A l’Est de moi
Paru le La Lettre AFC n°183
Bojena est tchèque, elle a quitté Prague à 17 ans dans un élan post-adolescent pour la " liberté ", c’était encore un régime communiste. Six mois après ce départ qui a plongé ses parents dans le plus grand désarroi, sa mère meurt, dans un accident de voiture. Ce geste d’adolescente était devenu le mouvement de sa vie.
De Tallin en passant par Riga, Vilnius, Minsk, voyageant en car, en train, en camion, nous dessinions dans ce premier repérage le film à venir. La nuit tombait très tôt et, dans notre chambre le soir (nous voyagions de façon précaire), Bojena me racontait son enfance, le communisme, son départ à Paris, la pauvreté quand elle a dû s’y débrouiller pour vivre. Très vite je lui ai demandé d’écrire cela comme la matrice d’un film qui pourrait être fait de ses souvenirs transposés, et ce voyage vers Moscou qu’elle a toujours voulu faire pour comprendre pourquoi certains sont restés et d’autres sont partis comme elle.
A l’Est de moi existe aujourd’hui comme nous le rêvions dans notre chambre à Minsk, documentaire d’un voyage toujours plus à l’Est, d’où surgissent des bribes de mémoire. J’ai adoré filmer la lumière de l’Est l’hiver, ces fins de jours interminables, la neige, les vestiges du communisme avec ma chère DVX 100.
La fiction s’est fabriquée de façon plus sophistiquée, équipe (la même que pour Plus tard) matériel électrique, machinerie, SDX 900.
Merci à Richard Deusi de son regard enthousiaste sur les images qu’il a su respecter en les rehaussant, merci à l’équipe de Mikros Image de leur shoot irréprochable, et à Sophie Lustière de la dernière touche photochimique.
On l’aura compris, je crois, A l’Est de moi de Bojena Horackova est un exemple rêvé comme Un couple parfait de Nobuhiro Suwa de collaboration artistique.