Les Entretiens AFC

Claire Mathon, AFC, revient sur ses choix pour mettre en images "Miséricorde", d’Alain Guiraudie
Par Céline Bozon, AFC et Hélène de Roux

« Tu ne vas pas prendre la route ce soir ? », et voici que le séjour de Jérémie dans son village d’enfance, où il est venu assister aux obsèques de son ancien patron, dure plus que prévu. A force d’arpenter la forêt automnale à la recherche de cèpes et de rendre des visites incongrues à ses copains d’enfance, il tisse une toile de désirs et de frustrations dont les fils semblent lui échapper.
 Pour leur troisième film ensemble après L’Inconnu du lac et Rester vertical, Alain Guiraudie et Claire Mathon nous replongent dans un (film) noir dont l’exploration est infinie, et dont les visages étonnés qui s’en détachent nous marqueront longtemps.

Antoine Cormier évoque la fabrication du film "Le Royaume", de Julien Colonna
Par Brigitte Barbier pour l’AFC

Julien Colonna, pour son premier long métrage, Le Royaume, désire retracer l’histoire d’une jeune fille qui découvre la véritable nature de son père et qui va tenter de l’aimer à tout prix. La relation ainsi tissée ressemble à un parcours initiatique sur les routes de l’île de Beauté. Un film avec des Corses, tourné en Corse, par un cinéaste corse. C’est avec le chef opérateur Antoine Cormier que nous allons nous immerger dans la fabrication de ce thriller à double facette. Après avoir enchaîné des tournages comme assistant caméra pendant trois ans, Antoine Cormier éclaire des courts métrages, des clips et des publicités. Sa passion : tourner en argentique. Lorsqu’il rencontre Julien Colonna sur une pub, ils partagent cette passion et le talent de faire "bien avec peu". Le Royaume est en Sélection officielle à Un Certain Regard au 77e Festival de Cannes. (BB)

Michaël Capron évoque son travail sur "Mongrel", de Wei Liang Chiang

Après avoir intégré le département Image de La Fémis, dont il sort diplômé en 2010, Michaël Capron tourne son sixième long métrage en tant que directeur de la photographie avec Mongrel, de Wei Liang Chiang – coréalisé par You Qiao Yin –, film sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes 2024. Déjà venu sur la Croisette, il a également été directeur de la photographie sur le film de Vincent Le Port, Bruno Reidal, en sélection à la Semaine de la Critique en 2021. (NDLR)

Sophia Olsson nous parle de son travail sur "When the Light Breaks", de Rúnar Rúnarsson
"La jeune fille et la mort", par François Reumont

Présenté en ouverture d’Un Certain Regard, le nouveau film du réalisateur islandais Rúnar Rúnarsson parle de deuil, et de mensonges. La jeune comédienne et chanteuse islandaise Elin Hall y compose un personnage tout en ambiguïté, partagé entre sa douleur d’avoir perdu son homme, et l’impossibilité de le révéler aux autres... C’est la directrice de la photographie suédoise Sophia Olsson qui a mis en image ce film, presque entièrement tourné dans la capitale islandaise et dont certains lieux emblématiques évoqueront sans doute des choses aux amoureux de cette ville un peu hors du temps. (FR)

Mihai Malaimare Jr., ASC, nous raconte les défis du nouveau film de Francis Ford Coppola, "Megalopolis"
Par François Reumont pour l’AFC

Après plus de dix ans d’absence, le cinéaste du Parrain et d’Apocalypse Now revient avec un projet extrêmement personnel dans lequel il a investi une partie non négligeable de sa fortune. C’est Megalopolis, une fable destinée aux jeunes générations qui ré-interprète les textes classiques de la Rome antique dans le contexte d’une ville futuriste qui fait parfois penser à celle de Batman. Un film familial également avec un grand nombre de rôles principaux qui fait la part belle aux décors et aux effets spéciaux pour plonger le spectateur dans cette ambiance d’anticipation. C’est le directeur de la photographie d’origine roumaine Mihai Malaimare Jr., ASC, qui met en image le film, un fidèle collaborateur du cinéaste depuis presque vingt ans. Le film est en Compétition officielle pour la 77e Palme d’or. (FR)

Michał Dymek, PSC, revient sur le tournage de "The Girl with the Needle", de Magnus von Horn
Par François Reumont pour l’AFC

Avec The Girl with the Needle (La Jeune femme à l’aiguille), le cinéaste suédois Magnus von Horn (qui a fait ses étude à Łódź et vit à Varsovie) se lance dans une évocation cruelle de la misère dans le Danemark des années 1920. Ce conte effrayant en noir et blanc évoque par certains aspects et personnages (la scène du cirque notamment) le Elephant Man, de David Lynch (photographié en 1980 par le grand chef opérateur et réalisateur Freddie Francis, BSC). C’est Michał Dymek, PSC, le jeune directeur de la photographie polonais (remarqué avec EO, en compétition en 2022) qui est derrière la caméra.... Il nous parle du noir et blanc, de l’authenticité relative, et des imprévus sur un plateau qui peuvent parfois se transformer en atouts pour le film... (FR)

