Disparition de Pierre-William Glenn, AFC, de nombreux témoignages parvenus à l’AFC

Contre-Champ AFC n°360


À la suite du départ de Pierre-William Glenn, AFC, vers d’autres lumières que celles d’ici-bas, de nombreux témoignages sont parvenus à l’AFC, en provenance de membres directeurs et directrices de la photographie de l’AFC, d’une part, et de personnalités du cinéma qui l’ont côtoyé sur un plateau, en tant qu’ami ou connaissance, ou encore sur les bancs du département Image de La Fémis, d’autre part. En voici quelques-uns parmi les plus marquants...

Membres de l’AFC

Richard Andry, AFC
Quand j’ai reçu ce matin le SMS de Viviane sa compagne, j’ai reçu un coup sur la tête. Pierre-William était membre du jury lors de mon concours d’entrée à l’IDHEC, en 1969. Sans lui je ne serais pas dans le métier. J’ai partagé avec lui nombre d’aventures et d’évènements importants et l’ai assisté sur des films qui m’ont marqué à jamais, entre autres, Monsieur Klein, Que la fête commence, Le Juge et l’assassin, et l’extraordinaire aventure qu’était le tournage du Cheval de fer. Il m’a parrainé pour entrer à l’AFC. C’était un mentor, un ami, presque un parent. On a quand même eu quelques frictions, car, comme vous le savez, il avait beaucoup de caractère. Willie a consacré sa vie, à la création, au cinéma, à la défense de l’image, des équipes, des étudiants, de l’industrie. Sa générosité était sans limite.
Je lui dois beaucoup, je voulais aller le voir pour son prochain anniversaire le 31 octobre... Mais, je serai à l’étranger la semaine prochaine et ne pourrai pas assister à ses obsèques.
Je suis triste. J’espère qu’on pourra lui rendre plus tard, un hommage à la hauteur de ce qu’il nous a apporté.

Richard Andry, Jean-Francis Gondre et Pierre-William Glenn sur le tournage du "Cheval de fer", en 1974
Richard Andry, Jean-Francis Gondre et Pierre-William Glenn sur le tournage du "Cheval de fer", en 1974

Michel Benjamin, AFC
Tristesse et respect.
Quel parcours et quelle humanité !
Une étoile qui brillera encore longtemps.
Pensée pour ses proches.

Amine Berrada, AFC
Je tiens à exprimer ici ma profonde tristesse quant à la disparition de cet homme exceptionnel. Je sais que beaucoup d’anciens étudiants de La Fémis (de ma promo et des autres, et pas que des étudiants Image) partagent mon ressenti. Dans ma trajectoire dans le monde du cinéma et d’"homme d’image" comme il me/nous définissait, Pierre-William incarne la pierre angulaire de mon apprentissage. Un mentor magnifique, iconoclaste et rebelle. Un esprit libre d’une générosité sans pareil. Ces qualificatifs sont forts et grandiloquents, mais tellement vrais et adéquats.
"Piwi" ne comptait pas quand il s’agissait de nous aider dans nos études, nous conseiller, nous aiguiller, nous critiquer… Et il n’y allait pas de main morte pour critiquer ! Dans mon cas, ça été très formateur car ses critiques étaient parfois dures mais toujours précises et constructives, toujours dans le but de s’améliorer et d’apprendre, jamais pour écraser. Il était très exigent avec nous et j’en suis reconnaissant car cela forge une personnalité. Il nous poussait à nous dépasser et à voir grand. "Sky is the limit", jusqu’au bout.
Parmi tant de moments qui illustreraient mon ressenti, notamment sur sa générosité, je me souviens d’un épisode en particulier, d’un appel que je lui avais passé lorsque je préparais mon travail de fin d’études à La Fémis : l’appel téléphonique s’est transformé en rendez-vous chez lui, qui s’est transformé en une journée entière passée avec lui, sa compagne, et son invité du jour qui n’était autre que Charlotte Bruus Christensen (géniale chef op danoise). Il nous partageait son temps (et du coup ses connaissances, son savoir, son énergie) et c’était exceptionnel car il n’y a rien de plus précieux que son propre temps. Je me souviendrai toujours de ce moment si spontané et généreux… et il y en a tant d’autres.
Merci infiniment Pierre-William d’avoir autant cru en nous !

