Budapest

Budapest est une comédie écrite par Simon Moutairous et l’acteur Manu Payet. La réalisation est confiée à Xavier Gens, reconnu pour ses films de genre (Frontières, Hitman) et son passage remarqué aux Etats-Unis. Xavier n’avait jamais réalisé de comédies.

Synopsis
Vincent et Arnaud ont beau avoir fait la plus grande école de commerce française, ils s’ennuient ferme dans leur travail. Après avoir abandonné leur emploi, et emprunté beaucoup d’argent, Vincent et Arnaud se lancent. Avec l’aide de Georgio, un expatrié qui leur a fait découvrir les "trésors cachés" de Budapest, ils créent l’agence de voyage Crazy Trips.

Xavier Gens et Gilles Porte sur le tournage de "Budapest" - Photo Frédérique Baraja
Xavier Gens et Gilles Porte sur le tournage de "Budapest"
Photo Frédérique Baraja

Orchestrer la direction de la photographie sur une comédie réalisée par un réalisateur abonné à l’American Cinematographer et passionné de technique n’est pas si fréquent. Xavier n’a eu de cesse de me pousser dans des retranchements autour des images de son film. Ses références étaient toujours très précises. En plus d’être un fin technicien, Xavier est un formidable cinéphile, toujours prompt à dégainer son iPad à l’intérieur duquel Ridley Scott côtoie David Lynch, Gaspar Noé, Todd Phillips, Quentin Tarentino, Dario Argento, pour ne citer que ces noms.
Son film sera saturé, tourné en Scope anamorphique, avec deux caméras et très découpé… Certaines séquences doivent « être complètement folles » (sic) lorsqu’elles se déroulent dans un lieu, que j’avais "stabiloté" en rose lorsque je l’ai découvert dans le scénario. Je ne sais pas ce que veut dire « une séquence folle » sur un écran de cinéma mais de multiples échanges entre la mise en scène, le casting, la décoration, les accessoires, les costumes, le maquillage, la coiffure, la lumière et la machinerie me guident vers des choix que j’ai adoré assumer avec les autres techniciens... 
Merci aux producteurs Julien Madon, Julien Leclercq et Arthur Benzaquen de nous avoir toujours encouragé à prendre des risques pour l’image d’un film qui ne correspond pas vraiment aux clichés auxquels on pense quand on parle de "comédies françaises".

Lorsque je rencontre Xavier, il pose justement du rose à l’intérieur d’un carnet dont les pages correspondent aux numéros de certaines séquences de son film. Je l’observe avec sa petite trousse d’écolier posée sur son bureau. Ce réalisateur de films d’action, dont j’ai regardé des films avant de venir, hésite rarement à faire couler l’hémoglobine au milieu de ses histoires. Voilà qu’il est pris en flagrant délit de coloriage ! Parfois Xavier taille un crayon pour apposer un bleu Klein ou un vert amande. Ici, un trait doré côtoie une couleur chaude. Xavier dessine. Il réfléchit trois fois avant de mettre ou pas du rouge. Il gomme… Change de couleur… Xavier aime les carnets. Voilà un autre metteur en scène qui plongera dans mon propre carnet [1] avec curiosité. J’adore préparer les films. J’ai pris beaucoup de plaisir en réfléchissant avec Xavier et son équipe "sur papier"…

