Bruno Delbonnel, AFC, ASC, "réfléchit la lumière", selon "Le Journal du Dimanche"

Contre-Champ AFC n°318

Le métier de chef opérateur, ou directeur de la photographie, a le vent en poupe ces derniers jours dans les médias. Après sa présentation sur l’antenne francilienne de France Bleu* la veille, c’est au tour du "JDD", dimanche 28 mars 2021, de faire la lumière sur un de ces professionnels de l’image, Bruno Delbonnel, AFC, ASC, en dressant le portrait de ce « chef opérateur réputé ».

Dans son édition du 28 mars 2021, Le Journal du Dimanche publie un article dans lequel Baptiste Thion, sous le titre "Il réfléchit la lumière", revient sur les vingt dernières années de la carrière du directeur de la photographie Bruno Delbonnel, AFC, ASC, « dont la modestie contraste avec la filmographie prestigieuse ». Du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet, au nouveau film de Joel Coen, The Tragedy of Macbeth, en passant par des collaborations avec les deux frères Coen, David Yates, Tim Burton, Aleksandr Sokurov ou Joe Wright (Les Heures sombres).
« J’aime les archétypes parce qu’ils représentent une idée d’un comportement humain. Ça me touche et ça permet à mon imagination de se mettre en marche. »

Susciter l’émotion
L’article rappelle que cet "homme de l’ombre" matérialise depuis près de trente ans l’imaginaire des réalisateurs, travaillant ensemble la composition des cadres et utilisant la lumière comme un élément dramatique à part entière. Le dialogue entre eux passe par des mots, des photos, des peintures ou des morceaux de musique. "Tout ce qui peut susciter l’émotion", peut-on lire.
« Confronter le metteur en scène à des images abstraites est intéressant. Si je lui montre une toile de Cy Twombly et qu’il me dit qu’il aime les vibrations qu’elle dégage, on va chercher par quoi passe cette émotion. Après, il s’agit de traduire Twombly en langage cinématographique. »

Sortir d’un film transformé
Après une rencontre déterminante avec Henri Alekan, auprès de qui il a trouvé sa vocation, c’est quelques années plus tard, suite aux retombées d’Amélie Poulain – nominations au César et à l’Oscar de la Meilleure Photo – que la carrière de Bruno Delbonnel s’est tournée vers l’international, en particulier auprès d’Aleksandr Sokurov, des frères Coen et de Tim Burton.
« Collaborer avec des réalisateurs qui ont une réelle réflexion sur la grammaire cinématographique, comprendre leur écriture et apporter ma pierre à l’édifice, c’est ce qui m’intéresse. [...] Ce qui est beau, comme dans toute aventure artistique, c’est quand on sort d’un film un peu transformé. »

Aimer et penser la lumière
Quand il n’est pas en tournage, Bruno Delbonnel transmet son savoir à La Fémis. Il y codirige depuis 2019 le département Image et s’y trouve naturellement confronté à d’autres cinéphilies.
« La mienne correspond à la génération d’après 1968, celle de la Cinémathèque française, des Cahiers du cinéma. Les étudiants sont dans une cinéphilie plus moderne, comme Quentin Dupieux. Ce que j’essaie avant tout de leur inculquer, c’est d’aimer et de penser la lumière. Être chef op’, ce n’est pas juste éclairer avec des projecteurs. »

* Écouter ou réécouter les propos d’Yves Cape, AFC, SBC, parlant du métier de directeur de la photographie dans une émission de France Bleu Paris.