À propos du "Portrait d’un homme" de Rembrandt

par Jean-Michel Humeau

par Jean-Michel Humeau La Lettre AFC n°172

Philippe Jaccottet décrit ainsi ce tableau : « Effigie d’un vieillard maigre à barbe clairsemée, coiffé d’une calotte noire, vêtu d’un manteau qu’orne une sorte d’étroite étole de fourrure. Sa main droite qu’il laisse tomber dans l’ombre tient négligemment un lorgnon. Sa main gauche est posée sur un grand livre ouvert. »
Philippe Jaccottet écrit ce texte, toujours au sujet de ce tableau dans Paysages avec figures absentes, Ed. Gallimard, 1970.
Cette majesté de montagne, de monument (sans couleur, sans ornements, sans aucune opulence)est l’une des puissances du tableau ; une autre est cette sombre concentration sans limites qui frappe d’abord. La troisième (mais faut-il redire qu’elles ne sont pas dissociables ?) est naturellement la lumière presque blême (d’or blême, comme un soleil meurtri ou fourbu), lumière qui n’éclaire ni le grand livre ni le visage (dans le calice évasé du col) mais qui en émane, comme si l’un et l’autre étaient des lampes.