Sarah Blum, AFC
Je suis bouleversée. PWG était une présence que j’avais souvent repérée aux événements AFC, cet homme au chapeau intrigant. Même avant de connaître son nom, sa présence s’était gravée dans ma mémoire. On ne peut être que curieux et admiratif devant son œuvre et son parcours.

Rémy Chevrin, AFC
Une grande tristesse nous envahit.
Un pilier du cinéma français.
Un camarade de réflexion.
Une puissance d’énergie.

Matthieu-David Cournot, AFC
La première fois que j’ai vu Pierre-William, c’était au troisième tour du concours de La Fémis. Alors que j’entre dans la salle, mon casque de moto à la main et le trouillomètre à zéro, j’entends un des membres du jury : « Tiens, il est pour toi celui-là Willy ! ». Willy a visiblement lu mon dossier en profondeur et malgré quelques vannes sur ma moto, sourit avec bienveillance à mes réponses et arguments parfois naïfs.
J’ai tant d’anecdotes avec Pierre-William, notamment à La Fémis : quand il était mon directeur de département, nous avons été convoqués par deux fois par la direction pour être réprimandés car j’avais voulu faire au mieux et il m’avait soutenu. Je me souviens de nous deux assis côte à côte, contenant mal un fou rire, alors que nous nous faisions "gronder".
Lors de mon film de fin d’études où Pierre-William et Colette Batifoulier avaient monté tout un stratagème vis-à-vis de la direction pour faire valider mon projet et qui à la fin de la réunion, une fois Marc Nicolas sorti, m’avait dit : « Tu vas dans le mur mais fais-le, j’ai confiance en toi ». Et pour amortir au maximum le choc qui semblait inévitable, il avait choisi comme tuteur, son ami, Philippe Vene, qui m’a tant appris, lui aussi.
Je me souviens de la délibération pour mon diplôme qui avait débordé de plusieurs heures car Pierre-William ne voulait rien lâcher.
Lors de ma dernière visite à Pierre-William, je me souviens de son regard alors qu’il m’écoutait râler sur ce qu’était devenu le métier, sur ces chefs ops qui préféraient plaire aux prods et aux réals au détriment du film alors que lui et Eric Guichard m’avaient appris qu’il fallait se battre pour chaque plan, proposer, argumenter pour que le film soit le plus fidèle possible au désir du réalisateur (même si celui-ci ne s’en rendrait compte qu’en salle de montage). Que c’était aussi la responsabilité du chef op de défendre ses équipes et de leur donner les moyens de travailler.
Je me souviens de ton sourire Pierre-William.

Laurent Dailland, AFC
Tu vas nous manquer.
Pierre-William, merci pour tout, merci pour tous, merci pour chacun.

Jean-Marie Dreujou, AFC, ASC

Nathalie Durand, AFC
Le livre șe ferme. C’est triste. Pierre-William a été et reste une figure marquante pour nous.
Pensées pour ses proches.

