A plus tard, camarade Pierre Lhomme

Par Bruno Nuytten, directeur de la photographie et réalisateur

La Lettre AFC n°300

Qu’est-ce qu’il faut pas inventer pour voir de près un artiste qu’on admire au travail ? Grande solitude avant Camille Claudel. Très lourd à porter. L’Armée des ombres me poursuivait depuis un bon moment. Il me fallait un allié de taille et qui me surprenne. Comme prétexte, je n’avais rien trouvé de mieux.

On disait des trucs. Pierre, il est lent, il est cher, il est compliqué. Il discute. Il est communiste.
J’ai rencontré un homme amical, discret, silencieux, simple et rapide.
Il suffisait d’être là, ensemble, toute parole était inutile.
D’accord, ces multiples surfaces réfléchissantes ou pas du tout prennent de la place mais elles sont légères comme des plumes et forment un rempart entre la réalité et la fiction, tout en protégeant les acteurs et les lieux du pire.
Et pour bien réfléchir, c’est sûr que la source originelle doit être forte et puissante mais que ce qu’il en reste au bout de curieuses traversées et d’étranges ricochets est doux, subtil comme une caresse.

À plus tard, Camarade.