Camerimage 2021

Retour sur la Conférence Zeiss "Filming Women"

"Filming Women". L’intitulé de la conférence Zeiss cette année avait de quoi laisser songeur. Le monde du cinéma vit depuis plusieurs années une profonde remise en question sur la place de la femme, et le continent cinématographie est au cœur du séisme. Des plateaux aux écrans, les femmes sont non seulement de plus en plus nombreuses, mais surtout de plus en plus importantes, occupant des places de cheffe de poste ou des premiers rôles. Dès l’ouverture de ce festival, avec la double projection de The Tragedy of MacBeth, de Joel Coen, photographié par Bruno Delbonnel, AFC, ASC, et de Madres parralelas, de Pedro Amodovar, photographié par José Luis Alcaine, le ton était annoncé : les actrices y ont des rôles de composition, même quand elles ont plus de quarante ans, et cela n’empêchera plus les chefs opérateurs et cheffes opératrices de proposer un travail de mise en lumière expressif, sensible, parfois très stylisé, contrasté, et sans concessions. (MC)

Retour sur la Conférence Angénieux "The Optimo Collection"
Menée par Dominique Rouchon, Jean-Yves Le Poulain, Séverine Serrano et Christophe Remontet

Les optiques du constructeurs français Angénieux sont reconnues par les chefs opérateurs du monde entier. À l’occasion d’une conférence pendant le festival Camerimage, le constructeur est revenu sur son histoire, ses valeurs et ses succès auprès des chefs opérateurs les plus prestigieux. C’était également l’occasion de mettre en lumière la dernière série de zooms Optimo Ultra Compact, ainsi que de revenir sur la grande originalité de la série de focales fixes Optimo Prime.

Au palmarès du 29e Camerimage

Lors de la cérémonie de clôture de Camerimage 2021, samedi 20 novembre dans la Grande salle du CKK Jordanki, à Toruń (Pologne), le jury, présidé par le réalisateur Joe Wright, a annoncé le palmarès de cette 29e édition. La Grenouille d’or a été attribuée au film C’mon C’mon, de Mike Mills, photographié par Robbie Ryan, ISC, BSC – fim qui a aussi reçu le Prix du public –, celle d’argent à The Tragedy of Macbeth, de Joel Coen, photographié par Bruno Delbonnel, AFC, ASC, et celle de bronze à Dune, de Denis Villeneuve, photographié par Greig Fraser, ACS, ASC.

Entretien avec Martin Ruhe, ASC, à propos de "The Tender Bar", de George Clooney
Entretien filmé, en anglais, par François Reumont, pour l’AFC

Martin Ruhe, ASC, a été le directeur de la photo de plusieurs films dirigés ou interprétés par George Clooney. Parmi ceux-ci, on peut citer The American, d’Anton Corbijn, Midnight Sky ou cette année The Tender Bar, tous deux réalisés par la star. Ce dernier film, tourné durant le confinement de 2020, est le portrait, dans les années1980, d’une famille de Long Island avec, comme narrateur et personnage principal, un garçonnet de huit ans (le jeune Daniel Ranieri, qui joue ici pour la première fois de sa vie). Ben Affleck interprète l’oncle idéal, tandis que Christopher Lloyd y campe un grand père facétieux. Une sorte de chronique douce amère de l’Amérique de ces années-là... (FR)

Frank van den Eeden, NSC, SBC, parle de son travail sur "Animals", de Nabil Ben Yadir
Entretien filmé, en anglais, par François Reumont, pour l’AFC

Film coup de poing qui n’est pas sans rappeler le cinéma radical de Gaspard Noé, Animals, de Nabil Ben Yadir, traite d’un sujet brûlant, la haine envers les homosexuels. Tourné avec un dispositif à la fois minimaliste et très réfléchi, Frank van den Eeden, NSC, SBC, vient nous faire part de ses sentiments sur ce film, en Compétition principale, qui ne devrait laisser personne indifférent. (FR)

