Bilan 2018-2019 du Conservatoire des techniques de la Cinémathèque française
Par Jean-Noël Ferragut, AFCEn guise d’introduction, Laurent Mannoni a rappelé quelques chiffres. Depuis sa création en 2007, le Conservatoire des techniques de la Cinémathèque française a organisé plus de cent conférences, une dizaine de journées d’études et deux colloques internationaux qui ont accueilli plus de 20 000 participants. Plus de 300 intervenants (historiens, techniciens, cinéastes, fabricants, chercheurs, représentants d’institutions, industriels…) ont ainsi fait progresser l’histoire des techniques du cinéma et assuré sa transmission à un large public. Plus de soixante conférences sont actuellement en ligne sur le site de la Cinémathèque. Le nombre des collections d’appareils collectés s’élève à plus de 6 000 machines, 25 000 plaques de lanterne magique, environ 20 000 dossiers techniques.
La base de données en ligne décrivant les appareils de la Cinémathèque française et du CNC contient 4 600 fiches illustrées. On compte 62 000 visiteurs en 2018 (augmentation de 15 % par rapport à 2017). Des améliorations sont prévues pour perfectionner cet outil.
Quelques points marquants de cette saison
- La fréquentation des conférences est en augmentation de 46 %.
- Le nombre de dons l’est également (32 contre 18 l’année dernière).
- Les conférences ont permis de présenter en avant-première des films anciens numérisés pour l’occasion, et dont certains n’avaient jamais été projetés depuis leur première apparition : Mateo Falcone, les films 75 mm Lumière, la première adaptation de Notre Dame de Paris (1900)…
- La collaboration active avec Jean-Pierre Verscheure a permis d’équiper deux salles de la Cinémathèque française avec le procédé Perspecta Sound et de l’expérimenter pour la première fois devant un public, le 5 avril 2019.
- Le mécénat de Jacques Delacoux (Aaton Digital / Transvideo) a permis d’inviter Garrett Brown à la Cinémathèque et de célébrer ainsi l’inventeur du Steadicam devant un très nombreux public.
- Le Conseil d’administration de la Cinémathèque française a décerné le titre de Membre bienfaiteur à François Binétruy, Dave Kenig (Panavision, Woodland Hills), Bernard Tichit et Jean-Pierre Verscheure, en raison de leur aide active et très grande générosité en tant que donateurs.
Le conservatoire salue la mémoire de deux grands donateurs et personnalités disparus récemment : Madeleine Malthête-Méliès (la Cinémathèque française ouvrira en octobre 2020 une exposition permanente consacrée à Georges Méliès, avec notamment les collections qu’elle a réunies) et Jean-Pierre Beauviala (dont un projet de recherches est en cours avec l’Université de Rennes).
Bilan des conférences
D’octobre 2018 à juin 2019, huit conférences se sont tenues et une journée d’études a eu lieu, suivie d’un ciné-concert. La moyenne de la fréquentation des conférences est de 163 spectateurs. A ce jour, la fréquentation totale de la saison est de 2 007 participants (avec la Journée d’études et le ciné-concert), contre 900 la saison précédente.
Les conférences les plus suivies :
1) Master Class de Garrett Brown suivie du film Rocky dans le cadre du festival du Film Toute la mémoire du monde (443 spectateurs), avec pour mécène Jacques Delacoux (Aaton Digital / Transvideo).
2) Conférence "Cinecitta, histoire d’un studio mythique", Donata Pesenti (174 spectateurs).
3) Conférence "Perception du mouvement et nouvelles technologies", Alain Berthoz (159 spectateurs).
La journée d’études du 14 juin 2019 a été un véritable succès avec 142 participants le matin et 180 participants l’après-midi. Le ciné-concert qui prolongeait cette journée d’études a accueilli 382 spectateurs (salle Henri Langlois).
De nombreuses conférences de la saison 2018-2019 sont en ligne et la quasi-totalité le sera d’ici l’automne 2019.
Bilan des enrichissements pour la période de juin 2018 à juin 2019
- Dons
Pour mémoire, le Conservatoire avait reçu l’an dernier 18 dons, soit environ 90 appareils. Lors de cette saison 2018-2019, on compte 32 dons qui représentent plus de 230 pièces, soit plus du double du dernier bilan, sans compter le détail des dons de documentation technique.