Jean-Noël Ferragut, AFC
Pierre-William Glenn ou le verre à moitié plein...
Cher Pierre-William, j’ai entendu parler de toi, de près et pour la première fois, quand j’assistais Bruno Nuytten sur Les Valseuses, par de jeunes électriciens, choisis par leur chef parmi ceux de ton équipe, qui me racontaient qu’une de leur tâche au quotidien était de briquer ta moto. Je me disais, en mon for intérieur, que tu dépassais les bornes électriques et lumineuses...
Puis, quelque vingt ans plus tard, ayant intégré l’AFC, j’appris à mieux te connaître, surtout lorsque tu en as pris la tête comme président. Particulièrement au moment d’aménager les locaux de la rue Francœur où l’association venait d’y installer son bureau. Tu te donnais à fond, du sol au plafond, et je me souviens d’un petit clash après que tu eus choisi de façon unilatérale un horrible jaune pour repeindre les murs du côté rue de la boutique. Même si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, j’avais claqué la porte...
Puis, au cours de nos échanges sur la vie de l’association, quand je te faisais part, voyant les choses en face, de mes interrogations sur ce qui ne marchait pas aussi bien que souhaité, tu me disais alors que je voyais toujours le verre à moitié vide... À vrai dire, ton énergie débordante et ton optimisme à tous crins te le faisaient voir de toute autre manière.
Une de tes formules favorites était que si l’on reste immobile, on recule... Et c’est ainsi que tu as fait ô combien ! avancer les choses, à l’AFC, à la CST, au département Image de La Fémis, à Cannes ou ailleurs, parfois en mettant les gaz tellement à fond qu’il fallait ramer pour mener à bien les activités entreprises. C’est, à titre d’exemple, grâce à ta force de persuasion auprès de la présidence du Festival de Cannes qu’un ou une DP de l’AFC fait désormais partie du jury de la Caméra d’or.
Cher Pierre-William, pour tes verres à moitié pleins, chapeau bas, amical respect et tchin-tchin !

Pierre-William Glenn dans son bureau de président de la CST, au Palais des Festival à Cannes, en 2018 - Photo Jean-Noël Ferragut
Pierre-William Glenn dans son bureau de président de la CST, au Palais des Festival à Cannes, en 2018
Photo Jean-Noël Ferragut

Fabrizio Fontemaggi, AFC
Tristesse…
Une page se tourne…
Amitiés…

Agnès Godard, AFC
Le 24 juin 2021
A 90 degrés à gauche de l’image, juste hors-champ, Jean-Marie Dreujou et Michel Abramowicz étaient postés derrière leur appareil de prises de vues. Ils avaient prévu deux après-midi de tournage avec Pierre-William.
Je les avais rejoints mais ne pouvais pas rester, je partais au Royaume-Uni pour deux mois. L’atmosphère était paisible, il s’était déployé dans son fauteuil tout comme les volutes de fumée autour de son visage, la main et la cigarette légères.
Dans l’ombre du couloir de la cuisine je regardais le plaisir silencieux de cet instant - je le comprenais !

Pierre-William Glenn, rue Bucq, en 2021 - Photo Agnès Godard
Pierre-William Glenn, rue Bucq, en 2021
Photo Agnès Godard

Lorsque son fils Vincent a dit au vieux cimetière de Montreuil qu’il n’avait jamais fumé de sa vie, je n’en croyais pas mes oreilles.
J’étais persuadée que j’avais fait une photo d’un amoureux de toujours du tabac en plus de celle de Pierre-William, chez lui rue Bucq, Paris 18e.

Darius Khondji, AFC, ASC
J’aurais aimé connaître davantage et comme vous l’appeler : Willy.
Je me souviens de lui toujours comme quelqu’un m’impressionnant mais très sympathique.
J’ai dû rencontrer Pierre-William une première fois a la Cinémathèque puis à l’AFC et puis souvent à des projections et puis à celles de Cannes pour les réglages de nos projections avant les films où il nous aidait avec beaucoup d’expertise et de générosité.
Je pense à lui maintenant en vous lisant tous et regrette tant de ne pas l’avoir vu, plus souvent mieux connu, et de ne pas lui avoir plus posé des questions sur son travail, sa vie.
Maintenant je vais regarder à nouveau certains de ses films et penser à lui derrière la caméra pendant toute cette époque.

