Dimension 3, édition 2009

par François Reumont

Pour son édition 2009 (du 2 au 4 juin), le Forum international de l’image 3D relief s’est installé aux portes de Paris, dans le Centre national de la danse de Pantin.
Une occasion pour un panel mondial de spécialistes de se retrouver autour de conférences, d’exposition et de projections de films en relief.

Comme chacun sait, le nerf de la guerre en matière de cinéma relief reste la décision des exploitants de s’équiper en systèmes de projection compatibles… La conférence baptisée " Bilan et perspective pour la projection cinéma 3D " a permis d’éclaircir les tendances en la matière…
Patrick Zuccheta, de Doremi Cinéma (les premiers serveurs de cinéma numérique compatibles 3D au monde) a confirmé l’équipement de 8 000 unités de projection numérique déployées à travers le monde (600 en France), avec un boom prévu pour 2010-2011. « De plus », explique-t-il, « la 3D et l’accroissement de revenu qui en découle attirent l’exploitant. Aujourd’hui, la 3D participe à au moins 80 % dans la décision de s’équiper en numérique ».
Les perspectives très importantes avec des sorties de films très attendues (Up, L’Age de glace 3, Avatar...) poussent d’ailleurs Doremi à développer de nouvelles technologies dans ce sens. Comme ce réglage sur le serveur pour la mise en conformité automatique du relief de la copie numérique (par ajustement de l’écartement inter oculaire) en fonction de la taille de l’écran de chaque salle. Autre nouveauté en chantier : l’adaptation des serveurs aux systèmes de sous-titrage 3D. Une initiative qui va de paire avec celles de Digimage et LVT qui ont récemment mis au point plusieurs innovations dans le domaine du sous titres 3D.
D’abord une solution logicielle pour accélérer la détection et la mise en relief en fonction de la composition de l’image et des voix. Ensuite la possibilité de ne plus " incruster " le sous titre dans la copie numérique, mais de " l’afficher " en direct et en relief à partir d’un fichier texte fourni et de méta données lues par le serveur. La copie numérique du film en V.O pouvant servir potentiellement à autant de versions sous-titrées différentes.

Un souci de qualité et de performance partagé manifestement par tous les intervenants de la chaîne, à l’image de Christie (représenté par Pascal Gervais) ou de Xpand (les lunettes actives, représentées par Ami Dror) qui rappellent qu’un tournant historique a été passé cette année avec la projection en ouverture cannoise de Up, la nouvelle production des studios Pixar. Un film salué unanimement par la presse et le public pour son ambition technique et artistique qui fait passer une nouvelle étape plus " adulte " à la narration cinématographique en relief.
A cette occasion, Christie en a profité pour mettre en avant sa technologie " triple flash " pleine matrice qui permet de diffuser sur des écrans géants (18 m de base à Cannes) avec un gain de luminosité de près de 30 %. Tandis que Xpand met l’accent sur sa nouvelle gamme de lunettes actives équipées de cristaux liquides " Pi Cell " à obturation ultra rapide (capable dores et déjà d’atteindre des cadences de projection de 240 im/s). « Nos lunettes n’attendent plus que les caméras, les projecteurs et les serveurs soient capables d’augmenter leur cadence, » explique Ami Dror, « à mon sens la seule véritable amélioration valable dans les années à venir… En tous cas bien plus que la perpétuelle surenchère sur la définition des matrices de projection ou des capteurs de caméra ».

Mais si cette recherche de qualité mise en avant par certain dans les grands événements ne peut que satisfaire, il ne semble malheureusement pas motiver tous les esprits des diffuseurs pour le grand public. Pour preuve le cas des installations à écrans argentés, ou aussi " silver ", et à lunettes passives (polarisées) soulevé par Tommaso Vergallo (Digimage), bien peu propices à la cohabitation entre projection relief et projection classique. « Si le problème du point chaud de l’écran argenté et de la restriction de l’angle de vision dans la salle peut être résolu en projection 3D, explique Tommaso Vergallo, ce n’est pas du tout le cas quand on projette un film classique en 2D, que ce soit en numérique ou pire en 35 mm »... Avec près de la moitié annoncé des salles équipées en écran argenté (200 à venir sur les 400 du circuit CGR), pour seulement 5 % des sorties en relief de films, on ne sait pas trop quoi penser de ce choix mercantile au dépend du cinéma classique...

Lors d'une table ronde - De gauche à droite, Pascal Gervais (Christie), Julian Stanford (Imax), Ami Dror (Xpand), Patrick Zuccheta (Doremi), Tommaso Vergallo (Digimage)<br class='manualbr' />Photo François Reumont
Lors d’une table ronde
De gauche à droite, Pascal Gervais (Christie), Julian Stanford (Imax), Ami Dror (Xpand), Patrick Zuccheta (Doremi), Tommaso Vergallo (Digimage)
Photo François Reumont

Quelques nouveautés pour découvrir et mieux maîtriser la prise de vues relief :
La version relief du logiciel FrameForge Previz Studio 3 a été présentée en première mondiale par son créateur Ken Schafer (Innoventive Software). Ce programme, déjà largement utilisé par les chefs opérateurs et les réalisateurs dans le domaine de la préparation de tournages, s’enrichit désormais d’une version 3D.
Il permet donc de prévisualiser en direct et en relief (par système anaglyphe) la composition exacte de chaque cadre, en jouant sur la base stéréoscopique, la convergence. Extrêmement complet, ce programme permet aussi de générer des vignettes de story-board (en anaglyphes), ou des animatiques simples permettant de valider chaque choix techniques (grue, travelling, éclairage…) avant même de se retrouver sur le plateau.

Capture décran de logiciel FrameForge Previz Studio 3
Capture décran de logiciel FrameForge Previz Studio 3

Coût de FrameForge Previz 3D : 700 $, avec en option des librairies de personnages types, de décors ou d’accessoires pré modélisés en 3D selon les besoins (univers militaire, policier, médical…).
Un programme qui était présenté en association avec un cours sur la prise de vues relief sous la forme d’un DVD (filmé en relief) " Tourner en relief " coproduit par Innoventive Software et Parallell Cinema, qui sera disponible en version française ou anglaise dès septembre à la vente pour 150 euros.

Egalement présenté au salon, un livre de formation en anglais paru chez Focal Press 3D Moviemaking de Bernard Mendiburu, vendu avec un DVD en version anaglyphe pour la somme de 37 euros.