Ces dons proviennent en grande partie de donateurs situés à Paris et région parisienne. D’autres peuvent venir de plus loin, comme d’anciens ingénieurs de chez Aaton qui habitent toujours les environs de Grenoble : Bernard Dechaumel, par exemple, qui a donné une caméra 16 mm Eclair, ou récemment Gérard Paillard, des archives intéressantes sur Jean-Pierre Beauviala et Stefan Kudelski.
Parmi les donateurs particuliers, on compte cette année Diana Herr, l’épouse du fondateur de la maison Cinématériel, qui a fait don de très belles pièces dont un Caméflex et une caméra Bell & Howell 35 mm. Entre autres généreux donateurs, Jean-René Failliot, ancien dirigeant du laboratoire Arane, a fait don d’une caméra unique : une caméra 65 mm à 15 perforations et défilement horizontal type Imax, qui a servi pour faire des films pour la Géode notamment.
François Binétruy a aussi permis de faire entrer dans les collections une boîte d’optique du milieu du XVIIIe siècle, dite Mondo Nuovo, fabriquée à Milan, une pièce unique et complète avec ses vues d’origine perforées et enluminées. Cette machine fabuleuse, encore équipé de ses quinquets à bougie, et même de ses bretelles pour le transport, fera l’objet d’une dation.
Panavision Los Angeles a donné cette année encore (et envoyé tous frais payés...) une caméra Panaflex Panaglide - destinée entre autres au Steadicam - dans sa caisse de transport. Cette confiance d’un fabricant envers la Cinémathèque pour conserver ses appareils est un cas unique : le Conservatoire compte désormais une dizaine des caméras Panavision les plus légendaires, de même que certains objectifs des débuts. Dave Kenig (Product Management Technical Liaison, Panavision, Woodland Hills) est à l’occasion très vivement remercié pour sa très grande générosité et son immense expertise.
Parmi les très nombreux projecteurs qui ont fait l’objet d’un don, il est important de signaler le dépôt d’une vingtaine de projecteurs 35 mm anciens, certains rarissimes, proposés par le département de la Charente, dont un exemplaire du Cinématographe Lumière équipé en caméra et deux imposants projecteurs 35 mm Nietzsche.
Achats Cinémathèque française
Malgré des budgets d’acquisition toujours plus restreints, la Cinémathèque a réussi à acquérir cinq appareils depuis juin 2018, essentiellement des caméras : une caméra Mitchell NC, une caméra anglaise Prestwich (qui va être exposée dès octobre 2019 à la Philharmonie pour l’exposition sur Chaplin), une très rare caméra Liesegang et un projecteur Zoescope de Félix Fescourt datant de 1902.
Achats CNC
La commission d’acquisition du CNC s’est à nouveau réunie fin mai et des pièces de premier intérêt ont pu être acquises : une caméra réversible 35 mm Kinétographe de George William de Bedts (Paris, 1896) et une lanterne magique dite "Sainte-Sophie" (Paris, c.1840).
Bilan des prêts
Les collections du Conservatoire des techniques sont toujours mises à contribution pour de nombreuses expositions.
La Cinémathèque française a collaboré pour la deuxième année consécutive avec la ville de Cannes, en montant au Palais des Festivals son exposition "Tournages : Paris-Berlin-Hollywood" qui avait eu lieu en 2010 à la Cinémathèque. Cette exposition s’est tenue en juillet-août 2018.
Plusieurs appareils, dont un Cinématographe Lumière, ont été prêtés au Haras du Pin en Normandie pour une exposition intitulée "Le cheval fait son cinéma" ; et une lanterne magique à l’IMEC pour une exposition sur "Les récits du monde". Une caméra Agfa de 1935 a été prêtée au Musée des Invalides pour l’exposition "Joseph et Marie Hackin, archéologues et résistants".
Les équipes de la Cinémathèque travaillent actuellement avec la ville de Nice pour le Centenaire des Studios de la Victorine ; à cette occasion, la Cinémathèque a prêté de nombreuses pièces de ses collections pour une exposition en cours au Palais Masséna, dont plusieurs appareils (un Cinématographe Lumière en mode projection). Des appareils du Conservatoire seront exposés lors d’une exposition exceptionnelle qui se tiendra aux Studios de la Victorine mêmes, pendant trois jours fin septembre.
(D’après un compte rendu rédigé par Laure Parchomenko, en collaboration avec Wafa Ghermani et Vanessa Nony pour la partie conférences)
En vignette de cet article, caméra 35 mm Liesegang, 1910 - Collection CNC