Pascal Lebègue, AFC
La nouvelle, un peu redoutée, m’est parvenue avec le décalage habituel ici, sous la forme d’une avalanche d’hommages des membres de notre association.
Nouvelle redoutée car le sort n’avait été très tendre avec Pierre-William ces dernières années !
Nous nous étions rencontrés alors que je sortais de l’IDHEC et grâce à Jean-Claude Vicquery, qui était lui aussi de la 27e.
Willy travaillait au montage du Cheval de fer chez LTC, je lui montrai alors mon film de fin d’études qui était un documentaire sur un mécanicien moto de mes amis, là-bas dans ma Picardie natale.
Ça lui a tout de suite plu et il m’a proposé d’en faire un gonflage en 35 mm et de le sortir en avant-programme du Cheval de fer.
Voilà l’homme, voilà comme tout a commencé.
Il n’y avait pas place dans son équipe pour un nouvel assistant à la caméra mais il m’a promis de me donner ma chance à la première occasion.
Ce qui fut fait à la fin du tournage du Juge et l’assassin, Richard devant remonter à Paris pour faire les essais d’un tournage prochain.
Une aventure de cinq années venait de commencer, je faisais dès lors partie de la famille. J’ai commencé à apprendre mon métier ce jour-là.
Apprenant de tous et de tout : caméra avec Jean-Claude et Jean-Francis Gondre, Willy bien sûr, machinerie avec Albert Bonomi, lumière avec René Rocheras.
Nous nous sommes éloignés lorsque j’ai commence a cadrer et éclairer, puis je suis parti aux Etats-Unis.
Nous devions nous revoir à Cannes bien plus tard et avec beaucoup de plaisir. Je lui avais demandé son avis sur un scénario dont je ne me sortais pas, ce qu’il fit volontiers. Puis vint l’AVC puis plus rien.
Cette nouvelle me touche terriblement, d’autant plus que je pense nous aurions pu tous les deux faire mieux en amitié.
Adieu Willy !

Gérard Pirès, Pierre-William Glenn et Pascal Lebègue, "au cul du camion" sur le tournage de "L'Entourloupe", en 1979
Gérard Pirès, Pierre-William Glenn et Pascal Lebègue, "au cul du camion" sur le tournage de "L’Entourloupe", en 1979

Denis Lenoir, AFC, ASC, ASK
Pur hasard, dans un e-mail envoyé il y a peu au bureau de l’AFC pour demander la "réhabilitation" d’Alain Derobe, je racontais comment surmontant ma timidité j’avais osé aborder Pierre-William à la sortie d’un hommage à Alekan au Max Linder, pour lui dire que ce serait une bonne idée de créer une association de chefs opérateurs à l’image des ASC, BSC, AIC, etc.
Il m’avait répondu y penser. Nous avions échangé nos téléphones et très vite après avions commencé à nous réunir à trois, Pierre-William, Alain Derobe et moi, dans un café près de l’Étoile, essayant de déterminer comment nous y prendre pour créer cette association sans qu’elle soit immédiatement sabotée par les uns ou les autres (!). C’est ainsi que nous avions décidé, au bout de deux ou trois réunions, de créer cette association non pas à trois, mais à beaucoup plus et que nous avions invité une quinzaine de directeurs de la photographie "incontournables" à participer à cette fondation. S’en était suivi plusieurs réunions, à une quinzaine donc, pour discuter de l’association que nous voulions, de ses buts, de ses moyens, de ses statuts. Le reste est de l’histoire.
Avec la mort de Pierre-William, c’est donc beaucoup plus qu’un des derniers témoins de l’origine de notre chère association qui nous quitte, mais bien son principal fondateur.

Denis Lenoir et Pierre-William Glenn en 2016 au Band Pro One World Open House, à Hollywood - Photo Brett Gillespie
Denis Lenoir et Pierre-William Glenn en 2016 au Band Pro One World Open House, à Hollywood
Photo Brett Gillespie


Thierry Machado, AFC
Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer réellement mais je pense ici à ses proches et à tout ceux qui ont été à ses côtés.
Quelques images me reviennent en vrac de son merveilleux travail… L’Argent de poche, Le Juge et l’assassin, Coup de torchon
Tous ces films sont encore là, bien vivants.
Bon voyage à toi camarade !

