Compte tes blessures

Chanteur charismatique d’un groupe de hard rock, Vincent, 24 ans, a déjà tatoué la moitié de son corps. Avec sa gueule d’ange et son regard incandescent, le monde lui appartient. Mais l’arrivée d’une nouvelle femme dans la vie de son père réveille les tensions. Vincent n’entend plus retenir sa colère, ni son désir.

On a commencé à travailler sur ce film, Morgan et moi, en allant voir Made in Britain, d’Alan Clarke. Magnifique découverte. Un cinéaste politique avec une liberté formelle avant-gardiste. J’en ai profité pour voir Scum, The Firm, Elephant.
Alan Clarke était notre point de départ, une bonne piste de recherche pour l’image du film. Une caméra très libre, qui voltige et suit à la trace ses protagonistes.

On a fait des essais en 1,33, nous étions tous conquis par ce format de portrait, ce format qui permet de relier facilement terre et ciel, qui permet d’isoler notre héros… Malheureusement le diffuseur en a souhaité autrement et ce n’est pas faute d’avoir insisté…

On a tourné en Arri Alexa Mini avec des optiques Panavision Ultra speed. Morgan souhaitait une image douce et colorée. Il aime l’image accidentée, l’épaule, les flare…

Le film était composé d’extérieurs divers et d’un appartement récurrent, celui du père. On souhaitait y déceler la présence hors-champ de la mère tout juste décédée.

On avait travaillé avec Marion Burger, la chef déco, les associations de couleur. Quelque chose de gai, de féminin. Un lieu qui n’appartienne ni au père ni au fils. Notre référence : le photographe Stephen Shore, notamment pour les associations de couleur. Des couleurs pastel harmonieuses et douces. On aurait aimé tourner en studio mais c’était trop couteux. On a alors trouvé un appartement vide dont la circulation nous plaisait et on l’a entièrement refait. Je voulais que chaque scène ait sa propre ambiance lumière. Soleil de fin de journée, chien et loup, temps gris, petit matin... J’ai quasiment intégralement éclairé ce décor par l’extérieur.

Des lumières réfléchies, un 9 kW en direct, parfois un mélange, des doubles ou triples diffusions… Je changeais aussi toujours la colorimétrie, ne jamais reproduire la même lumière que dans la scène précédente. Et pouvoir par moment relever le cadre afin de filmer la découverte…

Le personnage principal, Vincent, vit un paradoxe, chez lui, face à son père, il subit et se tait mais en tant que chanteur, il est capable de crier sur scène avec charisme. Pour les scènes de concert, l’idée de tourner la scène en plan séquence. Ces séquences sont des exutoires, il fallait filmer un cri. Pour Kévin, ces séquences étaient très difficiles. Il donnait tout et pouvait faire à peu près trois prises avant que sa voix ne s’éteigne. Morgan, lui, ne voulait pas trop répéter donc c’était très improvisé !

On a aussi tourné une séquence où Kevin Azaïs vient assister à un concert de post hardcore. On a tourné cette scène lors d’un concert authentique. Morgan voulait filmer un pogo de l’intérieur. Pas facile de se glisser dans la foule. Mais je dois avouer que dans ces situations, il y a une communion indicible entre l’acteur et la caméra. Je dois rendre hommage à mes machinos "bouclier" pour cette séquence…

Dans le portfolio ci-dessous, deux photogrammes extraits du film.

Portfolio

Équipe

Premier assistant caméra : Ronan Boudier
Deuxième assistant caméra : Lola Pion
Chef électricien : Nicolas Maupin
Chef machiniste : Alexandre Chapelard

Technique

Matériel caméra, lumière, machinerie : Panavision (caméra Arri Alexa Mini, optiques Panavision Ultra Speed et zoom Angénieux Optimo 28-76 mm)
Postproduction : M141
Etalonneur : Richard Deusy