Deux études du CNC sur la production cinématographique et le coût des films en 2020

Contre-Champ AFC n°319

Le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) a publié, fin mars 2021, deux études sur le cinéma en 2020 : l’une dresse un état des lieux de la production cinématographique et l’autre, des coûts de production des films d’initiative française. On remarquera que cette année de pandémie a entraîné une réduction du nombre de films produits ainsi que des investissements dans la production et, par ailleurs, une stabilisation des coûts moyens des films de fiction ainsi que de la part des dépenses techniques.

La production cinématographique en 2020


Extrait de la synthèse
2020 : une année marquée par la pandémie de COVID-19
La crise sanitaire a eu de nombreuses conséquences sur la production cinématographique française en 2020. Elle a suspendu les tournages du 17 mars au 11 mai 2020. Afin de permettre aux tournages de reprendre, le gouvernement et le CNC ont mis en place à partir du 1er juin 2020 un fonds d’indemnisation et de garantie à hauteur de 100 M€, cofinancé par l’état et des assureurs privés,pour couvrir en partie le risque pandémique en cas d’interruption d’un tournage lié au Covid-19. La crise sanitaire a également limité les coproductions internationales notamment en raison des contraintes de déplacement des équipes de tournage. Elle a aussi conduit à la fermeture des salles de cinéma pendant 162 jours en 2020, mettant les exploitants et les distributeurs dans une situation économique inédite. Ce contexte a réduit le nombre de films produits ainsi que les investissements dans la production. Afin de protéger et de redynamiser l’activité, le CNC a mis rapidement en place un plan de relance en faveur de la production cinématographique doté de 12,2 M€, suivi d’un plan de soutien d’urgence de 11,8 M€ à la suite du deuxième confinement. Au total, le CNC a mobilisé en 2020 des soutiens supplémentaires à hauteur de 24 M€ en faveur de la production cinématographique en raison de la crise sanitaire.

Chiffres-clés de la production cinématographique en 2020
Chiffres-clés de la production cinématographique en 2020

Baisse de la production cinématographique française en 2020 en raison de la crise sanitaire
La suspension des tournages au début de la crise pandémique et les incertitudes liées à la reprise économique ont eu un impact sur la production de longs métrages français en 2020. Le nombre de films agréés est ainsi en recul de 20,6 % à 239 films. Le nombre de films d’initiative française s’établit à 190 films (-20,8 %, soit -50films). Les premiers et deuxièmes films représentent 51,1 % des films d’initiative française en 2020. En particulier, le nombre de premiers films d’initiative française s’élève à 59 titres en 2020 (11 de moins qu’en 2019) et celui des deuxièmes films recule de 16 titres par rapport à 2019 à 8 films.

Baisse des investissements dans la production cinématographique
En 2020, 783,9 M€ sont investis dans la production de films agréés (-29,8 % par rapport à 2019). Les investissements dans la production des films d’initiative française diminuent de 28,8 % pour s’établir à 643,67 M€ en 2020.

Baisse du devis moyen à 3,4 M€
Le devis moyen des films d’initiative française diminue de 10,0 % par rapport à 2019 pour atteindre 3,39 M€ en 2020 soit le plus bas niveau depuis plus de 25 ans. Sur les dix dernières années, le devis moyen des films d’initiative française diminue en moyenne de 5,2 % par an. En 2020, le devis médian diminue de 3,7 % à 2,26 M€.

Baisse du nombre de jours de tournage
En 2020, les films de fiction d’initiative française agréés totalisent 4 267 jours de tournage, soit 1 848 jours de moins qu’en 2019 (-30,2 %), plus bas niveau depuis plus de 20 ans. En raison de la crise sanitaire, les tournages à l’étranger, rendus particulièrement compliqués, voire impossible, ont diminué de 47,4 % à 677 jours. Les jours de tournage en rance reculent de 25,6 % à 3 590 jours, dont 3 388 en extérieur (-25,3 %) et 202 en studio (-30,6 %).

Les coûts de production des films en 2020


Extrait de la synthèse
Pour la dix-huitième année, le CNC réalise une étude sur la structure des coûts de production des films d’initiative française ayant reçu un agrément de production. Cette étude s’appuie sur les coûts définitifs des films, c’est-à-dire une fois le tournage du film achevé. L’analyse donne un éclairage sur la répartition des dépenses de fabrication d’un film en fonction de son coût total et sur la localisation des dépenses en France et à l’étranger.

Chiffres-clés des coûts de production des films en 2020
Chiffres-clés des coûts de production des films en 2020

Stabilisation des coûts moyens des films de fiction
En 2020, le nombre de films de fiction produits diminue de 20,7 % à 138 films et le coût moyen du genre se maintient à 4,70 M€ (4,98 M€ en 2019). Le coût moyen des films d’animation baisse sensiblement en 2020 à 6,37 M€ (-46,9 % par rapport à 2019). Avec un nombre de films d’animation (7 films) plus important qu’en 2019 (6 films), la baisse des coûts des films d’animation est liée à l’absence de films à très gros budget en 2020. A l’inverse, le coût moyen des films documentaires en 2020 (536,31 K€) est en hausse par rapport à 2019 (+21,7 %) malgré un nombre de films en baisse (-3 films). Cette évolution s’explique par une hausse globale des coûts des films documentaires en 2020, qui se traduit par l’augmentation du coût médian des films documentaire(447,27K € soit +45,2 % par rapport à 2019).

Un nombre de films réalisés par des femmes en baisse
En 2020, 38 films d’initiative française agréés en production ont été réalisés par des femmes (hors coréalisations mixtes), soit 30,9 % de moins qu’en 2019 contre une baisse de 17,4 % pour l’ensemble des films. Cette évolution concerne aussi bien les films de fiction (27 films en 2020, soit -35,7 %) que les films documentaires (10 films, -23,1 %). Pour la première fois depuis 2011, un film d’animation d’initiative française réalisé par des femmes est agréé en production en 2020 : Les Hirondelles de Kaboul, réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. En 2020, moins du quart (21,0 %) des films d’initiative française agréés en production est réalisé par des femmes. Le montant de dépenses des films réalisés par des femmes représente 14,8% de l’ensemble des dépenses des films en 2020, une part inférieure à celle du nombre de films réalisés par des femmes (21,0 %).

Une part plus importante consacrée aux dépenses de rémunération
En 2020, les dépenses de rémunération des films de fiction (droits artistiques, frais de personnel, rémunérations des producteurs, dépenses d’interprétation et charges sociales) composent 59,6 % du coût total d’un film soit le plus haut niveau de la décennie, derrière l’année 2015 (60,0 %). Entre 2011 et 2020, les rémunérations composent 57,9 % des dépenses totales des films de fiction. Les dépenses de tournage représentent 29,6 % des coûts de production des films de fiction en 2020 (31,1 % en 2019), une part qui se situe dans la moyenne de la décennie (29,9 % entre 2011 et 2020). La part des dépenses techniques reste stable en 2020 à 10,8 % (10,7 % en 2019), un niveau qui demeure inférieur à la moyenne constatée sur la décennie (12,2 %). Sur les dix années étudiées, la structure des coûts des films d’initiative française est relativement stable.

(Sources CNC)