Pascale Marin, AFC
Oral du concours d’entrée, École Louis-Lumière, 1996.
Pierre-William Glenn demandait aux candidats d’élaborer un plan au moyen de deux bouts de carton qui formaient un cadre sur une reproduction de tableau représentant une façade de maison hollandaise.
Merci à lui de m’avoir laissé sentir qu’il était satisfait de mon mouvement de grue ascendant le long de la tour, j’ai été admise à Louis-Lumière.
J’ai ensuite croisé tellement de gens avec qui il avait travaillé, à qui il avait transmis à La Fémis ou sur les plateaux.
J’ai progressivement mesuré son influence à travers son investissement dans la CST et bien sûr comme membre fondateur de l’AFC.
Une figure majeure s’est éteinte qui aura durablement marqué notre profession.
Pensées à tous ceux qui l’aimaient.

Antoine Marteau, AFC
Je ne connaissais pas Pierre-William. Sa contribution à notre métier à travers les films qu’il a photographiés ou hors des tournages est simplement remarquable.
J’ai une pensée particulière pour sa famille, ses enfants en ce moment tant redouté, perdre son papa...

Brice Pancot, AFC, diplômé du département Image de La Fémis, promotion 2010
Une profonde tristesse.
Pensée émue pour mes quatre années d’apprentissage à La Fémis passées à ses côtés, sous son aile bienveillante. 
Merci Pierre-William de nous avoir tant donné, toujours avec une grande exigence. 
Tu nous manques...
Toutes mes pensées pour ses proches.

Aymerick Pilarski, AFC
Je suis rentré à l’AFC au moment où une soirée spéciale était organisée pour Pierre-William en sa présence avec la projection de La Nuit américaine. J’en garde de merveilleux souvenir !
Étant l’un des membres fondateurs de l’AFC, nous ne serions pas toutes et tous réunis sans lui.
Un grand merci Pierre-William !

Gilles Porte, AFC

Julien Poupard, AFC, diplômé du département Image de La Fémis, promotion 2006
Quand je repense à Pierre-William Glenn, ce sont ses yeux bleus, à l’éclat perçant, qui me reviennent immédiatement en mémoire. Ce regard, inoubliable, s’est fixé dans le mien pour la première fois lors du concours d’entrée à La Fémis. On a alors parlé de La Nuit américaine, de l’Ilford 400 ASA et du dernier forum altermondialiste à Séville…Puis tu es devenu directeur de département Image à La Fémis. Tu as alors mis un bon coup de pied dans la fourmilière, et c’était nécessaire. Tu t’es investi pleinement, corps et âme, dans cette aventure.
Derrière cette façade parfois un peu brusque, il y avait un homme profondément passionné, quelqu’un qui croyait en nous et qui souhaitait notre réussite.
Après l’École, on se voyait toujours et tu suivais attentivement mon parcours.
Et puis c’est avec une très grande émotion que tes yeux bleus éclatants se sont plantés dans les miens lorsque tu m’as remis, de tes mains, le prix CST pour Les Misérables. Un moment inoubliable.
Mon cher Pierre-William, tu n’es plus là, mais tes yeux bleus sont toujours là et ne me quitteront jamais.

David Quesemand, AFC
Mon hommage à travers ces quelques images du Micro Salon 2023 où sa présence m’avait beaucoup ému et ce lien pour (ré)écouter la belle série d’entretiens pour "À voix nue" qui m’avait permis d’un peu mieux le connaître.

Jean-Yves Martin saluant Pierre-William Glenn au Micro Salon AFC 2023, entre Agnès Godard, Dominique Gentil, Myriam Guedjali et Fabien Pisano - Photo David Quesemand
Jean-Yves Martin saluant Pierre-William Glenn au Micro Salon AFC 2023, entre Agnès Godard, Dominique Gentil, Myriam Guedjali et Fabien Pisano
Photo David Quesemand
Pierre-William Glenn et Myriam Guedjali au Micro Salon - Photo David Quesemand
Pierre-William Glenn et Myriam Guedjali au Micro Salon
Photo David Quesemand
Pierre-William Glenn au Micro Salon - Photo David Quesemand
Pierre-William Glenn au Micro Salon
Photo David Quesemand

Pierre-William Glenn, un podcast à écouter en ligne sur le site de France Culture.

