A Cannes, les marches se montent une à une
Par Clarisse FabreLe grand patron du Festival de Cannes, maintenant, c’est lui : Thierry Frémaux, 51 ans. Le délégué général du Festival de Cannes détient désormais tous les pouvoirs exécutifs qui étaient jusque-là dans les mains du président du Festival, Gilles Jacob, 81 ans. Le passage de flambeau a eu lieu, mardi 20 décembre, dans la matinée, lors du conseil d’administration du Festival de Cannes.
Parallèlement, Gilles Jacob a vu son mandat de président prolongé, de fait, de deux années supplémentaires. ll ne quittera pas ses fonctions comme prévu en juillet 2012, mais en juillet 2014. « J’ai encore trois festivals à faire », se réjouit-il au téléphone. Il est entré au Festival... en 1977, comme délégué général.
Ces deux décisions ont été votées à l’unanimité. Un scénario idéal pour Thierry Frémaux. En 2001, Gilles Jacob l’avait choisi pour être le directeur artistique du festival. A partir de 2004, il a eu l’entière responsabilité de la sélection des films à Cannes. Puis en 2007, il devenait délégué général. Un poste immense, certes, mais il n’avait ps la main sur toutes les décisions stratégiques, à savoir la signature des chèques, la capacité d’engagement financier, les décisions de recrutement, les nouvelles orientations, etc. Ces pouvoirs étaient dévolus à Gilles Jacob qui, de l’avis général, fut un président « très présent ».
Aux yeux du conseil d’administration, l’attelage Frémaux-Jacob fonctionne bien mais c’est Frémaux qui incarne l’avenir. « On se voit une heure chaque jour. Thierry fait sa sélection tout seul. Il me tient juste au courant des films qu’il retient. Il va visionner près de 2 000 films entre janvier et mai. Etre deux, ce n’est pas de trop ! », ajoute Gilles Jacob.
Reste une question : pourquoi le mandat de Gilles Jacob a-t-il été prolongé ? S’est-il posé la question d’arrêter ? « Bien sûr, je me suis interrogé. Mais quand vous recevez des encouragements des grands corps de l’Etat, des professionnels et d’artistes reconnus dans le monde entier, comme Terence Mallick ou Wim Wenders, ça donne envie de continuer. »
L’un des membres du conseil d’administration évoque une autre hypothèse : « La succession de Jacob n’est pas prête. Pendant le dernier festival, les noms de Jérôme Clément et de Frédéric Mitterrand ont circulé pour le remplacer. Mais le ministre de la Culture n’était pas disponible. Alors on prolonge... »
Clarisse Fabre, Le Monde, 22 décembre 2011