A propos du film "Le Scaphandre et le papillon"

par Berto, AFCF

La Lettre AFC n°173

J’ai lu avec intérêt comme à chaque fois votre Lettre de janvier.
J’y ai lu aussi la lettre de Pierre Lhomme reconnaissant être passé à côté du film Le Scaphandre et le papillon et nous faire partager la joie d’assister à la vision de ce film défi.
Je voudrais revenir aujourd’hui sur ce film primé à Cannes l’année dernière et que trop peu de gens ont vu.

Bien qu’étant réalisé par Julian Schnabell et éclairé par Janusz Kaminski, tous deux Américains ou assimilés, ce film est un film français, fait entièrement en France par des techniciens français.
C’est vrai que l’on peut se louer du couple Schnabell-Kaminski, mais pensez-vous que l’on peut cadrer un tel film sans faire partie du couple, qui pour moi, sur chaque film que je fais, devient un véritable " trio " ?

Particulièrement sur ce film où il fallait à chaque instant imaginer ce qu’il y avait dans la tête d’un homme allongé sur son lit d’hôpital et ne pouvant bouger que son œil gauche...
Particulièrement sur ce film où le réalisateur est un peintre et où vous essayez de devenir pour quelques semaines le prolongement de son pinceau...
Particulièrement sur ce film fait pour une énorme partie en caméra subjective avec des objectifs " Swing and Tilt " à manier avec un feeling particulier...

Je fais des films, beaucoup de films, tous auprès de chefs opérateurs de renom, toujours en essayant à chaque instant de collaborer au sein du trio réalisateur-chef opérateur-cadreur.
Je continuerai à faire des films, je l’espère, et à les faire dans cet état d’esprit.
Je voudrais, par cette lettre, vous dire aussi, ma déception, en parcourant l’article de l’American Cinematograher de janvier où, dans son article sur Le Scaphandre et le papillon, Janusz Kaminski cite à peine son cadreur et ses assistants caméra avec lesquels, pourtant, il a pu créer ces magnifiques images qui sont la forme première de ce film.

Je suis presque blessé et c’est pourquoi je prends la plume de mon ordinateur pour partager avec vous ces moments de tristesse...
Demain, sur le plateau du film d’Antoine de Caunes : Coluche, j’oublierai cette amertume et me donnerai à fond pour mettre en image avec Thomas Hardmeier, comme chaque jour, les rêves d’un metteur en scène et nous formerons, je l’espère, ce trio pour des rêves...