Soutiennent la démarche des deux associations :
Les Actrices et acteurs de France associés (AAFA)
L’Association des directeurs de production (ADP)
L’Association française des accessoiristes de plateau (AFAP)
L’Association française des assistants-réalisateurs de fiction (AFAR)
L’Association française des directeurs de la photographie cinématographique (AFC)
L’Association française des costumes cinéma et audiovisuel (AFCCA)
L’Association française du son à l’image (AFSI)
L’Association française des régisseurs (AFR)
La Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (L’ARP)
L’Association de réalisateurs de films de télévision (Groupe 25 images)
La Société des réalisateurs de films (SRF)
L’Union des scénographes (UDS).