En ce début d’année 2017, en plein cœur de l’hiver, Laurent Machuel parcourt le nord des États-Unis. Un soir, il se retrouve au milieu d’une route dans l’immensité verglacée de la plaine. Il voit alors le soleil se coucher face à lui dans le prolongement exact de la route et, en se retournant, il voit aussi la lune se lever à l’autre extrémité en une symétrie parfaite.
Quand il était enfant, Eric Gautier passait de longs moments à Bondy, dans le magasin de fleurs de sa grand-mère. Il rêvassait en dévorant les albums de Tintin, ne sachant pas encore que son désir de cinéma naîtrait là, au milieu des couronnes mortuaires, et qu’il dirait bien plus tard : « Je dois tout à Hergé ».
Dans les années 1960, les bizarreries conjuguées des administrations belges et américaines avaient privé Yves Cape de nationalité jusqu’à l’âge de 16 ans. Né en Belgique, fils unique d’un père américain et d’une mère belge, Yves Cape avait trimballé le passeport des apatrides – de couleur rose, ça ne s’oublie pas – jusqu’à ce qu’il soit sommé de choisir entre la nationalité belge ou américaine. Il avait alors adopté la nationalité belge. Sans regret.
Chaque été, dans la maison près de Paris que son grand-père partageait avec sa famille, Julien Poupard, AFC, tournait un petit film avec des copains, comme lui passionnés de cinéma. Son père, producteur de films institutionnels, voyait d’un très bon œil cet engouement et mettait avec joie à disposition de son fils, outre son matériel, ses encouragements et ses conseils. L’été, le moment de l’année où il se sentait vraiment heureux, à sa place.
Liège, petite bourgade francophone de Belgique et capitale de la gaufre, voit naître, à la fin des années soixante, un enfant dont nul ne pouvait prédire qu’il deviendrait un directeur de la photographie d’envergure internationale. Cet enfant, Benoît Debie, SBC, a alors une particularité que tous les parents redoutent : il déteste l’école. Mais il a aussi une qualité qui lui est supérieure car elle dure beaucoup plus longtemps : il aime réussir ce qu’il entreprend.
Au début des années 1970, à Meknès au Maroc, l’Empire était un cinéma où les films sortaient le même jour qu’à Paris. Bâti à l’époque coloniale, ce cinéma avait sur l’adolescent qu’était alors Yves Angelo un puissant pouvoir d’attraction.
Le mémoire de fin d’études de Claire Mathon à l’Ecole Louis-Lumière portait sur un thème qui allait devenir au fil des ans son obsession de directrice de la photo et sa marque de fabrique, sa spécialité : la lumière naturelle.
Quand le réalisateur Jaco Van Dormael fait passer à Christophe Beaucarne, tout juste âgé de 18 ans, l’oral du concours d’entrée à l’INSAS, célèbre école de cinéma belge, ni l’un ni l’autre ne peuvent alors imaginer qu’ils vont devenir 20 ans plus tard des partenaires, des complices, des frères en cinéma sur Mister Nobody, en 2009, et Le Tout Nouveau Testament, en 2015.
Quand la conseillère d’orientation de son lycée de Lyon lui avait dit d’une manière un peu péremptoire qu’il ne fallait pas choisir un métier dans la photographie car c’était se choisir une vie sans travail, sans argent, sans horizon, bref une vie de bohémienne, cela avait interloqué Céline Bozon du haut de ses 14 ans. Ses parents, tous deux professeurs, lui disaient alors – dans une veine post-soixante-huitarde – exactement l’inverse : « Fais ce qui te plaît, ce qui te passionne ».
Little Boy et Fat Man, les deux bombes atomiques qui, le 6 août et le 9 août 1945, ont rayé de la carte les villes de Hiroshima et Nagasaki au sud du Japon et provoqué instantanément plus de cent mille morts, ont décidé plus sûrement que toute autre chose du destin de Tetsuo Nagata.
Dans les années 1980, abandonné sur la banquette de moleskine du train de banlieue Paris-Chaville, il y a un appareil photo Leica R6, un objet incroyablement attirant pour un adolescent passionné de photo. L’honnêteté, doublée du secret espoir de le récupérer un jour, commande alors à Guillaume Deffontaines de le signaler aux objets trouvés de la SNCF et une excellente mémoire lui commande également de venir rechercher l’objet un an après, pile poil.
Quand on est le fils aîné d’un capitaine de la marine marchande dont les ancêtres, tous pêcheurs et fils de pêcheurs, viennent de la lointaine Ukraine, quand on est né, qu’on a grandi à Marseille et qu’on est un "fils de la corniche", un enfant qui file nez au vent et regard vers l’horizon, "monter" à Paris pour faire du cinéma dans les années 1980 n’avait rien de directement évident.
Vivre une trop belle, trop inattendue, trop spéciale première expérience professionnelle comme directeur de la photo a pour inévitable conséquence de vous rendre nostalgique à son évocation et quand on réalise en plus qu’on en fête le 20e anniversaire, le mot "bilan" vous arrive instantanément en boomerang ! En 1996, Rémy Chevrin a 33 ans et sa chance va simplement s’appeler Docteur Chance, son premier film comme directeur de la photo, du réalisateur F. J. Ossang.
Après 26 ans de collaboration ininterrompue, Thierry Arbogast, AFC, le directeur de la photographie de Luc Besson, se devait de le surprendre encore – les vieux couples doivent se réinventer sans cesse – ce qui fut fait lors des essais de choix de matériel pour le film Valerian.
A la fin du tournage du dernier film de Claude Lelouch, Chacun sa vie et son intime conviction, Ariane Damain Vergallo a rencontré, pour CW Sonderoptic-Leica, Robert Alazraki, AFC, directeur de la photographie du film, et Berto, son cadreur, pour parler d’optiques évidemment mais pas seulement…