Eva Sehet évoque sa collaboration avec le réalisateur Wilmarc Val sur le court métrage documentaire "Brave"

Pour ce dernier jour de compétition dans la compétition Courts métrages documentaires, Brave nous emmène dans un voyage mystique en Haïti, dans les pas de Cébé, fille d’une prêtresse vaudou venue rendre un dernier hommage à sa mère disparue. Le film fait cohabiter d’envoûtantes célébrations vaudous vécues de l’intérieur avec l’intimité douloureuse d’un deuil, d’un voyage dans le passé où Cébé retourne dans le village qui l’a vu naître et qu’elle a quitté pour élever ses enfants en France. Ayant grandit entre ces deux mondes, le réalisateur Wilmarc Val, fils de Cébé, nous livre un portrait poignant de sa mère à travers ce documentaire photographié par Eva Sehet. La cheffe opératrice nous parle de son étroite collaboration avec le réalisateur et des choix cinématographiques qu’ils ont faits pour mettre en image ce récit fort. (MC)

Entretien avec Sean Ellis, réalisateur et DoP de "Eight for Silver"
Filmé, en anglais, par François Reumont, pour l’AFC

Eight For Silver est une variation sur le thème de la malédiction tzigane et celui de la bête du Gévaudan. Prenant comme décor un village français à la fin du 19e siècle, Sean Ellis en a à la fois assuré l’écriture, la réalisation et la mise en image. Ce film d’horreur très premier degré a été tourné intégralement en France en décors naturels et sur le plateau de Transpaset Angoulême, entre 2019 et 2020. Le réalisateur-directeur de la photographie nous parle de ce tournage en deux parties un peu particulier. (FR)

Flash-back sur la "Rencontre avec Bruno Nuytten"
Par David Quesemand, AFC

Le Feu follet, de Louis Malle, photographié par Ghislain Cloquet (1963) est le premier extrait en hommage à son professeur de l’Insas. La précision de la mise en scène et du découpage frappe. Un petit détour technique sur le développement rapide choisi par G. Cloquet pour obtenir cette douceur de gamma, cette finesse des niveaux de gris dont la copie trop contraste ne rend pas du tout compte.

Andrew Droz Palermo évoque son travail sur "The Green Knight", de David Lowery
Un entretien filmé, en anglais, par François Reumont pour l’AFC

Dans la famille des films de Chevaliers de la Table Ronde, je voudrais... The Green Knight ! Une nouvelle variation sur le thème de la quête, qui met en lumière le personnage moins connu de Sire Gauvain (incarné par Dev Patel, l’acteur britannique d’origine hindi popularisé par Slumdog Millionaire). Andrew Droz Palermo, directeur de la photo californien, vient ici prêter main forte à son complice David Lowery (Les Amants du Texas, A Ghost Story) pour filmer cette histoire mystérieuse qui puise autant dans l’univers de la chevalerie que celui du film fantastique...

Sylvain Verdet raconte son aventure expérimentale sur le court métrage documentaire "Pacifico Oscuro", de Camila Beltrán

Pacifico Oscuro est un film atypique, à la croisée des mondes entre fiction, documentaire et film expérimental. Filmé en Colombie, il propose un voyage fantasmagorique basé sur des éléments du réel (des incendies ayant ravagé la région, un groupe de jeunes adolescentes musiciennes). Sylvain Verdet, connu notamment pour ses collaborations avec Clément Cogitore, a assuré la photographie du projet, dans une démarche sensible et innovante, au plus proche des enjeux et des nécessités du tournage. Il nous raconte son expérience et son point de vue de chef opérateur, à l’occasion de la présentation du film à Camerimage, ce vendredi, dans la compétition Court métrages documentaires. (MC)

"Mask"
"... and the sun shining on my face", par Clément Colliaux, ENS Louis-Lumière

A l’occasion de la présence, au 29e Camerimage, d’étudiants de l’ENS Louis-Lumière, de La Fémis et de la CinéFabrique, l’AFC leur propose de contribuer d’une manière ou d’une autre aux articles publiés sur le site. Clément Colliaux, étudiant à l’ENS Louis-Lumière, continue son aventure rédactionnelle en revisitant la cinématographie de Peter Bogdanovich, associée ici, avec Mask, à celle de László Kovács, ASC (1933-2007).

