Dessine-toi...

Après avoir demandé à ma fille Syrine (3 ans) de se dessiner sur une feuille de papier noir en veillant à ce qu’aucun adulte n’intervienne et après avoir récolté plus de 4 000 autoportraits d’enfants autour du monde je vous invite, en musique, à voyager sur cinq continents, pour écouter et regarder simplement comment des enfants qui ne savent ni lire et ni écrire se dessinent librement.
Carte du monde
Carte du monde


En dehors de Samuel Lahu, rencontré alors qu’il sortait de La fémis (département Image), et avec qui je suis parti autour du monde avec ma vitre, il m’est impossible de ne pas associer aux enfants que j’ai rencontrés une autre rencontre sans qui Dessine-toi n’existerait tout simplement pas : Catherine Schwartz.
Catherine est monteuse de profession, et cette dénomination mériterait d’être revue dans le cadre de Dessine-toi (et peut-être dans le cadre de bien des documentaires) tant des choix de réalisation se décident parfois dans une salle de montage (ou lors de prises de vues !)
La collaboration avec Catherine a d’abord consisté à nous enfermer ensemble pour voir et revoir des centaines d’heures de rushes.
Très vite il nous a paru évident de ne pas faire intervenir d’adultes tant nous plongions au cœur de l’enfance, comme Charles Forster Kane avec sa luge.

Au milieu de nos explorations, le musicien Louis Sclavis, choisi pour l’univers musical qui est le sien, nous a rejoints pour composer différents thèmes, sans jamais voir d’images.
Parallèlement, quatre graphistes donnaient vie à des dessins, sans forcément connaître l’origine de l’enfant et nous permettaient ainsi de passer d’un univers à un autre.
Des enfants dessinent. Louis Sclavis compose. Des graphistes animent. Catherine monte, démonte, remonte et permet à des dessins d’enfants, grâce à la musique et aux animations, de se rencontrer.

Pendant ce temps Syrine, rentrée au CE2, découvre les subtilités des auxiliaires " être " et " avoir " et m’annonce, étrangement, qu’elle ne sait plus dessiner.
Si je raconte cela dans la Lettre de l’AFC, c’est parce j’ai toujours trouvé très élégant (et pas si classique !) que la plupart des personnes qui s’expriment dans la Lettre n’oublient jamais de mentionner d’autres techniciens (1er assistant réalisateur, chef décorateur, 1er assistant caméra, chef électricien, chez machiniste etc...) ainsi que des industries techniques sans qui notre façon d’appréhender notre profession ne serait pas tout à fait ma même...

Losorum, 5 ans - Eroret, Kenya - Photo Samuel Lahu
Losorum, 5 ans
Eroret, Kenya - Photo Samuel Lahu