A Saint-Denis, Luc Besson veut créer un Hollywood-sur-Seine

par Christophe de Chenay

La Lettre AFC n°130

Luc Besson s’inquiète de voir l’audience du cinéma français frôler « le seuil critique sous lequel il risque de disparaître. Notre cinéma, l’un des derniers au monde, et le seul en Europe, à résister à l’hégémonie des productions américaines, a besoin de studios de la taille de ceux de Los Angeles, dit-il. Comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Italie, il faut un lieu unique, en France, où puissent se retrouver, se fédérer tous les artisans de la profession. A Saint-Denis, les laboratoires de cinéma Eclair et le loueur de matériel d’éclairage Transpalux devraient nous rejoindre. »
Les travaux, qui permettront d’aménager près de 50 000 m2 en tout, devraient être achevés en 2006, pour un investissement total de plus de 100 millions d’euros. Les premiers films pourront alors être tournés avec environ un millier de personnes employées sur le site. Très vite aussi, Luc Besson veut organiser des visites des studios le week-end. Et, dans une seconde phase, il envisage d’ouvrir un parc d’attractions sur les thèmes du cinéma. Il a d’ailleurs pris avec EDF une option d’achat sur les 9 hectares voisins, le double de la surface actuelle.
La démarche de Luc Besson a été très bien reçue par les responsables politiques et les élus du département. Le gouvernement a donné au projet de studios le label d’opération d’intérêt national. Jean-Jacques Aillagon ne voit-il pas, dans ce projet, « le moyen d’attirer en France des productions de taille internationale ». Le ministre sait toutefois que le projet ne suscite pas que de l’enthousiasme chez les professionnels ; aussi a-t-il précisé qu’il veillerait à ce qu’il « ne se fasse pas au détriment du tissu sensible des industries techniques ».
Ce sont les élus de la ville de Saint-Denis qui ont le mieux accueilli le cinéaste. L’arrivée de Luc Besson est aussi soutenue par les responsables du Pôle audiovisuel, cinéma, multimédia du Nord parisien. Cette association, à laquelle adhèrent toutes les collectivités locales du département, des représentants des centres de formation du secteur et la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam), regroupe déjà plus de 300 sociétés, implantées entre Seine et porte de la Chapelle, qui emploient 3 500 salariés et le double d’intermittents.
(Christophe de Chenay, Le Monde, 8 février 2004)