Histoire de la cinématographie

Disparitions de John Bailey, ASC et de Victor J. Kemper, ASC
Par Marc Salomon

Nous avons appris la disparition de John Bailey, ASC, juste au moment où le festival Camerimage de Toruń s’apprêtait à lancer sa 31e édition. Le plus européen des chefs opérateurs américains s’est éteint le 10 novembre, à Los Angeles, à l’âge de 81 ans. Deux semaines plus tard, le 27 novembre, c’est Victor J. Kemper, ASC, un des artisans du renouveau du cinéma américain des années 1970, qui nous quittait à l’âge de 96 ans. Revenons sur les grandes lignes de deux carrières parallèles qui expriment deux sensibilités différentes dans le cinéma américain.

Retour sur "L’invention de la caméra Éclair 16", une étude de Vincent Sorrel

Mille huit cent quatre-vingt-quinze (1895), revue périodique exclusivement consacrée à l’histoire du cinéma et éditée par l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma (AFRHC), a publié, dans son numéro 82 (2017), une intéressante étude intitulée "L’invention de la caméra Éclair 16 : du direct au synchrone", sous la plume de Vincent Sorrel, cinéaste et maître de conférences en Création artistique à l’Université Grenoble Alpes.

Owen Roizman, ASC, 1936-2023

L’ASC (American Society of Cinematographers) a publié sur son site, le 21 mai dernier, un article de David E. Williams en mémoire du directeur de la photographie Owen Roizman, ASC, décédé le 6 janvier 2023 à l’âge de 86 ans. Son travail à la caméra lui a valu de nombreuse récompenses, dont cinq nominations à l’Oscar de la Meilleure photographie pour les films The French Connection (1971) et L’Exorciste (1973), de William Friedkin, Network - Main basse sur la TV, de Sidney Lumet (1976), Tootsie, de Sydney Pollack (1982), et Wyatt Earp, de Lawrence Kasdan (1994).

Disparition de Bill Butler, ASC (1921-2023)
Par Marc Salomon

Décédé l’avant-veille de ses 102 ans, Bill Butler était de la même génération que ses confrères William Fraker ou Haskell Wexler et à peine plus âgé que Conrad Hall. De son vrai nom Wilmer C. Butler, il était né le 7 avril 1921 dans le Colorado. Venu tardivement à la direction de la photographie – il a déjà 47 ans lorsqu’il tourne Les Gens de la pluie, de Francis Ford Coppola, en 1968 –, Bill Butler laisse son empreinte sur quelques films qui restent des marqueurs d’un certain cinéma américain des années 1970 : Conversation secrète, Les Dents de la mer, Grease, Rocky II (puis III et IV). Mais soucieux de ne pas se laisser enfermer dans un genre ou un style, il s’est quelque peu fourvoyé dans des productions commerciales, plus propices à anonymiser son talent.

Hommage à Jean Penzer
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

Né le 1er octobre 1927 à Livry-Gargan, de parents d’origine russe. Son père était né à Krisilo (aujourd’hui en Ukraine) et sa mère à Vitebsk (aujourd’hui en Biélorussie). Ils s’étaient connus à Odessa avant de venir s’installer en France, en 1911, où ils obtiendront la naturalisation en 1928. Jean-Bernard Penzer avait étudié le cinéma à l’école de Vaugirard entre 1945 et 1947 (dans la même promotion que Jean Boffety, Pierre Tchernia, Georges Leclerc, René Mathelin et Georges Dufaux) avant de travailler comme assistant opérateur entre 1947 et 1955.

Willy Kurant, AFC, ASC, ou l’excellence d’une modernité mâtinée de classicisme
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

Willy Kurant nous a quittés le 1er mai, à l’âge de 87 ans. Venu du reportage TV, caméra 16 ou 35 mm à la main, passé quelques mois par les studios de Pinewood à Londres avant de rejoindre la France où il démarra sa carrière de directeur de la photographie dans la mouvance de la Nouvelle Vague, Willy Kurant excellait dans des registres pourtant diamétralement opposés : de Trans-Europ-Express (façon reportage, sans éclairage sinon parfois une Flood dans un parapluie blanc) à Charlotte For Ever (violentes directions de lumière et puissants contre-jours qui transpercent la pénombre).

Giuseppe "Peppino" Rotunno, AIC, ASC, lève l’ancre...
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

C’est un des derniers géants de la cinématographie qui vient de disparaitre, le 7 février 2021, à l’âge de 97 ans. Magicien des lumières, maître de l’artifice, coloriste baroque et raffiné, Giuseppe Rotunno appartenait à cette génération des grands artisans longtemps formés au sein du système des studios, rompus à toutes les techniques et capables d’interpréter avec la même maestria des univers très différents. Tout au long de sa carrière, Rotunno aura ainsi perpétué une certaine conception de l’image qui se garde de tout naturalisme, préférant affirmer avec talent, mais aussi une grande liberté, le caractère "fabriqué" de toute œuvre cinématographique.

Disparition de Michael Chapman, ASC (1935 - 2020)

Le directeur de la photographie Michael Chapman, ASC, nous a quittés, le 20 septembre dernier, à l’âge de 84 ans. Exfiltré du fret ferroviaire par son beau-père Joseph Brun, ASC, il avait été ensuite formé par Gordon Willis, ASC, avant de s’affirmer comme un des acteurs majeurs du renouveau de l’image américaine dans les années 1970-80 avec Taxi Driver et Raging Bull, de Martin Scorsese, en point d’orgue.

