Willy Kurant, AFC, ASC, s’entretient avec Antonio Riestra, président de l’AMC

La Lettre AFC n°168

Lors du dernier festival de Cannes, l’AFC a reçu Antonio Riestra, président de l’AMC (association mexicaine des directeurs de la photo), au pavillon AFC-CST. A l’occasion de cette visite, Willy Kurant s’est entretenu avec lui.

Willy Kurant : Antonio qui êtes-vous ?

Antonio Riestra : Je m’appelle Antonio Riestra et je suis président de l’AMC, l’association mexicaine des directeurs de la photographie. L’AMC comprend 40 membres dont, entre autres, Emmanuel Lubezki, Rodrigo Prieto, Guillermo Navarro. Cette association est très jeune, elle a 12 ans.

Willy Kurant et Antonio Riestra sur le terrasse AFC-CST - Photo Jean-Noël Ferragut
Willy Kurant et Antonio Riestra sur le terrasse AFC-CST
Photo Jean-Noël Ferragut

WK Il est difficile de vous comparer à d’autres associations européennes. Les directeurs de la photo mexicains sont de véritables stars aux USA. Comment expliquez-vous cela ?

AR C’est tout d’abord une aventure commune avec les réalisateurs.
Nous représentons l’image " latino " dans le monde. Nous ne sommes plus des travailleurs saisonniers. Il y avait une tradition mexicaine incarnée par Gabriel Figueroa qui est une référence pour nous.

WK Ces DoP avaient un style classique, aux ciels contrastés des films d’Emilio Fernandez. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est que les DoP mexicains sont considérés parmi les meilleurs au monde.

AR Parmi les meilleurs, en effet. Nous avons instauré un nouveau style de prise de vues, une nouvelle vague. Quand par exemple Rodrigo Prieto a tourné Amores perros, il a utilisé une pellicule 800 ISO, traitement sans blanchiment, entièrement tourné à l’épaule. Tourner à l’épaule marquait le début de cette nouvelle vague au Mexique.

WK Au Mexique, car cette façon de tourner était utilisée depuis longtemps en Europe. Aujourd’hui, nous avons tenté de revenir aux sources des années 1960 avec certes un matériel plus moderne, je pense en particulier au travail d’Eric Gautier ou de Stéphane Fontaine.

AR Au Mexique, je pense à Lubezki dont la photo est très romantique. Dans le film de Tim Burton, Sleepy Hollow, il touche à l’essence même de ce monde.

WK J’ai tourné au Mexique, il y a quelque temps. Je me souviens que l’on ne trouvait pas beaucoup de matériel lumière. En voyant Sleepy Hollow, on sait que la quantité de lumière était importante. Comment Lubezki a-t-il fait ? Sleepy Hollow a été tourné aux Etats-Unis loin du minimalisme imposé par des conditions matérielles faibles au Mexique.

AR Aujourd’hui, que ce soit avec EFD la plus importante maison de location Arri à Mexico, ou Panavision, on trouve ce que l’on veut au Mexique. Les maisons de location s’agrandissent d’années en années et mettent un point d’honneur à nous fournir ce que l’on demande, quitte à faire venir le matériel d’Hollywood.
N’oublions pas Guillermo Navarro, qui a fait un aller retour via Hollywood, de Cronos de Guillermo del Toro aux films à petit budget de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino à L.A. où il vit, pour enfin, dans un style de photo sophistiqué près d’un réalisme magique, tourner Le Labyrinthe de Pan de del Toro qui lui a valu un Oscar.

WK Vous vivez à Prague, comment est-ce compatible avec la présidence de l’AMC ?

AR Je suis tombé amoureux de la lumière de Prague, de la culture, j’avais besoin de ce choc culturel.
Notre association est composée d’un comité exécutif de cinq membres, nous nous remplaçons facilement. De plus je reviens tous les 3 mois à Mexico.
L’AMC est essentiellement parrainée par Kodak et les maisons de location. Nous ne sommes pas très riches et nos cotisations nous permettent de maintenir notre bureau.
Mais nous allons développer une collaboration avec le Festival de Morelia.
Nous voudrions instaurer un prix de la photo attribuée par des DoP.

WK Comment voyez-vous les relations entre l’AMC et Imago.

AR Nos relations avec Imago peuvent apporter beaucoup et font envisager une assemblée mondiale des DoP.
Nous pourrions donner des conseils, recommander des techniciens ou des ouvriers pour un tournage et, en retour, recevoir des conseils quand nous tournons à l’étranger.
Et, à travers les Master Class, nous avons là une occasion extraordinaire de nous connaître et de croiser nos expériences, de monter comment l’on travaille ailleurs.

Kimberly A. Snyder, Kodak Rochester, Laurent Chalet, AFC, Willy Kurant, AFC, Thierry Perronnet, Kodak Genève, et Antonio Riestra, AMC - lors d'un déjeuner à L'appart'ement Kodak (Cannes 2007)<br class='manualbr' />Photo Jean-Noël Ferragut
Kimberly A. Snyder, Kodak Rochester, Laurent Chalet, AFC, Willy Kurant, AFC, Thierry Perronnet, Kodak Genève, et Antonio Riestra, AMC
lors d’un déjeuner à L’appart’ement Kodak (Cannes 2007)
Photo Jean-Noël Ferragut