Xavier Dolléans, AFC, évoque le tournage des six épisodes de "Germinal", de David Hourrègue
Des noirs bien charbonneux

Partenaire de longue date du réalisateur David Hourrègue, le directeur de la photographie Xavier Dolléans, AFC, l’a déjà suivi sur plusieurs séries comme "Cut" (France Ô) ou "Skam" (France TV Slash). Le duo s’étant bâti une certaine réputation grâce au succès de ces programmes, c’est avec la même équipe de production qu’ils se sont lancés sur leur première "grosse machine". En l’occurrence une nouvelle adaptation en six épisodes du roman "Germinal", tournés pour 12 millions d’euros. Une série diffusée en clair par France Télévisions qui est un des événements d’octobre 2021 pour la chaîne du service public. C’est aussi un événement pour Xavier, puisqu’il est pour la première fois en compétition à Toruń pour la meilleure image de pilote TV. (FR)

Karina Silva revient sur ses choix pour filmer "No Man of God", d’Amber Sealey
Sympathie pour le diable

No Man of God est une sorte de huis clos dans une cellule d’interrogation entre un agent du FBI et un tueur en série, adapté des enregistrements authentiques effectués par Bill Hagmaier lors de ses entretiens avec Ted Bundy. La réalisatrice Amber Sealey et sa directrice de la photographie Karina Silva ont dû mettre en place des stratégies de mise en scène et d’image pour traiter ces séquences qui se ressemblent toutes sur le papier et trouver le rythme du film. No Man of God est en compétition cette année à Toruń dans la catégorie "Meilleure première photographie pour un film." (FR)

Séance de Q&R avec Matias Boucard, AFC, à propos du film "Eiffel", de Martin Bourboulon

Dans le biopic historique Eiffel, Martin Bourboulon fait se heurter la grande et la petite histoire. Car si la trame de fond du scénario reste la construction de la célèbre tour, le film met plutôt l’accent sur l’histoire d’amour vécue parallèlement par Gustave Eiffel. À l’image, Matias Boucard, AFC, navigue avec une grande maîtrise entre la délicate intimité de cette romance interdite et la grandiloquence métallisée du projet visionnaire qui a changé l’image de Paris à tout jamais. Présenté à Camerimage en compétition principale, Matias Boucard est revenu sur les principaux défis que lui ont posé ce film et les solutions qu’il y a trouvées, lors d’une séance de Q&R. (MC)

Séance de Q&R avec Marcel Zyskind, DFF, à propos du film "As In Heaven", de Tea Lindeburg

Présenté en sélection "Contemporary Wolrd Cinema", As In Heaven est le premier long métrage de la réalisatrice dannoise Tea Lindeburg. Elle est accompagnée à la photographie par Marcel Zyskind, DFF. Le film, porté par un casting principalement d’enfants, tourné en pellicule, à petit budget et s’articulant autour d’un sujet tabou est, malgré tous ces périls, une réussite totale, révélant l’admirable regard de Marcel Zyskind, à la fois pudique et grandiose, dans un 35 mm granuleux et ensoleillé. Le film navigue entre rêve et réalité, s’astreignant à la plus stricte subjectivité du regard porté par une enfant sur des éventements dont l’ampleur la dépasse et qui pourtant bouleverseront sa vie. Le chef opérateur, grand habitué du festival, et la réalisatrice étaient présents lundi pour répondre aux questions du public après la première projection du film. (MC)