Frédéric Serve, AFC
Willy, tu auras marqué ma vie et je n’ai jamais osé te le dire.
Tu l’as marquée comme spectateur de cinéma quand, adolescent, j’ai découvert le travail de l’image et que ton nom est apparu dans les films que je dévorais.
Tu l’as marquée lors de l’oral de Louis-Lumière que je passais pour la énième fois. Tu m’as alors demandé un exercice simple de cadre sur un immense poster représentant un tableau de Vermeer. Plein d’angoisses de rater à nouveau le concours, intimidé par toi, j’ai cru à un piège, j’ai fait glisser le cadre de la pire façon. Je m’en suis vite aperçu, j’ai marmonné « non », et j’ai recommencé et fait ce que tu attendais. Et toi, plein de bienveillance, tu m’as dit que de s’apercevoir de mon erreur était mieux encore que d’y arriver du premier coup.
Tu auras aussi marqué ma vie lorsque tu m’as appelé, vingt ans plus tard, après avoir vu mon travail sur le film L’Astragale, de Brigitte Sy, pour me proposer de me parrainer afin de devenir un membre de l’AFC.
Après cela, lorsque nous nous sommes croisés à La Fémis ou ailleurs, je t’appelais « parrain » et tes yeux souriaient.
Adieu parrain.
Et merci.

Manuel Teran, AFC
Aujourd’hui j’ai beaucoup de peine…. ses encouragements et ses conseils résonnent encore dans ma tête.

Philippe Van Leeuw, AFC
Willy était mon parrain de cinéma, il m’a pris en amitié, il m’a beaucoup aidé, tant aidé, soutenu par des moyens détournés, pour que je puisse garder le cap. Il a compris que j’avais décidé de devenir réalisateur avant que je le décide moi-même. Alors il m’a fait des passerelles ici et là, parfois discrètement, parfois moins. Il a usé de sa stature pour me donner des épaules, et j’étais fier de sa confiance. Je me suis pourtant mis en retrait de notre amitié quand il est parti de la rue Burq, j’ai voulu garder l’image de cette force de la nature, et de la force de caractère qui l’animait et qu’il communiquait à tous autour de lui. J’étais fier de le connaître et de penser que nous étions amis. Nous étions voisins à l’époque, mais je ne passe plus jamais par la rue Burq. Je pense que je vais y retourner souvent maintenant pour admirer ce beau marronnier qui ressemble à Willy.
Je pense aussi à Jean-Jacques, que Willy a accompagné jusqu’au bout comme un frère, et je me dis que le chapeau de Willy était celui de Jean-Jacques.

Et aussi...

Martine Baldacchino, directrice de la photographie
Je me souviens de ce premier jour de tournage où notre ami commun Jean-Louis Nieubourg (directeur de production) nous a présentés. Je connaissais ton parcours et ton exigence professionnelle, et je dois avouer que j’étais intimidée à l’idée de travailler avec toi et ton équipe et d’être ton assistante opératrice. Pour autant, nous nous sommes tout de suite entendus. J’appréciais ta rigueur, ton dynamisme et la fidélité à ton équipe.
Toujours très attentionné à mon égard, tu respectais mes choix, ceux d’une femme au milieu d’hommes. Et private joke, ceux « d’une cycliste parmi des motards ».
J’ai beaucoup appris auprès de toi sur l’image et la lumière même si nous avions des points de divergence sur le réalisme au cinéma et la notion « d’abstraction de l’image » que je défendais à ma soutenance de thèse.
Profondément généreux, ne comptant pas tes heures, tu écoutais, tu partageais, tu transmettais ta passion du cinéma et tes connaissances techniques et artistiques avec les étudiants de la Femis, de l’ENS Louis-Lumière et des universités.
Je crois que ce qui te caractérisait le plus était ta sincérité face au monde, ce passé militant qui imprégnait tes actes et tes pensées, ton désir de vivre vite et intensément...et cet attachement indéfectible pour le cinéma et la lumière !
Tu vas me manquer. Tu vas nous manquer."