Caroline Champetier, AFC, nous décrit sa dernière collaboration avec Leos Carax

C’est pas moi est un autoportrait de Leos Carax composé de séquences récentes, d’extraits de ses films, d’archives photographiques personnelles et publiques, d’images trouvées sur la toile, de titres et de textes. Il y a donc un paradoxe à ce que l’image me soit attribuée, je le prends comme une reconnaissance de notre lien autour des images, de ses films précédents, de celles tournées pour ce moyen métrage de 40 minutes et peut-être aussi du souci à intégrer une image venant d’ailleurs à un ici de cinéma. (CC)

Evgenia Alexandrova, AFC, parle de l’enjeu visuel des "Femmes au balcon", de Noémie Merlant
"Femmes au balcon, mâles au tison", par Brigitte Barbier pour l’AFC

Deuxième long métrage de la comédienne et réalisatrice Noémie Merlant, Les Femmes au balcon mélange les genres passant de la comédie au film d’horreur. Les codes du film d’horreur sont là mais la comédie l’emporte souvent. Pour accompagner ces trois femmes au caractère bien trempé, la caméra plonge, tourne, poursuit, virevolte, on l’aura compris, ça déménage ! Derrière cette caméra, la cheffe opératrice Evgenia Alexandrova, AFC, qui propose une image aussi radicale et colorée que les personnages, nous confie les coulisses de cette deuxième collaboration avec la réalisatrice, après Mi iubita, mon amour. Les Femmes au balcon est présenté aux Séances de minuit (Sélection officielle) au Festival de Cannes 2024. (BB)

Simon Filliot nous explique les enjeux d’un tournage en stop-motion à propos de "Sauvages", de Claude Barras
Par Margot Cavret pour l’AFC

Le film en stop-motion Sauvages était présenté en Séance spéciale au festival de Cannes. Second film du réalisateur Claude Barras, césarisé en 2017 pour Ma vie de courgette, Sauvages raconte les aventures dans la forêt de Bornéo de Keria, une jeune adolescente, accompagnée de son cousin Selai et de Oshi, un bébé orang-outan. Proposant un regard doux sur l’adolescence, les liens familiaux et l’ouverture à l’autre, le film est également engagé contre la déforestation des forêts tropicales par l’industrie de l’huile de palme. Profitant de cette sélection, le chef opérateur Simon Filliot nous raconte les spécificités d’un tournage en stop-motion et les défis qu’il a du relever pour ce tournage. Sauvages sera présenté à nouveau à Cannes tous les jours jusqu’à mardi, et sera également en compétition officielle au festival du film d’animation d’Annecy, avant de sortir dans les salles françaises le 16 octobre. (MC)

Marine Atlan revient sur sa mise en images du film d’Alexis Langlois, "Les Reines du drame"
Par Hélène de Roux

2055 : le youtubeur Steevy Shady retrace pour ses followers la passion tourmentée entre Mimi Madamour, starlette née d’un télé-crochet type Nouvelle Star, et Billie, rockeuse punk qui se produit en club lesbien, du début des années 2000 à 2015, puis 2055. De l’ascension fulgurante à la disgrâce de l’une puis de l’autre, cette comédie musicale étincelante convoque les références pop clinquantes et mélange les époques et les régimes d’images de manière jouissive, pour peindre, sous ses dehors de parodie, une histoire d’amour des plus politiques. (HdR)

Elio Balézeaux évoque son travail photographique sur "Vingt Dieux", de Louise Courvoisier

Vingt Dieux, premier film de long métrage de Louise Courvoisier, issue de la première promotion de la CinéFabrique, est en sélection à Un Certain Regard. À Cannes en 2019, la Cinéfondation avait récompensé la réalisatrice en décernant le Premier Prix à son court métrage Mano a mano. C’est le directeur de la photographie Elio Balézeaux, lui aussi sorti de la CinéFabrique, en 2019 – et depuis chef opérateur de documentaires tel que Madame Hoffman, de Sébastien Lifshitz –, qui a mis Vingt Dieux en images, il évoque dans le texte ci-après leur travail en commun sur le film, également première fiction de long métrage pour lui aussi.

Sylvain Verdet explique ses choix pour mettre en images "Mi bestia", de Camila Beltrán
"Mila au bal du diable", par François Reumont

Parcouru à la fois par le cinéma expérimental, le documentaire et le récit fantastique, Mi bestia, de Camila Beltrán, propose le portrait d’une jeune fille au sortir de l’enfance dans le Bogotá des années 1990. Sylvain Verdet signe les images de ce premier long métrage original, après avoir déjà tourné Pacifico Obscuro, un court de la même réalisatrice, il y a quatre ans. Mi Bestia est en sélection à l’ACID.

