J’ai connu Jacques sur un feuilleton de Telfrance, en 1967, où j’étais acteur, chef de bande d’une horde de motards au titre significatif : Les Oiseaux rares. Le courant est tout de suite passé entre le chef opérateur-cadreur et le jeune idiot que j’étais à l’époque, à la tête d’une bande de futurs pilotes du championnat du monde, faisant fi de toute limitation de vitesse, de toute sécurité élémentaire et dont beaucoup sont morts de leur passion maintenant.
Comment parler de Jacques sans le revoir, Caméflex à la main, effectuer un steeple chase entre les fauteuils de la salle de projection de l’IDHEC, alors dirigé par Louis Daquin et sis à l’époque rue des Vignes. C’était la première de ses interventions " caméra " à laquelle j’assistais avec mes camarades de la 26e promotion.
Mon cher Jacques, c’était il y a une vingtaine d’années, à Levallois-Perret, dans l’appartement de Gervaise, secrétaire de l’AFC de l’époque, où l’association avait installé son siège. Tu nous avais accueillis Jean-Noël et moi pour parler des activités de l’AFC, de la Lettre et de la manière dont nous pourrions nous rendre utiles. C’est ce jour-là qu’est née en moi pour longtemps la " fibre associative " que tu as su nous transmettre, avec tout l’enthousiasme et la générosité dont tu étais capable.
Salut Jacques, Tu viens de nous quitter après une longue maladie. Je t’avais eu au téléphone, il y a quelques temps, au sujet de tes prestations à l’école de cinéma de Cuba. Tu ne pouvais plus assurer tes cours et tu m’avais demandé de te remplacer. Hélas, je ne pouvais pas.
Cher Jacques, évoquer ta mémoire, c’est tout naturellement faire un saut dans le temps d’à peine plus de vingt ans. Nous sommes au printemps 1993. S’engage une conversation au téléphone dont les termes sont à peu près les suivants : « Bonjour ! J’aimerais savoir, en tant que tout nouveau membre actif, s’il y a quelque chose que je puisse faire pour l’AFC. »
J’ai rencontré Jacques Loiseleux pour la première fois en 1997 au festival de Grenoble, ma ville d’origine. Quelle chaleur, quelle écoute attentive pour le jeune directeur de la photo que j’étais. Impressionné par la carrière de Jacques et la beauté de son travail sur les derniers film de Maurice Pialat, j’avais enfin l’occasion d’échanger en toute simplicité avec un prestigieux confrère.
Certaines expériences cinématographiques créent une vraie complicité entre nous, techniciens qui y participons. Ce fut le cas de deux tournages auxquels j’ai participé en collaborant, comme premier assistant, avec Jacques Loiseleux.
Jacques Loiseleux était chef opérateur et cadreur de mon film Les Princes, tourné en 1982 dans des conditions pas faciles, souvent en lumière du soir, lumière d’hiver sans beaucoup de projecteurs. Jacques est venu dans le film comme un sauveteur.
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la nouvelle du décès, lundi 17 mars 2014, de notre confrère directeur de la photographie Jacques Loiseleux, AFC. A la fois l’un des membres fondateurs de l’association, l’un de ses piliers, l’une de ses âmes, Jacques en fut le secrétaire général pendant une dizaine d’années et l’un des vice-présidents. Il avait quatre-vingt-un ans.