Eduardo Serra aurait, bien sûr, voulu rendre hommage à Pierre dont il fut assistant à ses tout débuts. Il ne peut pas le faire avec ses mots actuels mais c’est ainsi qu’il exprimait souvent son admiration pour lui, même à l’étranger.
« Je ne suis pas entré dans le cinéma par amour de l’image, j’ai fait de l’image par amour du cinéma. » Pierre Lhomme La première fois que je vois Pierre Lhomme, c’est à l’été 1970 sur le Pont-Neuf. Il tourne avec Robert Bresson Quatre nuits d’un rêveur. C’est en août mais les soirées sont glaciales et toute l’équipe est couverte de vêtements chauds. Elle est peu nombreuse et travaille en silence. Et curieusement, malgré la nuit, avec peu de matériel d’éclairage.
D.A. Pennebaker (Donn Alan Pennebaker) nous a quittés à l’âge de 94 ans. Oscar d’honneur en 2013, il fut un des pionniers du Cinéma Direct ou, comme disait Edgar Morin, du "Cinéma Vérité". Pennebaker faisait partie avec Richard Leacock et Albert Maysles d’un groupe de cinéastes new-yorkais avant-gardiste. Ils ont abordé la question de la caméra auto-silencieuse portable avec son synchrone pour saisir cette émouvante réalité humaine.
Dans le cadre de leurs cycles de réflexion sur le cinéma "Les Dimanches de Varan", les Ateliers Varan ont rendu hommage, le 16 juin 2019, à Jean-Pierre Beauviala. La matinée était animée par Eliane de Latour et Elisabeth Kapnist, réalisatrices, avec la participation de Claire Simon, réalisatrice, Jean-Noël Cristiani et François Pain, réalisateurs, et Jean Umansky, chef opérateur du son.
Pierre Lhomme, AFC, notre Président d’Honneur, nous a quittés. Il était une des figures tutélaires de notre association et jusqu’au plus bel âge, n’a jamais manqué d’assister à un CA quand son agenda parisien et sa santé le lui permettaient. Et n’avait pas peur de donner son avis.
En 1980, quand je suis venu pour Quartet, le premier long métrage que j’allais tourner en France, je n’ai pas emmené mon chef opérateur anglais, Walter Lassally. Lui et moi avions déjà tourné cinq films ensemble, mais peut-être était-il déjà pris sur un autre film. Humbert Balsan, l’un des producteurs de Quartet, m’a recommandé Pierre Lhomme.
C’était bien avant le début des années 1990 et mon arrivée à l’AFC, je ne faisais pas partie des connaissances de Pierre Lhomme mais j’ai souvenir d’être tombé en admiration, comme d’autres apprentis opérateurs de ma génération, devant les images de Quatre nuits d’un rêveur (1971), La Chair de l’orchidée (1974), L’Ombre des châteaux (1976), Mortelle randonnée (1983), par exemple. Que chaque film puisse donner aux petits jeunots de notre espèce l’impression d’un "sans faute", il semblait évident que l’opérateur derrière sa cellule et son verre de contraste fût un Monsieur.
La carrière de Pierre Lhomme traverse près de cinquante ans de cinéma français, passant avec la même aisance et les mêmes exigences d’Alain Cavalier à Chris Marker, de Jean Eustache à James Ivory, de Joris Ivens à René Féret, de Jean-Pierre Melville à Jean-Paul Rappeneau, de Marguerite Duras à Patrice Chéreau, de Robert Bresson à Bruno Nuytten…, collaborations riches par leur diversité qui se nourrissent d’une observation attentive et ininterrompue de la lumière naturelle sous toutes ses formes : « Je fais mon œil partout, dans la rue, au cinéma. Je suis très curieux de regards, d’ambiances, de climats. La réalité est une source d’inspiration prodigieuse ». (P. L.)
Pierre, c’est le prénom de mon frère jumeau… Lhomme, c’est peut-être le plus beau des noms de famille... Pierre Lhomme, c’est un cinéaste qui m’a donné un jour l’envie d’essayer de raconter à mon tour des histoires avec des cadres, de la lumière et des ombres…
Dans ce petit monde du cinéma, on se connaît tous, enfin presque. Il y a ceux qui ont fréquenté les mêmes écoles, ceux de votre réseau. Il y a ceux avec lesquels on a noué des liens d’amitié, de fidélité. Et puis, beaucoup plus rares, il y a ceux de votre famille.
Évoquer Pierre Lhomme, c’est plonger dans un passé qui commence à mes années d’études à l’IDHEC, de 1957 à 59, où Ghislain Cloquet, pour nous familiariser avec le milieu du cinéma, nous présenta Pierre Lhomme, Jean-César Chiabaut, Sacha Vierny, Chris Marker, Yann Le Masson et d’autres.
A la suite du décès de Pierre Lhomme, de nombreux témoignages sont parvenus à l’AFC. Nous publions ici certains de ces témoignages, plutôt brefs, messages de directeurs de la photographie membres de l’association, dont il était le président d’honneur, suivis de ceux de connaissances l’ayant côtoyé et de quelques institutions.
Dans le texte qui suit, le directeur de la photographie Renato Berta revient sur le travail de Pierre Lhomme en évoquant quatre films qu’il admire particulièrement et dont il tente d’élucider la justesse et la beauté de la cinématographie.
Lors d’une projection AFC à La fémis, le 3 octobre 2005, Pierre Lhomme était intervenu pour présenter le film, et son travail de restauration effectué l’année précédente. Après la projection, il a répondu aux questions de ses collègues. La retranscription de ses propos ci-dessous a été publiée en 2006 dans le n° 1 de la revue Lumières / les cahiers AFC.
J’ai rencontré Bruno de Keyzer dans des conditions un peu particulières. Après sept films enthousiasmants avec Pierre-William Glenn et un grand nombre de réussites (Le Juge et l’assassin, La Mort en direct, Coup de torchon, Une semaine de vacances n’ont pas pris une ride visuellement), j’ai eu l’impression que l’on risquait de se répéter et que, pour un temps, je devais trouver quelqu’un de neuf. Par goût du défi, de l’aventure.
Qu’est-ce qu’il faut pas inventer pour voir de près un artiste qu’on admire au travail ? Grande solitude avant Camille Claudel. Très lourd à porter. L’Armée des ombres me poursuivait depuis un bon moment. Il me fallait un allié de taille et qui me surprenne. Comme prétexte, je n’avais rien trouvé de mieux.
Bruno de Keyzer a été 2e, puis 1er assistant sur plusieurs films que j’ai tournés. Nous jouions au tennis ensemble. Gentil, généreux, c’était un charmeur. Il séduisait parce qu’il donnait toujours l’impression de s’intéresser à la vie des gens auxquels il s’adressait. Très drôle, beaucoup d’esprit, il aimait rire et faire rire, apportant de la bonne humeur dans l’équipe, si bien qu’il semblait peu sérieux, prenant tout à la légère.
Les directrices et directeurs de la photographie de l’AFC ont la très grande tristesse de faire part du décès de Pierre Lhomme, premier président et président d’honneur de l’AFC, survenu le 4 juillet 2019, à Arles, dans sa quatre-vingt-dixième année. Les images de ce maître de l’argentique auront illuminé jusqu’à la perfection le cinéma pendant près de cinquante ans.