Aymerick Pilarski, AFC, parle de son travail sur "Rendez-vous avec Pol Pot", de Rithy Panh
"Big Brother", par François Reumont

Après plusieurs documentaires sur le génocide cambodgien, le cinéaste Rithy Panh a décidé de se lancer dans une fiction recréant l’histoire authentique des journalistes ayant décroché l’unique interview du leader Khmers Rouges en 1978... Une œuvre ambitieuse qui mêle à la fois des scènes portées par un casting prestigieux, plans de coupe provenant d’images d’archives et longs travelings sur maquettes enfantines qui peuvent faire penser au style de Michel Gondry. Le résultat est un film étrange où la naïveté se mêle à la reconstitution historique et où les personnages semblent parfois sur une autre planète. C’est Aymerick Pilarski, AFC, qui s’est chargé de filmer cette œuvre à part présentée dans la sélection officielle Cannes Première. (FR)

Nadim Carlsen, DFF, nous parle du tournage de "Locust", de Keff
Par François Reumont

Proposant une vision hors des sentiers battus de la capitale taïwanaise, Locust, de Keff, est aussi un film politique, doublé d’un portrait très sensible d’un jeune délinquant muet qui s’enfonce irrémédiablement dans le mensonge. Un mélange entre le cinéma de Edward Yang et un thriller brutal dont certaines scènes évoquent le Scarface de Brian De Palma.
Pour mettre en image ce premier film, le jeune réalisateur taïwanais a fait appel au directeur de la photo danois Nadim Carlsen, DFF, dont le travail avait déjà été remarqué sur la Croisette (notamment avec le Holy Spider, de Ali Abbasi en 2022, pour lequel la comédienne iranienne Zar Amir Ebrahimi avait remporté le trophée de la meilleure interprétation féminine). Locust est sélectionné en compétition à la Semaine de la Critique 2024. (FR)

Josée Deshaies revient sur les enjeux du tournage de "A son image", de Thierry de Peretti
Par Lucie Baudinaud, AFC

Josée et moi avons une "petite histoire", comme elle s’amuse à me le rappeler, puisqu’elle a fait partie du jury qui a validé mon diplôme à La Fémis. Elle a suivi mes premiers travaux de directrice de la photographie les années suivantes et nous voila en rendez-vous téléphonique, onze années plus tard, elle en tournage à Londres, moi à Paris, pour parler de sa collaboration auprès de Thierry de Peretti. (LB)

Noé Bach, AFC, accompagne à l’image "Diamant brut", d’Agathe Riedinger
Par Brigitte Barbier

Auteure, réalisatrice et photographe, Agathe Riedinger, diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), réalise deux courts métrages avant de se lancer dans la fabrication de son premier long métrage, Diamant brut. Elle y interroge les mêmes thématiques que dans ses courts métrages : dénoncer le trop plein de code pour exister en tant que femme et aborder ainsi la question de l’émancipation féminine. C’est Noé Bach, AFC, qui accompagne la jeune réalisatrice pour mettre en image ce récit ultra moderne. Il propose une contemporanéité exaltante de cadre et de texture qui accompagnent minutieusement le scénario. Diamant brut est l’unique premier film sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes 2024. (BB)

Emmanuelle Collinot parle de ses choix à l’image pour "Ma vie, ma gueule", de Sophie Fillières
Par Brigitte Barbier

Raconter un moment de la vie d’une femme passé la cinquantaine, Sophie Fillières l’a fait avec humour et délicatesse en filmant Agnès Jaoui qui incarne Barberie Bichette dans Ma vie, ma gueule. C’est sa fidèle collaboratrice, Emmanuelle Collinot, qui signe l’image du dernier film de la réalisatrice, décédée quelques semaines après la fin du tournage. Le pitch du film "comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme…" résonne particulièrement pour Ma vie, ma gueule, qui ouvre la Quinzaine des Cinéastes 2024. (BB)

Olivier Boonjing, SBC, évoque le tournage du film de Jonathan Millet, "Les Fantômes"
"Fantômes contre fantômes", par François Reumont

Pour son premier long métrage de fiction, le réalisateur Jonathan Millet propose une plongée plus vraie que nature dans la traque contemporaine d’un criminel de guerre syrien. Un film qui parle d’espions malgré eux, mais surtout une galerie de personnages aux regards abîmés par l’exil et par les atrocités de la guerre. C’est le directeur de la photographie belge Olivier Boonjing, SBC (déja interviewé il y a trois ans avec Rien à foutre, de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, également à la Semaine de la Critique) qui est derrière la caméra pour mettre en image ce thriller entre Strasbourg et le Moyen-Orient. Ce film est présenté en séance d’ouverture et également un sérieux prétendant pour la Caméra d’or. (FR)