Voici venu le temps

Bien qu’accompagné d’une critique plutôt porteuse et malgré sa présence à la Quinzaine des réalisateurs il y a deux ans, le premier long métrage d’Alain Guiraudie Pas de repos pour les braves n’a pas rassemblé le public qu’il méritait... Monter son projet suivant fut donc difficile, bien qu’épaulé par Les Films Pelléas dès l’écriture.

Nous sommes allés de désillusions en désillusions quant aux financements de ce second film. Je dis « nous » car je connais Alain depuis plus de 10 ans, nous sommes amis et il m’a toujours tenu au courant des avancés de ses projets.
En juillet dernier, Géraldine - des films Pelléas - nous a soumis les conditions plus que drastiques pour tourner ce film. Je passe sur les salaires, mais nous devions tourner en quatre semaines ! Alain, lui-même, hésitait à embarquer son équipe dans une aventure pareille. Mais tous ceux qui avaient rencontré Alain sur son précédent film étaient dans les " starting-blocks ", attendant avec impatience une nouvelle aventure " guiraudienne ", tant la précédente avait été une fête pour nous tous. Presque tous - l’équipe ayant forcément été réduite - ont plongé dans ce schuss de quatre semaines qui fut éprouvant.

Techniquement parlant, chers collègues, la particularité du scénario était de comporter de nombreuses scènes de nuit en plans larges dans la nature, avec quelques bagarres mais aussi des scènes d’amour. Les nuits américaines, avec des rendus divers, un peu artificiels et étranges, convenaient parfaitement à l’univers du film. Nous en avons tourné en intérieur comme en extérieur. Elles nous ont évité aussi les lourds tournages de nuit qui nous étaient interdits. Nous avions déjà pratiqué cette technique sur le précédent film d’Alain, mais en suivant totalement la chaîne argentique classique, ce qui nous avait beaucoup contraints au cadre. Pour ce film, nous voulions pouvoir tourner librement, avec de la bagarre en caméra portée, du ciel dans le champ, des axes lumières plus souples. Nous sommes donc passés par un scan et un étalonnage numérique chez Mikros, mais seulement dans les cas strictement nécessaires au regard du budget du film... La difficulté a donc été de mélanger des séquences de nuit américaine " classiques ", avec d’autres passées par la chaîne numérique.

Je regrette de n’avoir pas pu tourner ce film en 35 mm étant donné le goût prononcé d’Alain pour les plans très larges. Un peu plus de temps et de moyens nous auraient également permis de travailler au traitement " en douceur " des interpositif et internégatif pour réduire le contraste des copies finales. Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’univers particulier d’Alain Guiraudie, je vous encourage vivement à y aller dès le 13 juillet.

Nous avons tourné en Kodak 7212 et 7218 avec une Arri SR III, une série Zeiss GO et un Zoom Canon 11,5-138 mm. Le labo était GTC, Mikros a fait le travail numérique sur certaines nuits américaines. L’étalonnage a été fait par Christophe Bousquet. Pascal Doyen était aux lumières et Nicolas Eon à la machinerie. Eline Kischfink et Laurent Pauty se sont relayés au point.

Équipe

Assistants caméra : Eline Kischfink et Laurent Pauty
Chef électricien : Pascal Doyen
Chef machiniste : Nicolas Eon

Technique

Pellicules : Kodak 7212 et 7218
Caméra : Arri SR III
Optiques : série Zeiss GO et zoom Canon 11,5-138 mm. _ Laboratoire : GTC
Postproduction numérique : Mikrosimage (nuits américaines)