Pierre-William Glenn, Martine Baldacchino et Roger Vadim sur le tourange de "Mon père avait raison", en 1996
Pierre-William Glenn, Martine Baldacchino et Roger Vadim sur le tourange de "Mon père avait raison", en 1996

Henri Béhar, journaliste du cinéma (La Revue du cinéma, Le Monde, Première )
Un homme, un vrai. Immense.
Un œil auquel rien n’échappait. Tout aussi grand.
Un cœur ouvert à tous et à tout. Au-delà du très grand.

Mathieu Busson, réalisateur

Alain Choquart, directeur de la photographie et réalisateur

Joanne Delachair, directrice de la photographie et réalisatrice, diplôméee du département Image de La Fémis, promotion 2013
À toi,
Mon Willie, qui reste dans mon cœur, tout à la fois :
Le cowboy et l’Indien,
La force et la douceur,
La grâce et le panache,
Le saillant et la finesse,
Le courage et la détermination,
L’absolu et le fragile.
Ton exigence absolue,
Ta conviction,
Tes combats,
Ton immense cinéphilie,
Ton élégance morale, envers et contre tout,
Ta culture et ton humour,
La vivacité de ton regard comme de tes mots,
Ne me quitteront pas.
Toi,
L’ouvrier-artiste-politique,
L’intellectuel-les-mains-dans-l’cambouis-de-ta-moto,
L’athlète-esthète,
Bel aventurier du passé, du présent, du futur
Tu m’accompagnes au devant de l’éternité.
On a dit : « On reste groupés »,
À tout de suite.

Michel Galtier, premier assistant opérateur
WIlly….
Te voilà arrivé au seul obstacle qui pouvait te barrer la route. Celui qui fait que nos chemins se séparent, et que je redoutais de voir arriver.
Il y a un peu moins d’un an mon père nous quittait, maintenant c’est toi, mon père de cinéma qui s’en va…. Je suis donc maintenant seul sur notre, mon sentier. J’essaierai de faire au mieux pour qu’il dure….
Tu aimais chevaucher ta Triumph pour foncer droit devant… Une façon bien à toi de montrer la voie…
J’ai arpenté celle que mon père m’avait montrée, avec toutes les valeurs qu’il m’avait enseignées, et qui font de moi ce que je suis. Cette voie qui m’a menée à te rencontrer il y a presque 30 ans… Vous vous ressembliez tellement dans la façon de voir ce monde, la même rigueur, la même fidélité, le même dévouement. Certes pour des causes et passions différentes, mais cela m’a permis de trouver ma place dans un milieu, une famille qui, de loin ne semblait pas être faite pour un gars comme moi.
Mais toutes ces valeurs étaient les tiennes aussi. Et c’est naturellement que j’ai mis toute mon énergie à être un "assistant" digne de ce nom. Nous en avons fait de drôles de choses... Et toujours avec la même énergie, le même enthousiasme...
Cela m’a valu de ta part un sobriquet, soldat Galtier, que j’aime beaucoup, et qui va me manquer d’entendre.
A toi Willy, fais un bon voyage !

De g. à d. : Olivier C. Benoist, Michel Galtier, une personnalité non identifiée, Pierre-William Glenn, Anne Khripounoff, Martine Baldacchino, Jean-Francis Gondre et Philippe Vene, en 1998
De g. à d. : Olivier C. Benoist, Michel Galtier, une personnalité non identifiée, Pierre-William Glenn, Anne Khripounoff, Martine Baldacchino, Jean-Francis Gondre et Philippe Vene, en 1998

Gilles Jacob
La tristesse me monte aux yeux. Je garde de Willie un souvenir si intact, si présent. Un mélange de lui grandeur nature, d’images de films, de secrets partagés, de la même répugnance pour les laideurs du monde et aussi ces egos démesurés dont nous riions. Oui, on riait beaucoup en n’en pensant pas moins. Willie c’était le don, le regard si vif, la compréhension des choses, l’exigence personnelle au travail jour et nuit, et par dessus tout c’était l’élégance morale que je n’oublierai pas. Je regrette de ne pas être en état physique de venir lui dire au revoir, mais je préfère conserver l’image d’un Willie toujours sur le pont tandis que le vent fait claquer les voiles, impatient de retrouver sa moto vers de nouveaux projets, de nouveaux départs.
Enterrez Willie gracieusement et après il faudra penser à vous qui lui avez si bellement, si lumineusement consacré toutes ces folles et brillantes années.

