François Catonné a été premier assistant opérateur de Sven Nykvist sur un film de Roman Polanski Le Locataire et un de Louis Malle Blackmoon. Il nous a fait parvenir le témoignage ci-dessous et quelques photos prises par Bernard Prim et par lui-même.
Etrangement la disparition de Sven Nykvist n’aura fait l’objet que de courts entrefilets dans la presse quotidienne. Même Libération - qui consacra naguère jusqu’à une page nécrologique entière à Ghislain Cloquet, Nestor Almendros, Henri Alekan, Gabriel Figueroa ou Conrad Hall - n’a octroyé que 15 courtes lignes anonymes à celui qui a pourtant toujours fait l’unanimité auprès de la critique comme de ses confrères, ce qui n’était pas toujours le cas des noms précédemment cités.
« J’ai été extrêmement attristé d’apprendre la disparition de Sven Nykvist. Il était un opérateur brillant et un homme merveilleux. Toutes les premières années de ma vie d’adulte furent imprégnées d’images de cinéma éblouissantes dont il était le responsable. Ce fut un honneur de travailler avec lui et un vrai cadeau de passer du temps en sa compagnie. »
Je ne souhaite pas, par ce petit texte, rendre hommage aux qualités artistiques et techniques de Sven Nykvist, tant elles sont internationalement reconnues et analysées depuis des dizaines d’années par des spécialistes beaucoup plus compétents que moi en la matière, mais simplement évoquer ses exceptionnelles qualités humaines qui transformaient une rencontre avec lui en un souvenir inoubliable.
Sven Nykvist, directeur de la photographie suédois, est mort à Stockholm le 20 septembre dernier dans sa quatre-vingt-quatrième année. Quel plus bel hommage peut-on rendre à Sven Nykvist sinon de reproduire ces propos extraits des mémoires d’Ingmar Bergman, Images : « Si parfois mon travail de cinéaste me manque, c’est seulement pour ma collaboration avec Sven ». (Photo ci-contre Jacob Forsell)
J’ai rencontré Sven sur Un amour de Swann de Volker Schlöndorff en 1983. J’ai reçu cette rencontre comme un grand cadeau dont le cinéma nous réserve parfois la surprise. Comme Bertolucci avec Storaro, Truffaut avec Nestor Almendros, Bergman et tous ses films semblaient être en toile de fond derrière Sven. C’était plus qu’une personne qu’on rencontrait.
J’ai fait un stage avec Nykvist après l’IDHEC et je me disais que... quelques mots en sa mémoire sur le site de l’AFC, mais je ne me sens pas à la hauteur. En tout cas, c’était un homme bouleversant de simplicité et de sagesse, tout était relié à tout chez lui, il était aux antipodes des " gesticulations " du cinéma, il transmettait sans frime et sans arrière-pensée tout ce qu’il savait.