Donc, en fait, on arrive comme des fleurs en ayant réfléchi un petit peu pendant quinze jours, en ayant rédigé un truc, et on le propose à des gens qui ont négocié pendant sept ans. Donc rien que pour ça, on va se faire retoquer.
J’ai été très touché d’entendre le désarroi de quelques étudiants des départements dits " instrumentaux " de La fémis. Tout à coup, le rêve qu’ils faisaient, pour certains depuis longtemps, de faire partie de la " grande famille du cinéma " se confrontait à la dure réalité des intérêts particuliers et commerciaux et des egos singulièrement surdéveloppés de certains.
La Convention collective du 19 janvier 2012 a été étendue dès ce mois de juillet mais son entrée en vigueur est différée au 1er octobre pour laisser le temps aux organisations syndicales et patronales de revoir les modalités d’application de l’annexe de l’accord relative aux films dits " à économie fragile ".
Le 1er juillet 2013, après dix années de négociations, l’arrêté d’extension de la Convention collective de la production cinématographique a été signé. Les déchirements qui ont précédé cette signature ont mis à mal des solidarités que nous pensions indéfectibles.
L’extension de la Convention collective, dite API, a engendré un nombre incroyable d’articles, d’interviews, d’analyses et de points de vue, majoritairement opposés à ce texte. Nous, techniciens, avons été caricaturés, dénigrés et stigmatisés.
Il y a quelque chose d’exemplaire dans la manière dont la question de l’application de la Convention collective nous a divisés. Je crois qu’il faut partir de là.
J’entre dans la bataille qui fait rage, sans bannière et sans armure autre que la joie qui m’anime depuis toujours à participer à la fabrication des films, à la place qui est la mienne dans l’équipe de tournage : celle de scripte.
Je dois dire que je suis assez atterré par la tournure des événements et de l’opposition réalisateurs-techniciens qui se dessine. Il en restera d’ores et déjà des traces indélébiles. Je ne comprends pas cette guerre fratricide, nos intérêts sont les mêmes. J’ai toujours fait des films pour les réalisateurs.
Drôles d’époques que celles où l’on préfère contester le droit des autres plutôt que de défendre les siens propres, comme si l’on y voyait une relation de cause à effet…
Comme toutes les associations, la SRF, maison de tous les cinéastes, se réunit chaque année pour faire le bilan, débattre de son projet et élire sur celui-ci un nouveau Conseil d’Administration.
Il a produit Indochine, L’Éternité et un jour ou In the Mood for Love. Gagné un Oscar, une Palme d’or et des César. Parfois perdu beaucoup mais s’est toujours relevé. Aujourd’hui, le producteur Eric Heumann a des choses à dire sur la façon dont se fabrique le cinéma en France. Un système " à la Shadock " qui tourne à vide.
Ce qui blesse profondément dans la situation actuelle, c’est l’éclatement du corps social spécifique du cinéma, comme si cette époque assez inventive des années 1980-90, qui a vu l’émergence d’un nouveau cinéma d’auteur à la suite de la Nouvelle Vague, n’était en fait qu’un vaste malentendu et avait abouti, à partir des années 2000, à une période où cette inventivité de contenu et de fabrication était utilisée cyniquement par des forces obscures et contradictoires.
Cette lettre n’avait à l’origine d’autre destinataire que Jean-Pierre et d’autres fonctions que de lui expliquer, à lui, une position qu’il jugeait trop paradoxale pour pouvoir l’admettre. Elle n’avait pas vocation à devenir une lettre ouverte. Jean-Pierre a jugé intéressant de la soumettre à votre lecture.
Récemment, j’ai participé à une assemblée à La fémis sur le son direct, l’un des ingénieurs du son présents qui parlait de son travail a expliqué combien il était important pour lui de bien se rappeler, aujourd’hui, les raisons premières pour lesquelles il avait choisi de faire du cinéma.
Cher Christophe, J’ai longtemps hésité à t’écrire cette lettre. Et puis des amis proches, certains techniciens de tes films, m’ont posé cette question : « Comment se passe ta relation avec Christophe depuis son engagement contre la Convention collective ? »
Le cinéma français nous semble soudain bien déchiré. Nous ne nous reconnaissons ni dans les querelles entre réalisateurs, ni dans les bagarres à couteaux tirés entre techniciens et réalisateurs. Et nous n’avons guère envie d’envenimer encore le débat. Malgré tout, dans ce qui ressemble maintenant à une guerre, il faut choisir son camp.
Alors que la convention Collective du cinéma devrait entrer en vigueur ce lundi, Alain Guiraudie, le réalisateur de L’Inconnu du lac, prend la défense de ce texte décrié.