Caroline Champetier parle de son travail sur "L’Avocat de la terreur" de Barbet Schroeder

Sélection officielle, Un Certain Regard

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Le tournage de L’Avocat de la terreur s’est déroulé sur plusieurs mois de façon discontinue.
L’enquête n’a jamais cessé, les informations arrivaient, donnant un suspens formidable à chaque rencontre et provoquant d’autres rencontres.
Il y a eu deux entretiens en longueur avec Jacques Vergès distants de quelques mois, mais le moment fort du tournage a été le voyage à Alger. Très vite, il a été clair que tout partait de la guerre d’Algérie, des premiers attentats du FLN répondant à ceux de l’OAS, des condamnés à mort algériens, du collectif d’avocats mis en place par Jacques Vergès et d’autres avocats français et algériens, de la conceptualisation par Vergès de " la défense de rupture ".

Nous avons donc rencontré, à Alger et ailleurs, des personnages impliqués à l’époque et plus tard dans des actes terroristes, le film est aussi cela, une histoire du terrorisme, de la guerre d’Algérie aux années qui précèdent le 11 septembre.
Il a fallu à Barbet Schroeder une extraordinaire habileté pour arriver à réunir les témoignages de gens brouillés à mort (pas au sens figuré) d’officiels, et de responsables politiques de différents pays, il a été assisté dans ce slalom où il fallait garder un certain sens de la trajectoire par Eugénie Grandval.

Les entretiens ont imposé le numérique, sachant que nous retournerions au film dans la phase finale, les principaux ont été tourné a 2 Varicam Panasonic de chez TSF Caméra, parfois une HDX 400 remplaçait une des Varicam (nous n’avons jamais réussi à les aligner totalement), pour les entretiens d’enquête, Eugénie Grandval s’essayait à l’invisibilité avec une petite Sony HDV A1, il y a également dans le film beaucoup d’archives et de documents qui impressionnent.
Nous sommes donc arrivés en conformation, puis en étalonnage 2K avec des matières éparses, auxquelles il a fallu donner une cohérence visuelle dans le montage brillant de Nelly Quétier. Là, je dois remercier la formidable ténacité de mes amis (je crois pouvoir dire mes amis) de Mikros Image et Arane-Gulliver, Gilles Gaillard et Mathieu Leclerc, Alexandra Pocquet, Sophie Denize, Sophie Lustière, Luc Pourrinet.

Des premiers essais de retour au film, en passant par l’étalonnage sur le Lustre, le nettoyage des archives, les chenilles par bobines, et enfin les copies pour Cannes, nous avons fait et défait, tel un bataillon de Pénélopes obsessionnelles, sous le contrôle de Christina Crassaris (directrice de postproduction) et bien sûr de Barbet Schroeder que je n’ai jamais vu arriver en retard...
N’étant pas disponible pour quelques tournages, je partage la photographie avec un jeune cadreur de talent Jean-Luc Pérréart et j’étais solidement assistée de Léo Hinstin et André Chémétov.
Tous, nous sommes profondément reconnaissants à Barbet Schroeder de nous avoir fait vivre au jour le jour cette aventure de cinéma.