Revue de presse

"A Cannes, les techniciens veulent faire entendre leur voix"

Par Clarisse Fabre

Le Monde, 8 mai 2018
Les monteurs son et les mixeurs se sentent notamment menacés par les délocalisations vers la Belgique. Puisqu’on ne les a pas suffisamment ­entendus à Paris, les monteurs, monteurs son, bruiteurs et mixeurs donneront de la voix à Cannes. Ces professionnels du cinéma qui interviennent après la phase de tournage, soit en postproduction, sont amers alors que s’ouvre la 71e édition ­cannoise, du 8 au 19 mai.

La mobilisation ­portée ces dernières semaines par divers syndicats et associations (CGT, l’Association des artistes bruiteurs…) n’a pas eu les résultats ­escomptés : après deux journées de grève, les 10 et 19 avril, les négociations avec les syndicats de producteurs (UPC, API, SPI) sont au point mort. Les salariés de la "postprod" ­demandent une revalorisation de leurs métiers, de leurs salaires, le paiement des heures supplémentaires, ou encore des indemnités repas. Les monteurs son et les mixeurs se sentent également menacés par les délocalisations vers la Belgique.

Plus profondément, les professionnels ­demandent que l’après-tournage soit repensé en profondeur. Ils estiment que bien souvent, la "postprod" est le parent pauvre de la production avec un travail payé avec l’argent qui reste, en réduisant les temps alloués à chaque étape, au prix de longues journées et d’un­ résultat pas toujours satisfaisant. De plus en plus de films "manquent de temps" et cela se voit à l’écran. La seule avancée notable, pour l’heure, est d’ordre symbolique : les monteurs son, bruiteurs et mixeurs ont obtenu le statut de « cadre collaborateur de création », une appellation réservée aujourd’hui à six chefs de poste (directeurs de la photographie, chefs décorateurs, etc.).

Pour ce qui est des salaires, c’est « un pas avant, trois pas en arrière ou le tango du mépris », dénonce, dans un communiqué publié le 6 mai, l’association des ­Monteurs associés. Dans un premier temps, les syndicats patronaux avaient proposé des hausses...

Clerisse Fabre, Le Monde, 8 mai 2018