"Cinéma numérique : quel avenir pour les cinémathèques ?"

Révolution numérique : et si le cinéma perdait la mémoire ?

La Lettre AFC n°213

En partenariat avec le CNC, la Cinémathèque française organise les 13 et 14 octobre 2011 un colloque international et ouvre le débat sur l’avenir des archives filmiques, mais aussi et surtout sur l’avenir du cinéma : interventions, tables rondes, projections…
Cinéastes, techniciens, producteurs, conservateurs, historiens du monde entier viendront à la Cinémathèque française, durant ces deux jours, pour faire partager leurs connaissances sur ces enjeux majeurs.
Informations et programme complet...

La révolution numérique transforme brutalement la cinématographie telle qu’on la connaissait depuis 1895 : disparition ou mutation de la pellicule comme support des images, numérisation et restauration en 4K, imagerie de synthèse (motion capture et performance capture) accompagnée de la 3D, transmission des films par satellite, remise en cause des bases fondamentales de la technique (obturation, cadence de prise de vues, perception du mouvement)…

Algorithme versus argentique : la corporation doit désormais assimiler un autre langage, celui de l’informatique et de l’électronique. On ne parlera bientôt plus de métrages, mais de téraoctets. Jamais, depuis les Talkies, le cinéma (technique, art, industrie, économie) n’a subi une transformation aussi radicale.

Que vont devenir les cinémathèques dans ce paysage bouleversé ? Comment vont-elles poursuivre leurs missions fondatrices : collecter, conserver, restaurer, montrer ? Toutes les archives seront-elles capables de suivre la course à l’équipement ? Quel avenir pour la technique et l’art cinématographiques ?

Ce colloque international a pour ambition de faire le point sur la situation actuelle (techniques en jeu et leur évolution, vie d’un film aujourd’hui, préconisations sur la restauration et la conservation des données) et sur la politique à mener pour que les cinémathèques du futur ne deviennent pas dans l’avenir de simples multiplexes culturels dont les programmes codés seraient entièrement sous contrôle d’un nouveau Big Brother.

Pendant deux jours, quatre axes de réflexion et d’interventions :

  • 1. La révolution numérique aujourd’hui et demain.
  • 2. Filmer en numérique : écrire sur du sable ?
  • 3. Restauration et numérisation de collections.
  • 4. Quel avenir pour les cinémathèques ?

1re journée - 13 octobre


9h30 Ouverture  : Eric Garandeau, président du CNC, Serge Toubiana, et Costa Gavras (Cinémathèque française)
1. La révolution numérique aujourd’hui et demain :
- 10h De l’argentique au numérique, Laurent Mannoni (historien, directeur scientifique du Patrimoine à la Cinémathèque française)
- 10h30 Cinéma, une technique, un art immatériel... Un protocole éditorial menacé, Olivier Bomsel (L’Economie immatérielle, Gallimard, 2010)
- 11h Cartographie de la projection numérique et futurs systèmes de distribution des images, Jean-Baptiste Hennion (responsable technique chez 2AVI)
- 11h30 La normalisation du numérique, Alain Besse (CST, Responsable du secteur Diffusion)
- 12h Le livre, les imprimés et l’avenir des fichiers numériques, Bruno Racine (président de la BNF)
- 12h30 Questions du public.

2. Filmer en numérique : écrire sur du sable ?
- 14h30 Cinéastes, documentaristes et archives face au « Dilemme numérique », Milt Shefter (co-auteur du rapport Digital dilemna, Academy of Motion Pictures Art and Science en 2007)
- 15h30 Le futur des laboratoires cinématographiques, Christian Lurin (directeur de la fabrication des laboratoires Eclair)
- 16h Le film a de l’avenir, Clive Ogden (responsable technique chez Kodak, chef de projet archivage pour l’Europe)
- 16h30 Table ronde. Filmer en numérique : écrire sur du sable ? Olivier Assayas (cinéaste), Jean-Pierre Beauviala (Aaton), Caroline Champetier (directrice de la photographie et présidente de l’AFC), Thierry Frémaux (directeur du Festival de Cannes et de l’Institut Lumière), Jean-Pierre Neyrac (directeur du pôle Patrimoine des laboratoires Eclair), Luc Pourrinet (Ficam), Philippe Carcassonne (producteur)...

20h Projection
En avant-première de la version restaurée de Taxi Driver de Martin Scorsese, 1976 (Sony Columbia, restauration 4K).

2e journée - 14 octobre


3. La restauration et la numérisation des collections :
- 9h30 Qu’est-ce que restaurer un film ? Kevin Brownlow (directeur de l’Österreichisches Filmmuseum)
- 10h La restauration de Metropolis et de Loulou, Martin Koerber (conservateur et restaurateur à la Deutsche Kinemathek)
- 10h30 La conservation des films : le syndrome numérique, François Ede (directeur de la photographie, restaurateur de Jour de fête, de PlayTime et de Lola Montès). Avec la participation de Ronald Boullet (superviseur des restaurations numériques chez Eclair).
- 11h Télévision et radio, les perspectives de la numérisation, Mathieu Gallet (président de l’INA)
- 11h30 Calendrier d’une numérisation du patrimoine cinématographique européen, Mari Sol Pérez Guevara (responsable de l’unité Politiques audiovisuelles et des médias à la Commission européenne).
- 12h Table ronde. Les cinémathèques et les catalogues des producteurs, une nouvelle alliance ? Jérôme Dechesne (directeur de l’audiovisuel de la SACD), Gian Luca Farinelli (directeur de la Cineteca di Bologna), Marc Lacan (directeur général adjoint de Pathé), Béatrice de Pastre (historienne, directrice des collections des Archives françaises du film), Ellen Schafer (SNC), Nicolas Seydoux (Gaumont), Serge Toubiana (Cinémathèque française).

4. Quel avenir pour les cinémathèques ?
- 14 h30 Le dépôt légal et la plate-forme numérique, Laurent Cormier (directeur du patrimoine cinématographique au CNC).
- 15h Persistance et mimétisme. L’ère numérique et les collections films, Alexander Horwath (directeur de l’Österreichisches Filmmuseum).
- 15h30 Vers un cinéma hybride ? Dialogue avec Jean-Pierre Beauviala (Aaton)
- 16h30 Table ronde. Cinémathèques et cinéphilies de demain, Jean-Marc Lalanne (les Inrocks), Luc Lagier (Blow Up, web magazine sur le site d’Arte), Alexander Horwath (directeur de l’Österreichisches Filmmuseum), Gian Luca Farinelli (directeur de la Cineteca di Bologna), Jean-François Rauger (directeur de la programmation à la Cinémathèque française)…
- Synthèse et clôture.

20h Projection
L’Homme qui en savait trop (Alfred Hitchcock, 1956), copie 35 mm originale avec son dimensionnel.
Présentation historique par Jean-Pierre Verscheure (professeur à l’INSAS, Bruxelles et collectionneur)

  • Avec la participation, entre autres, des Laboratoires Eclair et de Kodak.