Un prototype du zoom anamorphique Angénieux 56-152 2S utilisé sur le tournage du "Ciel du Centaure"

par Angénieux La Lettre AFC n°241

Le réalisateur Hugo Santiago a utilisé sur son film Le Ciel du Centaure un prototype du 56-152 2S. Hugo Santiago et Gustavo Biazzi, son chef opérateur, nous ont livré leurs impressions après le tournage qui s’est déroulé cet hiver à Buenos Aires.

Le Ciel du Centaure est un film de Hugo Santiago, auteur emblématique en Argentine. Ce film marque son retour comme cinéaste à Buenos Aires depuis son œuvre majeure visionnaire, Invasion, avant le début de la dictature. L’intégralité du tournage se passe dans cette ville, avec en acteur principal Malik Zidi qui joue le rôle d’un Français fraîchement débarqué dans la ville et qui s’y perdra sous la forme d’un conte, presque fantasmagorique.

Hugo Santiago, réalisateur
« En 1978, j’ai tourné mon film Ecoute voir, avec Catherine Deneuve et Sami Frey, en Panavision anamorphique, et mon choix avait été de le réaliser entièrement avec leur zoom 40-80 mm, utilisé en tant que tel et aussi comme optique fixe.
Le souvenir excellent de cette expérience m’avait poussé à chercher, pour la réalisation du Ciel du Centaure à Buenos Aires, un zoom anamorphique –exigences de format – qui puisse aujourd’hui me donner un rendu comparable selon d’autres nécessités du projet, et voilà que votre nouvel Optimo 56-152 2S est apparu : une bien plus longue gamme optique, une utilisation précise combinant des mouvements d’appareil très complexes avec la complémentarité du zoom, une douceur singulière en même temps que la définition requise, une dynamique considérable, une légèreté physique surprenante (autant sur un Panther ou une grue que sur un Steadicam)…

Je viens de finir le tournage du film, réalisé entièrement avec votre Optimo 56-152 2S –, me servant du 56 mm en tant qu’optique fixe de base et allant jusqu’au 152 mm, pour des très gros plans d’un rendu exceptionnel (naturellement, soulignant la parfaite cohérence des optiques). Je ne devrais pas encore trop m’avancer sur le rendu final, jusqu’au moment de l’étalonnage (nous vous en tiendrons au courant au fur et à mesure) – on peut dire qu’avec mon chef opérateur on a visé des images singulières qu’on ne verra qu’après les travaux de la fin. Mais je crois pouvoir dire que ces images ne ressembleront à aucune autre, intimement liées à la conception du film, et que votre zoom 56-152 y a été pour beaucoup : noblesse de l’outil auquel je prédis " une carrière " remarquable.


Hugo Santiago, à gauche, et Gustavo Biazzi sur le tounage du "Ciel du Centaure" - Photo Pierre Lazarus
Hugo Santiago, à gauche, et Gustavo Biazzi sur le tounage du "Ciel du Centaure"
Photo Pierre Lazarus

Le tournage du Ciel du Centaure vient de se terminer, quelles impressions vous reste-t-il de ce tournage ?
Gustavo Biazzi, directeur de la photographie : Ce fut un apprentissage esthétique. La beauté est parmi nous, dissimulée, cachée, et nous avons besoin de la découvrir, Hugo nous a appris cela.

Quelles étaient les intentions de réalisation sur ce film ?
Transmettre une image de fascination pour Buenos Aires. Combiner une décoration, un visage, un ton de voix, un geste, une couleur et un mouvement dans la scène et le capter avec virtuosité. En fin de compte, exposer la beauté de Buenos Aires cinématographiquement.

Quels sont les critères de sélection qui ont présidé au choix de vos équipements optiques ?
Avec l’aspect que nous voulions pour le film, notre première demande était d’avoir des objectifs anamorphiques. Puis, en analysant le découpage que Hugo nous avait fait sur papier, dans lequel il décrivait avec une grande précision tous les plans du film, nous nous sommes rendus compte que nous avions besoin d’un zoom. Parce que, en sus de simplifier la production par sa versatilité et son coût, il était nécessaire de combiner des déplacements physiques de la caméra avec des déplacements optiques du zoom, pour arriver à atteindre la grande variation dans les valeurs de plans à l’intérieur d’une même prise. Et justement, due à cette variation recherchée, la distance minimale de la mise au point de 0,63 m du zoom était indispensable.

Quels types d’images a-t-il servi ? M. Santiago évoque des images singulières.
La particularité de l’image est donnée par une somme de décisions esthétiques, les mouvements de caméras chorégraphiés, le contrepoint du gris de la ville avec l’emphase faite sur les couleurs qui la traversent. Les formes architecturales, les visages, les costumes, les décors, le contraste. L’image de la fascination, où tout brille sans aveugler, et où un mouvement de caméra compte autant qu’un geste ou qu’un dialogue, une couleur ou une musique.

Hugo Santiago, à gauche, Pablo Villarreal et Juan Aguirre derrière une Arri Alexa équipée du prototype du zoom 56-152 mm - Photo Pierre Lazarus
Hugo Santiago, à gauche, Pablo Villarreal et Juan Aguirre derrière une Arri Alexa équipée du prototype du zoom 56-152 mm
Photo Pierre Lazarus


Quelles qualités avez-vous particulièrement appréciées chez ce zoom : poids, encombrement, performances optiques, colorimétrie etc. ?
Visuellement, la colorimétrie est la première caractéristique remarquable du zoom, il reproduit fidèlement les nuances de ton de la réalité. Mécaniquement, il est exceptionnel, dans des situations de changement brusques de mise au point, l’objectif ne respire jamais. Son poids et son encombrement réduits le différencient évidement du reste des autres zooms anamorphiques, permettant une grande versatilité.

Votre sentiment sur le fait de faire un film entièrement au zoom ?
Pour moi, il n’y a pas de grandes différences optiques entre filmer avec un zoom ou avec des objectifs fixes de haute qualité, la décision passe par des questions de nécessité spécifiques à chaque film.
Les problèmes les plus fréquents que je vois à l’utilisation de zooms sont : l’ouverture maximale du diaphragme, qui est un désavantage en comparaison avec les optiques fixes. Mais, actuellement, avec la sensibilité extraordinaire des caméras digitales, c’est de moins en moins significatif. Et la respiration entre les changements de focale, ce qui, dans le cas du zoom Angénieux est écarté parce qu’il n’a pas de problème.

Pouvez-vous nous dire quand doit sortir le film et quelle sera sa distribution ?
Nous visons une sélection dans un grand festival. La distribution française sera faite par Epicentre films.