"Laci és Vili" - Un docu-fiction sur l’Ecole hongroise de la cinématographie

Laci et Vili sont les diminutifs de Laszlo (Kovacs) et de Vilmos (Zsigmond). Ce docu-fiction de 52’ – conçu et tourné par la HSC (Association hongroise des directeurs de la photographie), réalisé par Emil Novák, avec Lajos Koltai, HSC, ASC, comme narrateur –, prend prétexte du parcours de ses deux plus illustres représentants pour évoquer l’enseignement que dispensait la célèbre école de cinéma de Budapest au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

"Le Toit de la baleine", de Raoul Ruiz, photographié par Henri Alekan
François Ede se souvient...

Dans le cadre de sa plateforme Internet "Henri", la Cinémathèque française propose de redécouvrir ce film de Raoul Ruiz, tourné en Hollande, en 1982. Le Toit de la baleine est une fable ethnographique censée se situer dans d’improbables paysages de Patagonie. Nous avons demandé à François Ede, qui participa au tournage ainsi qu’à la restauration du film en 2016, de se replonger dans ses souvenirs afin de revenir, en particulier, sur le travail d’Henri Alekan, toujours audacieux et inventif.

Disparition du directeur de la photographie Allen Daviau, ASC
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

Allen Daviau s’est éteint le 15 avril 2020, à l’âge de 77 ans, des suites de complications dues au Covid-19. Sa carrière restera intimement liée à celle de Steven Spielberg dont il fut le premier collaborateur sur des courts métrages à la fin des années 1960 avant la reconnaissance internationale quinze ans plus tard, quand il signera la photo de E.T., l’extraterrestre. Tout au long de sa carrière, il avait été nommé cinq fois pour l’Oscar de la Meilleure photographie, sans jamais remporter la précieuse statuette.

Cinq directeurs de la photographie et l’histoire de leur vie

Le site Internet anglais "Web of Stories" propose de voir et d’entendre des personnalités influentes dans leur domaine raconter l’histoire de leur vie. D’abord consacré aux scientifiques, ce site s’est ensuite élargi à d’autres territoires (littérature, arts...). Cinq éminents directeurs de la photographie, dont Raoul Coutard, ont eu, à ce jour, les honneurs de ce site d’archives audiovisuelles.

Panorama des publications de quelques associations de directeurs de la photographie
Par Marc Salomon

Si pratiquement toutes les associations de directeurs de la photographie à travers le monde possèdent un site Internet plus ou moins actif, une infime minorité d’entre elles proposent une publication papier (mensuelle, bimestrielle ou trimestrielle) et encore moins permettent l’accès à une version électronique (PDF ou autre) téléchargeable gratuitement ou moyennant une souscription.

Disparition du directeur de la photographie Renan Pollès, artiste protéiforme

Renan Pollès, directeur de la photographie et réalisateur, mais aussi écrivain, artiste contemporain et passionné d’archéologie, nous a quittés le 23 octobre 2019 à l’âge de 76 ans. On se souviendra du raffinement de sa photographie pour les films de Michel Andrieu et de Pascal Thomas comme des points de repères émergeant d’une filmographie qui préféra souvent emprunter les chemins de traverse, à l’écart d’un cinéma mainstream, par fidélité à des artistes cinéastes dont l’univers recoupait son goût pour le fantasque et l’imaginaire : Jean-Michel Barjol, Jean Rollin, Robert Lapoujade, Yvan Lagrange, Jacques Robiolles...

Disparition du chef opérateur et réalisateur hongrois Sándor Sára, HSC
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

Chef opérateur hongrois majeur des années 1960-70, œuvrant autant dans le domaine du documentaire que celui de la fiction, Sándor Sára avait signé son chef d’œuvre en 1967 avec Dix mille soleils, de Ferenc Kósa. En 1977, il réalisa et signa la photographie de Quatre-vingt hussards, épopée lyrique et historique sur la révolution de 1848. Il est décédé le 18 septembre 2019, à l’âge de 85 ans.

Pierre Lhomme, de Sidney Bechet à "la lumière du bon Dieu"

La carrière de Pierre Lhomme traverse près de cinquante ans de cinéma français, passant avec la même aisance et les mêmes exigences d’Alain Cavalier à Chris Marker, de Jean Eustache à James Ivory, de Joris Ivens à René Féret, de Jean-Pierre Melville à Jean-Paul Rappeneau, de Marguerite Duras à Patrice Chéreau, de Robert Bresson à Bruno Nuytten…, collaborations riches par leur diversité qui se nourrissent d’une observation attentive et ininterrompue de la lumière naturelle sous toutes ses formes : « Je fais mon œil partout, dans la rue, au cinéma. Je suis très curieux de regards, d’ambiances, de climats. La réalité est une source d’inspiration prodigieuse ». (P. L.)

Disparition de Jerzy Wójcik, PSC (1930 - 2019)
Par Marc Salomon, membre consultant de l’AFC

C’est avec un certain retard que nous avons appris la disparition, le 3 avril 2019, du très grand chef opérateur polonais Jerzy Wójcik auquel on doit l’inoubliable noir et blanc d’Eroica (Andrzej Munk, 1957), de Cendres et diamant (Andrzej Wajda, 1958) et Mère Jeanne des Anges (Jerzy Kawalerowicz, 1960), ainsi que le traitement particulier de la couleur pour le monumental Pharaon (Jerzy Kawalerowicz, 1965). Au même titre que Mieczyslaw Jahoda, Jerzy Lipman et Witold Sobociński, il était le dernier survivant de cette génération des grands noms de l’image polonaise d’après-guerre, tous formés à l’école de Łódź.