Le talent cinématographique de Willie, déjà comme caméraman, était un défi à toute forme de mollesse, à toute sorte de résignation. C’est déjà pénible physiquement de filmer harnaché d’un de ces Steadicam qu’il a sinon inventés, du moins considérablement contribué à améliorer. Lui courait. Il courait en avant, en arrière, dégringolant des escaliers, virant sur l’aile, prévoyant les embûches de terrain, les ratés des acteurs, il fonçait, et finalement conférait au film, par des plans-séquences acrobatiques inouis et d’une durée sans égale, une impression aérienne de la mise en scène au point de donner au travail d’un Bertrand Tavernier un modernisme et une légèreté vol planée qui doit beaucoup à Willie. Car Willie c’était à nous deux le risque, à nous deux le danger, et sabre au clair !
On aura compris que je tiens Willie pour un artiste courageux et infatigable, au cœur immense.
Salut, Willie. A toujours.

Peter et Françoise Kirkpatrick, professeurs émérites, fondateurs du French Film Festival - Richmond, Virginia (discours prononcé aux obsèques de Pierre-William Glenn)

Alain Lefebvre, directeur général de l’AEC (Association Espagnole de la Cinématographie)
C’est avec une profonde émotion que nous avons reçu à l’AEC la triste nouvelle du décès de Pierre-William Glenn. Veuillez, s’il vous plaît, transmettre nos condoléances à nos confrères de l’AFC. Nous tenons à saluer son parcours, son amour pour la profession, et son empreinte dans l’histoire du cinéma avec des films qui ont été appréciés dans le monde entier.
Par ailleurs, j’ai eu le bonheur de rencontrer Pierre-William Glenn en 2018, lors d’une projection que j’avais organisée de La Nuit américaine dans le cadre d’une exposition sur l’histoire du cinéma dans la petite commune d’Angerville, dans l’Essonne. Il s’était déplacé pour visiter l’exposition (qu’il avait adorée) et pour rencontrer le public après la projection du film. Il avait été d’une grande gentillesse. J’en garderai un souvenir impérissable.

Alain Lefebvre et Pierre-William Glenn
Alain Lefebvre et Pierre-William Glenn

Jean-Louis Nieuwbourg, directeur de production

Philippe Vene, directeur de la photographie
En 1980, sur le film de Yves Boisset, Allons enfants, nous avons fait connaissance, Pierre-William et moi.
Il était bien-sûr directeur de la photographie et j’étais régisseur adjoint, ce qui ne me plaisait pas. Je demandais à Pierre-William s’il y avait une possibilité de passer à l’image alors que je n’avais pas fait d’école de cinéma. Il m’a mis en garde, me disant que ce serait très difficile d’obtenir la carte professionnelle. J’ai quand même tenté ma chance et bien m’en a pris, puisque dès qu’il l’a su, il m’a accueilli dans son équipe et ne m’a plus lâché jusqu’à arriver au poste de chef opérateur. Willy était très pédagogue, patient et fidèle. Nous en avons scellé une amitié qui dure depuis 44 ans.
Merci Willy pour toutes ces discussions, le travail accompli ensemble et tous ces moments d’échange !

Pierre-William Glenn et Philippe Vene, à la caméra en bas au centre, sur le tournage de "23h58", au Mans en 1993
Pierre-William Glenn et Philippe Vene, à la caméra en bas au centre, sur le tournage de "23h58", au Mans en 1993