Comment oublier les mots de Bruno Vatin, le directeur de production, à deux semaines du tournage : « Bon les gars, quand vous aurez fini vos découpages et vos coloriages, vous passerez dans mon bureau pour m’expliquer comment vous allez me trouver une solution avec vos ciseaux, votre colle bâton et votre scotch pour combler un gap de 600 000 euros ? »
Ne sous-estimons pas les atouts d’une trousse d’écolier quand elle est confiée à un réalisateur, un directeur de la photographie, un chef décorateur et une chef costumière quand ils travaillent dans le même sens ! 1 _ 
Pour des raisons objectives (!), une partie de ce film a été tourné à Budapest et j’ai ainsi pu bénéficier de prélights qu’il eut été très délicats d’obtenir à Paris.
Comment ne pas évoquer le travail fait par une équipe de machinistes pour couvrir entièrement une cour intérieur de 400 m2 avec des borniols afin que nous puissions tourner une semaine en jour (et non pas en nuit) et que je puisse éclairer certaines scènes avec des projecteurs situés à l’extérieur de l’immense appartement hongrois ? Il ne fallait pas qu’il pleuve ni qu’il vente et que nous soyons plusieurs à assumer un pari fou dans l’intérêt d’une image souhaitée par un réalisateur.1 _ 
Je me souviens également de la séquence de fin du film, qui faisait neuf pages dans le scénario et qui met en scène un homme sur le toit d’un immeuble qui s’apprête à sauter et une foule, en bas, qui l’exhorte à ne pas le faire. 
A la lecture, c’est une évidence : nous devons tourner cette scène en studio. Pour des raisons économiques, nous la tournerons finalement en décor réel, en pleine journée. C’est une folie de plus mais – peut-être est-ce à force d’avoir croisé les doigts dans tous les sens – je bénéficie d’un ciel chargé qui laisse passer très peu le soleil. Merci Rozenn, première assistante déco, car cette séquence te doit beaucoup : « Quand le ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle » se déchire pour laisser passer des gouttes que personnes n’attend, ce n’est pas mal d’être bien entouré... Vraiment ! J’avais fais fabriquer une toile de spi de 10 mètres sur 10 pour assurer une zone d’ombre mais je n’avais que des bâches noires ou bleues pour protéger de la pluie. Grâce à Rozenn, j’ai pu la remplacer illico par deux bâches transparentes afin que des comédiens puissent continuer à jouer à l’abri des intempéries et que le tournage ne soit finalement pas interrompu.1 _ 
Impossible de ne pas mentionner également un projecteur que mon chef électricien, Gregory Bar, a inventé sur les consignes de Johann George, chef décorateur et moi-même… Nous avons fabriqué une trentaine de plateaux lumineux qui se baladaient parfois dans le champ de la caméra afin qu’ils soient portés à mains nues par des hôtesses particulières. Chaque plateau était constitué de LEDs à l’intérieur dirigés sur iPad et Xavier en changeait ou pas les couleurs à volonté, parfois même à l’intérieur d’un même plan. 1 _ 
Pour terminer je voudrais adresser des remerciements sincères à Gérard Cadiou, de Transpacam, qui m’a encouragé à utiliser les optiques Master Prime anamorphiques avec des flares sets que Xavier et moi avons décidé de placer à l’arrière mais aussi à l’avant de chaque optique afin de provoquer des aberrations qui nous intéressaient. 
Enfin, je dois dire que le fait de prendre l’Arri Alexa à 2 000 ISO (merci Benoît Debie !) a parfaitement correspondu à mes attentes en donnant à l’image une texture que Xavier recherchait.

Dans le portfolio ci-dessous, quelques autres pages du carnet de notes de Gilles Porte pour Budapest.

Portfolio

Équipe

Directeur de la photo, cadreur : Gilles Porte, AFC
Opérateur Steadicam, cadreur 2e caméra : Nicolas Dollander
1ers assistants caméra : Marie-Sophie Daniel et Fabrice Bismuth
2e assistant caméra : Mathieu Lamand
Vidéo assistante : Salomé Rapinat
DIT : Brice Barbier
Chef électricien : Gregory Bar
Chef machiniste : Vivien Jouhannaud

Technique

Matériel caméra : Transpacam (Arri Alexa, Master Prime anamorphiques)
Matériel électrique : Transpalux
Matériel machinerie : Transpagrip
Postproduction : Le Labo Paris
Etalonneur : Gilles Granier