Barbès, little Algérie
Paru le Contre-Champ AFC n°359
L’intrigue du film prend place principalement dans le quartier de Barbès à Paris, quartier célèbre mais assez méconnu, à la réputation souvent éloignée de la réalité. Hassan a voulu rendre un bel hommage à la population de Barbès, celle des binationaux, des étrangers, des sans papiers, en s’éloignant et en s’amusant des clichés tenaces sur cette communauté. C’est une œuvre très personnelle, bienveillante et éminemment politique dans son essence même. La représentation qu’offre ce film est rare dans notre paysage culturelle et médiatique. Hassan s’est battu pour ce film en ayant cela en tête.
Dans Barbès Little Algérie, on suit la trajectoire de Malek interprété par Sofiane Zermani (aka Fianso) qui livre une prestation en même temps puissante et intérieure. Le personnage de Malek est un binational franco-algérien, épanoui dans sa vie active et vivant dans le quartier chic de Montmartre. Pendant la crise sanitaire, Malek renoue avec ses origines algériennes, un peu de force au début car son neveu d’Algérie lui rend visite sans crier gare alors que Malek avait coupé les ponts avec sa famille et sa vie passée. Il est amené par la suite à fréquenter la communauté maghrébine de Barbès avec qui il lie des amitiés sincères, et par qui il reprend goût aux racines qu’il a oubliées, si ce n’est reniées. C’est un personnage plein de mélancolie, qu’on ne discerne pas forcément tout de suite.
Comprendre la mélancolie de Malek m’a guidé dans ma réflexion pour penser la lumière du film. Ainsi, dès lors que Malek se retrouvait dans le quartier de Barbès avec ses camarades, je voulais ressentir la lumière d’Alger, sa blancheur et son éclat si caractéristiques. Pour ce faire j’ai combiné une légère surexposition au tournage, des filtres de diffusion sur la caméra et une LUT spécifique conçue avec l’étalonneuse Magali Léonard pour retenir les basses et moyennes lumières, quand les hautes éclataient. Les nuits aussi, je les ai éclairées avec la palette nocturne d’Alger. A savoir avec beaucoup d’éclairage à vapeur de sodium, et une pointe d’éclairage à vapeur de mercure. J’aimais la sensation que l’appartement parisien de Malek soit éclairé par cette lumière algéroise. Cela prend tout son sens lors d’un plan très "intérieur" et sensoriel où Malek est en silhouette, détouré par cet orange cuivré sodium et où sent le poids d’un passé qui le trouble encore.
Quant à la série d’objectifs choisie, j’ai de nouveau opté pour la série Summilux-C de Leica. Mon choix a été motivé principalement par le fait que c’est un film où je voulais donner le maximum de volume et de relief aux visages de cette communauté, et pour moi les Summilux rendent cet aspect à merveille. Aussi, cette série est plutôt compacte et cette caractéristique m’a été très utile pour me faufiler la caméra sur l’épaule (Alexa Mini, compacte elle aussi) dans les foules peu contrôlables de Barbès.
Équipe
Premier assistant opérateur : Louis RouxSeconde assistante opératrice : Sarah Okendo
Stagiaire caméra : Noa Bouchon
Opérateur Steadicam : Martin Robiquet
Chef électricien : Cyril Bossard
Electricienne : Margot Thierry
Renfort électricien : Nathan Gayrard
Chef machiniste : François Dupuis
Machiniste : Hugo Brousse
Renfort machiniste : Clément Brousse
Etalonneuse : Magalie Léonard
Technique
Matériel caméra : TSF Caméra (Arri Alexa Mini, série Leica Summilux-C et zoom Angénieux Optimo 24-290 mm T2.6)Matériels lumière et machinerie : TSF Lumière et TSF Grip
Laboratoire : M141