Disparition de Pierre Lhomme, AFC, quelques brefs témoignages

AFC newsletter n°300

A la suite du décès de Pierre Lhomme, de nombreux témoignages sont parvenus à l’AFC. Nous publions ici certains de ces témoignages, plutôt brefs, messages de directeurs de la photographie membres de l’association, dont il était le président d’honneur, suivis de ceux de connaissances l’ayant côtoyé et de quelques institutions.

Les messages des directeurs de la photo de l’AFC
◗ Lorsque je suis entré à "Vaugirard", je ne connaissais pas grand chose des métiers du cinéma. La promotion (Jacques Renard, Jean-François Robin, Philippe Rousselot, Eduardo Serra…) précédente, qui avait pour parrain Pierre Lhomme, eut l’amabilité de nous inviter à une projection de La Vie de château en présence du directeur de la photo très avenant...
A la fin de cette projection, j’ai pensé que, peut-être, j’avais bien choisi.
Quelque 25 ans plus tard, à la sortie de Cyrano de Bergerac, je me suis dit qu’il y avait dans ce film plus de savoir-faire et de travail image que dans une année de pub, qui était alors le principal de mon activité...
Etienne Fauduet , AFC

◗ En 1998, à la fin de mes études à l’Ecole Louis-Lumière, j’ai rencontré Pierre Lhomme pour parler de son travail à l’occasion de mon mémoire "Intervenir en lumière naturelle" J’étais très admirative de L’Armée des ombres et de Cyrano de Bergerac. Il m’a reçue chez lui et je me souviendrai toujours de notre échange autour d’Hammershoi dont nous avions tous les deux vu et apprécié l’exposition à Orsay. Sa simplicité et sa grandeur m’ont marquée. Je suis partie de chez lui en pensant : « C’est comme ça que je veux vivre ce métier... ». J’ai souvent revu La Maman et la putain ou L’Armée des ombres avant de commencer un film. Merci à ses images qui continuent de m’accompagner.
Claire Mathon , AFC

Savoir dire non
C’était dans une brasserie parisienne, vous étiez venu présenter Le Sauvage. J’étais étudiant. Nous discutions des films, des choix d’images, des partis pris. Et puis vous m’avez dit que l’important - le plus important peut-être - c’est de savoir dire non. On peut faire des mauvais films, avez-vous dit, des films pour de mauvaises raisons. « Ce que l’on refuse est aussi important que ce que l’on accepte. »
"Il faut savoir dire non et maintenir votre exigence. Vous faites le métier autant qu’il vous fait.
Cher Pierre, merci pour ce précieux conseil.

S’il ne devait y avoir qu’un seul souvenir ce serait celui-là,
un seul film, L’armée des ombres,
une seule idée, celle-là.
Jonathan Ricquebourg , AFC

Et aussi...
◗ Nous tenons à exprimer toute notre tristesse et notre émotion à la famille et aux proches de Pierre Lhomme.
Immense directeur de la photographie, Pierre Lhomme a consacré sa vie au cinéma. Passionné infatigable, il nous laisse plus de soixante-dix films majeurs : Le Joli mai, L’Armée des ombres, La Chair de l’orchidée, Mortelle randonnée, Camille Claudel, Cyrano de Bergerac... Autant de monuments du cinéma.
Son talent a aidé au déploiement des premiers zooms Angénieux. Il a contribué au rayonnement du cinéma français. Nous l’en remercions.
L’équipe Angénieux

◗ J’ai eu la chance travailler avec Pierre Lhomme à plusieurs reprises sur des projets tels que L’Armée de ombres, La Chamade, La Solitude du chanteur de fond... Pierre, en plus de l’image, c’est l’humain qui l’intéressait, du montage à la projection, où l’équipe complète se réunissait pour échanger.
Il abordait la restauration de film dans ce même esprit, comme une rencontre avec les équipes mais également « entre un objet ancien et le public d’aujourd’hui », me confiait-il un jour.
Chapeau M. Lhomme !
Ronald Boullet , Responsable des Expertises, Division Restauration, Eclair Cinema

◗ It’s with regret that I learned yesterday that Pierre Lhomme, AFC, passed away. Also, in name of all members of the ASC, I would like to pass on our condolences to his family and members of the AFC. He will always be considered by us as one of the great cinematographers of this century. His legacy of magnificent and beautiful images will be with us forever and serve as a true example of cinematography.
Kees van Oostrum , President of the ASC

C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris hier que Pierre Lhomme, AFC, nous avait quittés. Aussi, au nom de tous les membres de l’ASC, je voudrais exprimer nos condoléances à sa famille et aux membres de l’AFC. Nous le considèrerons toujours comme un des plus grands directeurs de la photographie cinématographique de notre temps. Les magnifiques et splendides images qu’il nous laisse en héritage resteront avec nous pour toujours et seront l’imparable démonstration de ce que peut exprimer l’art cinématographique dans toute sa plénitude.

◗ Il est parti, le magnifique, calme et décidé Pierre Lhomme.
Le grand cinématographe français et international Pierre Lhomme est parti à l’âge de 89 ans. Il était lauréat du 38e Prix Camera d’Or 300 pour l’ensemble de son œuvre, durant le Festival International Manaki Brothers en 2017.
Pierre Lhomme est une légende dans la cinématographie française et européenne. Il a travaillé avec le réalisateur américain James Ivory, sur quatre des films les plus importants de sa filmographie.
Au cours de ses 40 ans de carrière, il est l’auteur de l’image de certains chef-d’œuvres du cinéma français tels que Cyrano de Bergerac ou de l’un des films cultes de Jean Pierre Melville, L’Armée des ombres (1969).
Le Festival Manaki Brothers est triste du départ de son ami, artiste, cinéaste, le lauréat Pierre Lhomme.
Festival International Manaki Brothers

◗ Hommage à Pierre Lhomme
[...] Nous rendons hommage à son travail empreint de rigueur, unique en tant que directeur de la photographie dont il est l’un des plus éminents représentants, ayant contribué à donner au cinéma français une force expressive à nulle autre pareille, qui fonde pour une grande part sa renommée et son identité.
L’on se souvient de l’atmosphère noble et pesante qui enveloppe L’Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville, et ceci avec une remarquable économie d’effets, le contraste qui sous-tend l’ambiance âpre de La Maman et la putain, de Jean Eustache, et celle du Joli mai, de Chris Marker, mais aussi de sa collaboration avec de nombreux cinéastes aux univers si différents avec lesquels il s’est pleinement accordé, Alain Cavalier, Marguerite Duras, Jean-Paul Rappeneau, Robert Bresson, Philippe de Broca, Jacques Doillon, Patrice Chéreau, Claude Miller, Dušan Makavejev, James Ivory…, veillant à ce que l’art de la photographie se fonde et s’allie dans ses partis pris avec une grande précision à l’univers dramatique de chaque scénario.
Nous rendons hommage à son engagement syndical pour la défense des techniciens et du cinéma français. Dès sa sortie de l’École nationale Louis-Lumière, il est devenu membre du SNTPCT et y a pris une part active durant de longues années... En mai 1968, il est choisi pour être rapporteur du projet de réforme présenté par le SNTPCT, lors des États-Généraux du cinéma qui se tiennent à Suresnes, ayant participé pleinement et activement à son élaboration. [...]
Le Conseil syndical du SNTPCT