Camerimage ou se souvenir de la puissance des images

Une contribution d’Emma Limon, étudiante à La Fémis

Dans le cadre de la présence à Camerimage d’étudiants de l’ENS Louis-Lumière et de La Fémis, l’AFC leur a proposé de contribuer d’une manière ou d’une autre aux articles publiés sur le site et relayés par les infolettres. Emma Limon, de La Fémis, fait part de ce qu’elle a éprouvé à la vision de deux films documentaires aux images, dit-elle, d’une puissance mémorable.

A Camerimage, j’ai eu la chance de voir deux documentaires photographiés par Virginie Surdej, SBC, Transnistra, réalisé par Anna Eborn, et By the Name of Tania, réalisé par Bénédicte Liénard et Mary Jiménez. Ce sont deux films définis comme documentaires mais qui pourraient être ressentis comme des fictions. Ils sont tous les deux très beaux en termes de lieux, par la manière dont Virginie Surdej utilise la caméra (les cadrages, les mouvements) et par la lumière naturelle.

Transnistra - filmé dans un lieu intriguant qui m’était inconnu - est beau dans la simplicité de son idée de suivre intimement un groupe de jeunes. Virginie m’a raconté qu’ils ont commencé à filmer ces jeunes gens tout de suite après les avoir rencontrés et que quand la caméra tournait, des scènes se créaient comme par magie. Filmé en 16 mm, les lieux et les personnages sont beaux et en même temps il y a un esprit d’humilité dans leur traitement.

By the Name of Tania me semblait beau aussi mais d’une manière sombre. J’étais très intéressée par l’idée de faire une sorte de portrait d’une fille qui incorpore les voix de pleins d’autres filles dans son personnage. On reste avec elle tout au long du film mais on reste conscient de la pluralité des histoires racontées. Cet effet vient du travail du son mais aussi, je pense, est enrichi par le travail sur le flou. Les moments où le corps de Tania est flou évoquent pour moi le concept de la pluralité des corps et des voix et aussi le sentiment de perdre le contrôle sur son propre corps. Par ailleurs, j’ai été frappée par l’ambiance très spéciale des plans de nuit en extérieur, visibles seulement grâce à la sensibilité de la caméra.

Je trouve que ces deux films sont remplis d’images si puissantes qu’elles vont me rester longtemps en tête.